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En décembre 1975, au siège des Nations Unies à New York, le commandant Cousteau déclarait : « Si la tendance actuelle se poursuit, seules les bactéries porteuses de maladies pourront survivre en Méditerranée. La dimension du désastre qui nous menace dans quelques décennies est difficile à imaginer. » Il n’est pas le seul alors à porter ce discours. Communauté scientifique, usagers et acteurs du littoral imaginent la Méditerranée comme un véritable cloaque, à l’échéance des années 2000. Plus localement, en 1980, le professeur Nardo Vicente et le réalisateur Christian Pétron tournent Pollutions et nuisances sur le littoral méditerranéen, qui obtiendra une Palme d’Or au Festival du film scientifique à Rio de Janeiro. Les images qu’ils ramènent du rejet du cap Sicié, à proximité de Toulon, font l’effet d’un électrochoc.
De la prise de conscience aux prises de décision
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Le constat est terrible, mais la décennie suivante va voir la mise en place d’un certain nombre de mesures, de moyens humains, techniques, réglementaires et financiers qui ont fort heureusement depuis, inversé la tendance. Face à une urbanisation galopante, anarchique, une loi relative à l’aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral est promulguée le 4 janvier 1986, plus connue sous le nom de « loi Littoral ». Elle porte un coup d’arrêt à une artificialisation qui jusque-là faisait des ravages sur les petits fonds côtiers, notamment sur les herbiers de posidonie. Dans les années 90 démarre le grand chantier de construction des stations d’épuration qui jalonnent nos côtes méditerranéennes : les eaux usées des villes sont enfin collectées et traitées, des réseaux de surveillance sont mis en place pour évaluer la qualité du milieu côtier. Avec un impératif majeur : éviter à tout prix maladies et épidémies. La préservation des espèces marines, dans un premier temps, reste un objectif secondaire même si les mesures prises leur profitent forcément.
Une qualité des eaux qui s’est nettement améliorée
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Aujourd’hui, la qualité des eaux de baignade s’est considérablement améliorée, et l’on estime que plus de 80 % de notre littoral bénéficie d’un bon état écologique. On a en quelque sorte « fermé les robinets » pour la majorité des polluants, même si l’on observe toujours la présence de certains d’entre eux, persistants, comme les PCB, ou si des traces de mercure subsistent encore dans quelques sites. Par ailleurs, les fortes pluies qui tendent à se multiplier sur notre littoral posent encore problème, le réseau ne permettant pas, tel qu’il est, d’absorber de telles quantités d’eau. C’est pour cette raison que la baignade est systématiquement interdite pendant quelques jours dans les communes littorales après des précipitations intenses. Se pose également aujourd’hui la question des médicaments que l’on commence tout juste à caractériser dans nos eaux, comme par exemple les molécules anti-cancéreuses, dont 90 % des principes actifs passent le cap des stations d’épuration. Leur concentration est-elle suffisante pour impacter la vie marine ? Les toutes premières études ont été lancées sur la question, mais il faudra patienter pour obtenir des réponses. Si elles sont positives, la solution consistera peut-être à diminuer le problème à la source, tout en considérant bien sûr la nécessité de continuer à se soigner. Tout sera question d’équilibre.
Protéger et restaurer
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Les aires marines protégées sont de plus en plus nombreuses, et leur impact sur la préservation de la biodiversité est bien réel. Si leurs statuts peuvent être très différents (parcs nationaux, réserves marines…), et si les niveaux de préservation qui y sont mis en place ne sont pas tous équivalents - et jugés insuffisants par certains - il n’en reste pas moins que l’effet réserve est une réalité : non seulement la limitation des captures profite aux eaux de la zone protégée, mais les populations augmentent également dans les zones adjacentes. L’exemple du parc national de Port-Cros, premier espace protégé à la fois terrestre et sous-marin qui fêtait l’an dernier ses soixante ans d’existence, illustre bien cette réalité. On compte une dizaine de pêcheurs en cœur de parc sur Port-Cros, une vingtaine sur Porquerolles, et la concertation menée entre eux et les gestionnaires de l’aire marine protégée ont permis à la fois de maintenir une activité de pêche artisanale, et de voir les populations d’espèces à valeur commerciale augmenter.
Depuis quelques années, par ailleurs, les programmes de restauration écologique se multiplient. Ils consistent en quelque sorte à soutenir la nature, à lui donner un coup de pouce quand ses capacités de résilience, pourtant étonnantes, ne sont pas suffisantes. Pour rendre au milieu marin, dans les zones les plus dégradées, ses fonctions écologiques perdues, les biologistes imaginent des solutions, innovent, expérimentent. Dans les ports par exemple, on a vu ainsi se multiplier l’installation de Biohut, de petits habitats artificiels qui servent d’abri aux juvéniles de poissons et de crustacés et leur permettent de grandir à l’abri des prédateurs. D’autres programmes s’attachent à la possibilité de réimplanter des herbiers de posidonie et de cymodocée, ou de remettre au jour des récifs coralliens enfouis sous les sédiments lors de la construction de ports et de digues. D’autres encore s’intéressent à la mise en place de récifs artificiels dans le but de recréer des habitats et après bien des tâtonnements s’orientent aujourd’hui vers des formes beaucoup plus proches des habitats naturels… Les pistes sont nombreuses pour permettre à des sites particulièrement abimés de remplir à nouveau leur rôle écologique. Et lorsque les causes de dégradation n’existent plus, condition sine qua non à la réussite de ces projets, ils fonctionnent !
Mais il ne s’agit bien sûr que de solutions ponctuelles, limitées : il faut avant tout éviter des dégradations supplémentaires de nos habitats sous-marins et parvenir à réguler au mieux, activités professionnelles mais aussi activités de plaisance. Le long combat mené pour préserver la posidonie (voir encadré) en est un bel exemple.
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Des défis à relever
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La Méditerranée a encore bien des défis à relever. Elle doit bien sûr assumer l’héritage de son urbanisation et compter avec quelque 500 millions d’habitants agglutinés sur ses rivages ; les avancées en matière de traitement des eaux usées et de mesures de protection ne sont pas les mêmes sur tout son pourtour et bien des sources de pollution, chimique, plastique ou sonore, mettent encore en danger sa biodiversité ; la multiplication des activités de plaisance — le bassin méditerranéen, ne l’oublions pas, reste l’une des premières destinations touristiques mondiales — fait également peser sur elle une pression bien réelle ; elle doit par ailleurs aujourd’hui faire face au changement climatique : durant l’été 2023, par exemple, un important épisode de mortalité a touché les gorgones rouges, incapables de supporter une température de l’eau trop élevée pendant de longues semaines. Mais là encore, la résilience de l’écosystème est énorme et bien des sites ont déjà repris vie. Cela est d’autant plus efficace que le milieu naturel est en bon état et que les pressions de toutes natures ont été fortement réduites ou supprimées.Se pose également la question des espèces invasives, venues de la mer Rouge ou d’ailleurs et qui s’installent dans certaines zones, concurrençant les espèces locales. C’est le cas actuellement du crabe bleu, ou encore du poisson-lion. Mais rien ne prouve que ces espèces, à moyen terme, détruisent l’équilibre de nos écosystèmes. Souvenons-nous, dans les années 90, de la « terrible invasion » de l’algue Caulerpa taxifolia. Les plus pessimistes la voyaient alors détruire et supplanter la totalité de nos herbiers de posidonie. Trente ans plus tard, il n’en subsiste que quelques taches isolées. La nature est surprenante, et déploie parfois des trésors d’ingéniosité pour maintenir son équilibre.
La Méditerranée, mer presque fermée qui ne représente que 0,8 % de la surface totale des mers et océans, regroupe pourtant quelque 18 % des espèces marines mondiales. En 40 ans, la connaissance de ses écosystèmes a fait un formidable bond en avant et l’on est parvenu à réduire en partie les pressions qui pèsent sur elle. Elle reste, envers et contre tout, un véritable hotspot de biodiversité, un immense réservoir de vie.
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Des mérous par milliers
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Espèce emblématique de Méditerranée, le mérou brun (Epinephelus marginatus), gros poisson débonnaire à la moue boudeuse, est sans doute l’exemple parfait de l’efficacité des mesures de préservation. Il y a 30 ans, on ne croisait que quelques individus. Mais grâce au moratoire régulièrement reconduit qui en interdit la pêche depuis 1993, grâce à la multiplication des espaces protégés, les populations explosent sur l’ensemble de notre littoral méditerranéen. Il en existe aujourd’hui de toutes tailles, de tous âges, enfin mâles et femelles alors que pendant bien longtemps ne subsistaient sur les côtes françaises que de gros individus, mâles puisque l’espèce a la particularité de changer de sexe vers huit ou neuf ans. Les juvéniles, portés par les courants, migraient depuis les côtes du Maghreb, mais il n’y avait pas de reproduction chez nous. La dernière campagne de recensement des mérous menée en septembre dernier dans le Parc national des calanques, dans le cadre de l’opération « Des espèces qui comptent », en a dénombré plus de 500, 140 de plus que lors de l’édition précédente ! Ils sont désormais partout, et particulièrement nombreux dans les zones protégées, comme le Parc national de Port-Cros, la réserve naturelle des Îles Lavezzi en Corse, ou encore chez nos proches voisins espagnols dans la réserve naturelle des Îles Hormigas. Les corbs (Sciaena umbra), autre espèce concernée par le moratoire, bénéficient du même élan.
Des herbiers sous haute protection
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Ils sont la nurserie de tous nos fonds marins ! Les herbiers de posidonie sont parfois des lieux de ponte, mais aussi un abri sûr pour d’innombrables juvéniles qui viennent y grandir cachés des prédateurs. De minuscules sars, des serrans de quelques centimètres, des poulpes miniatures, tous y trouvent refuge avant d’être capables d’affronter d’autres lieux. La posidonie, seule plante à fleur de Méditerranée et, de ce fait espèce protégée, est l’alliée de tous les défis que les humains doivent aujourd’hui relever ! Véritable oxygénateur de la Méditerranée et puits de carbone, elle en absorbe cinq fois plus au km² que la forêt amazonienne. Elle est aussi, grâce aux banquettes de feuilles mortes qui se déposent sur les plages, un véritable rempart contre l’érosion face aux tempêtes qui se multiplient. Et nos eaux, même si leur superficie a longtemps reculé, comptent d’admirables herbiers ! Leur statut officiel de protection remonte à une loi promulguée en 1976, suivie d’un décret d’application en 1988, mais leur préservation a fait un grand pas en 2020 avec la mise en place des arrêtés d’interdiction de mouillage pour les navires de plus de 24 mètres. Durant la décennie précédente, on estime que le nombre de mouillages a augmenté de 450 % pour les navires mesurant entre 24 et 45 mètres, causant des dégâts considérables. Il leur est totalement interdit aujourd’hui de mouiller sur les zones d’herbiers, et plusieurs décisions de justice ont déjà été rendues dans ce sens, condamnant les contrevenants à de lourdes peines.
Un sanctuaire pour les cétacés
Il y a plus de 20 ans, le sanctuaire Pelagos voyait le jour ! Dédié à la protection de la vingtaine d’espèces de cétacés qui évoluent dans la région, il a été créé en 2002 par la France, l’Italie et la principauté de Monaco. Il s’agissait alors du premier sanctuaire international : un triangle de 87 500 km2 situé entre les îles d’Hyères, le nord de la Sardaigne, et la côte italienne, où l’on trouve la plus grande concentration de baleines et dauphins de Méditerranée. La zone concentrant aussi navires de commerce et bateaux de plaisance, l’enjeu est donc de parvenir à gérer l’ensemble de ces aspects, et notamment de lutter contre les risques de collision. Dans ce but, tous les navires de commerce français de grande taille qui font des rotations régulières dans le sanctuaire doivent aujourd’hui être équipés du système REPCET qui permet, grâce au partage d’informations, de localiser en temps réel les zones à risque et de diminuer ainsi considérablement les risques de collision. En 2023, le sanctuaire, élargi à un périmètre qui démarre dans le canal des Baléares, a également été reconnu par l’Organisation maritime internationale comme zone maritime particulièrement vulnérable (ZMPV), un classement qui inclut notamment des recommandations en matière de diminution de la vitesse des navires.
TÉMOIGNAGES
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Pierre Boissery, expert eaux côtières et littoral méditerranéen, Agence de l’eau Rhône-Méditerranée-Corse : "Partout, la machine est lancée et nous sommes sur la bonne trajectoire"
"Notre Méditerranée va moins bien qu’il y a 100 ans, mais elle est en meilleur état maintenant qu’il y a 40 ans ! Nous sommes sortis d’une situation désespérée, nos eaux de baignade sont aujourd’hui de bonne qualité sur l’immense majorité de notre littoral et nous avons désormais des moyens, des connaissances et une législation qui nous permettent de continuer à avancer dans le bon sens. Tous les pays méditerranéens n’en sont pas au même stade, certains en sont encore à régler la question de l’assainissement des eaux, mais partout, la machine est lancée et nous sommes sur la bonne trajectoire. N’oublions pas qu’il faut toujours une à deux générations pour faire véritablement bouger les choses, nous devons prendre en compte les évolutions à moyen et à long terme. Les problèmes qui perdurent, nous les connaissons, les constats sont faits et nous avons les outils et les moyens financiers pour y remédier, mais il existe encore des blocages, en matière d’actions. Il est encore nécessaire de convaincre les décideurs élus et acteurs économiques de l’intérêt collectif à agir et à concilier préservation de la Méditerranée et activités littorales et marines. Pour continuer à avancer, il faut aujourd’hui travailler sur une meilleure appropriation des enjeux de la préservation par tout un chacun. La solution n’est pas de mettre la nature sous cloche, mais bien de trouver un équilibre entre les activités et les milieux naturels, avec tous les acteurs locaux."
Eric Jourdan, référent RSE chez Dune, formateur de cadres en apnée et en plongée : "Il y a aujourd’hui une vraie curiosité de la part du public, il faut continuer à sensibiliser"
"Originaire de La Ciotat, il y a 48 ans que je côtoie la Méditerranée. Je l’ai d’abord découverte à travers mon père, chasseur sous-marin et compétiteur, et à l’époque la prise royale c’était le mérou, le sar, le loup. Jamais de dentis, ni de barracudas. On connaissait seulement quelques pierres à corbs, isolées, presque secrètes. Pour en voir, adolescent, il a fallu que j’aille en Corse ! J’ai vu évoluer énormément les usages, arriver de plus en plus de pratiquants, j’ai vu les plans d’eau se charger en nombre et en étalement sur l’année. En ce qui concerne la pêche de loisir par exemple, le milieu est de plus en plus connu et exploité, peut-être faudrait-il dans ce sens limiter le nombre de captures et l’utilisation de certains outils de haute technologie. Mais parallèlement, j’ai vraiment vu la qualité de l’eau s’améliorer, alors que les populations vivant sur les côtes ont beaucoup augmenté, je me souviens par exemple que quand j’étais jeune on évitait scrupuleusement les zones des émissaires où les risques sanitaires étaient importants. Il faut donc bien faire la part des choses et prendre conscience de ce qui a déjà été fait. Et à travers ma pratique de l’apnée, où les gens viennent avant tout pour le côté « bien être », je vois bien qu’il y a aujourd’hui une vraie curiosité de la part du public, même si tous ne sont pas, au départ, au fait de la notion de préservation. Il faut continuer à sensibiliser !"
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Yann Valton, Président de Galathea, Festival international du monde marin de Hyères : "Il faut continuer à nourrir la curiosité et l’intérêt des plus jeunes."
"Après avoir appris en Bretagne puis en Nouvelle-Calédonie, je plonge en Méditerranée depuis plus de 20 ans, et ce qui me frappe le plus c’est l’apparition de nouvelles espèces, à la fois des espèces lessepsiennes mais aussi des espèces qui reviennent, que l’on observait peu et qui sont maintenant omniprésentes, comme les sérioles, les bécunes, mais aussi les tortues qui viennent aujourd’hui régulièrement pondre sur nos rivages.
Je pense qu’il faut continuer à nourrir la curiosité et l’intérêt des plus jeunes pour cette formidable biodiversité et c’est ce que nous faisons à travers Galathea. Chacun peut trouver dans le festival, à travers les thèmes variés que nous abordons et la diversité des intervenants, ce qui va le motiver, lui donner envie d’agir pour préserver encore davantage la Méditerranée. Pour l’un, ce seront les cachalots, pour l’autre les poissons des petits fonds… Cette année, nous accueillerons beaucoup plus de collégiens et de lycéens, et ce qui est intéressant c’est que la demande vient des établissements, parfois via les élus des communes. Il y a une réelle envie de mieux connaître le monde marin et de s’investir dans sa préservation."
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Alain Barcelo, Parc national de Port-Cros : "On peut concilier activités humaines et préservation"
"Le Parc national de Port-Cros est un phare, un repère, une preuve de la résilience des écosystèmes et des espèces à partir du moment où on les protège. Nous bénéficions d’une protection très ancienne, puisque le Parc national a fêté l’an dernier ses soixante ans, même si les mesures les plus concrètes ont été prises dans les années 1980. L’exemple du corb me semble particulièrement parlant : ils sont de plus en plus gros et nombreux, toutes les tranches d’âge sont représentées et l’on observe des comportements sociaux révélateurs de leur tranquillité. La pêche artisanale aux petits métiers est pourtant autorisée dans 90 % des eaux du Parc national, il y a une dizaine de pêcheurs professionnels à Port-Cros, une vingtaine à Porquerolles. Ils profitent de ce que l’on appelle l’ « effet réserve », les captures ont tendance à augmenter, ce qui montre bien que l’on peut parfaitement concilier activités humaines et préservation. Il est possible d’adopter une gestion durable en impliquant tous les partenaires : les pêcheurs, mais aussi tous les professionnels du tourisme notamment à travers la marque Esprit parc national. Bien sûr, la biodiversité n’est pas la même qu’il y a 100 ans, elle souffre des impacts anthropiques, mais là où l’on peut agir, on agit. Et l’écosystème réagit de façon exceptionnelle. Ce Port-Cros-là, à mon avis, on pourrait l’avoir partout, il suffit d’avancer avec ceux qui se battent pour préserver leur territoire."
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Nicolas Barraqué, photographe, directeur de la publication du magazine Plongez ! : "Le travail n’est pas fini mais les efforts portent leurs fruits, il faut continuer !"
"Quand j’étais enfant, en Corse où j’ai grandi, on rentrait toujours de la plage avec du goudron plein les pieds, et quand on se baignait dans le golfe de Porto-Vecchio l'été, on était systématiquement malades. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Je me suis mis à la plongée en 1979 avant de rentrer dans la Marine nationale et j'ai dû attendre des années de pratique et une plongée à 80 mètres pour voir mon premier gros mérou. À la fin des années 80, il n’y avait pratiquement pas de gorgones sur l’épave du Donator (ndlr : à proximité de Porquerolles) devenue depuis une incroyable oasis de vie (voir photos ci-dessus). Les choses ont bien changé ! En 2000, avec un groupe d’amis photographes, nous avons créé l’association Déclic Bleu Méditerranée pour témoigner, montrer au public toute la richesse et la beauté de nos fonds méditerranéens. Une photo ne ment pas, et le recul que nous avons nous permet vraiment aujourd’hui de témoigner dans le sens d’une amélioration. La Méditerranée a une formidable capacité de résilience et grâce à un certain nombre d’actions menées depuis 40 ans, elle a beaucoup évolué. On voit par exemple de plus en plus de dentis, de barracudas, qu’on ne voyait plus. Je suis optimiste, même si je suis parfois écœuré par les médias, les politiques, qui se croient porteurs de savoir sans venir chercher l’information auprès de ceux qui sont dans l’eau toute l’année. C’est une mer fragile, mais bien vivante. Le travail n’est pas fini, mais les efforts portent leurs fruits, il faut continuer !"

Franck Lorrain, comédien et réalisateur, producteur et acteur principal de La Méditerranée n’est pas morte, réalisé par Marie Alart et Manuel Lefèvre : "A tous les niveaux, au quotidien, nous avons tous la possibilité et le pouvoir de faire bouger les choses."
"Je suis de la génération Le Grand Bleu, et je partage aujourd’hui ma vie entre Paris et Marseille, mais il n’y a qu’une dizaine d’années que je me suis vraiment tourné vers la mer sur un plan professionnel. Ce que je veux montrer, à travers mon travail, c’est avant tout ce qui marche. Je veux montrer au public de belles images, je veux mettre en avant des initiatives positives qui doivent servir d’exemple et qui vont dans le sens de la préservation de nos océans en général et de la Méditerranée en particulier. La situation s’améliore et il faut arrêter de se dire que ça ne sert à rien d’agir. À tous les niveaux, au quotidien, nous avons tous la possibilité et le pouvoir de faire bouger les choses, même si nous n’avons pas accès à tous les leviers. C’est la technique du colibri, en travaillant ensemble, en multipliant les petites actions et en nous concentrant sur les solutions plutôt que sur les problèmes, nous obtiendrons des résultats !"
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