20°C en Méditerranée en novembre : quelles conséquences de cette douceur maritime ?

Des températures encore 2 à 3°C au-dessus des normales saisonnières
À cette époque de l’année, il est normal que les températures de l’eau en Méditerranée soient plus élevées que celles de l’hexagone, puisque l’eau possède une plus grande inertie que la terre. En général, ces températures baissent lentement durant l’automne, avec une moyenne autour de 17-18°C à la mi-novembre autour de la côte d’azur.
Cette année, après un été record où la température de l’eau a parfois atteint jusqu’à 30°C au large de Nice ou encore de Monaco, ces températures se sont maintenues à des niveaux importants, baissant à peine. Cela est majoritairement dû au maintien de conditions anticycloniques depuis plusieurs semaines au-dessus de la Méditerranée, avec peu de vent, donc peu de brassage et de pluie.
Résultat, on a encore enregistré jusqu’à 20°C durant ce week-end du 11 novembre au large de la côte d’Azur, et même 22°C au large de la Sardaigne ou des Baléares. Ces températures sont entre 2 et 4°C au-dessus de la moyenne pour un mois de novembre, ce qui a rarement été observé.
De multiples conséquences très visibles depuis plusieurs semaines
Cette eau de la mer plus chaude favorise l’évaporation. De plus, l’air chaud peut contenir plus de vapeur d’eau que l’air froid (en moyenne +7% d’humidité relative pour une hausse de +1°C d’une masse d’air). Cet excès de “chaleur marine” a donc des conséquences sur les phénomènes météorologiques : les orages produisent plus de pluie et les précipitations extrêmes sont plus abondantes.
Cela a déjà été observé depuis la fin de l’été, avec la tempête Boris en Europe centrale, qui avait provoqué de graves inondations en Autriche et en Tchéquie. Cette dépression s’était gorgée d’humidité en passant au-dessus de la mer Méditerranée. Plus récemment, on pense aux orages d’une extrême violence sur les Baléares et la région de Valence en Espagne, devenus plus forts grâce à la Méditerranée toujours très douce. Les épisodes méditerranéens et cévenols en France sont aussi plus violents lorsque la mer est plus chaude, favorisant des cumuls de pluie bien plus élevés qu’habituellement.
Au-delà des conséquences purement météorologiques, cette « tropicalisation » de la mer Méditerranée a aussi des conséquences sur les écosystèmes marins, notamment sur les coraux qui peinent à s’adapter face à une hausse trop brutale du thermomètre.
Cette tendance devrait malheureusement se poursuivre dans les années à venir, en raison du changement climatique.
Cyril Wuest, météorologue à La Chaîne Météo – METEO CONSULT
Et retrouvez toutes les prévisions météo sur METEO CONSULT Marine et pensez à télécharger l'application mobile gratuite Bloc Marine.