En France, les acteurs de l'éolien en mer attendent l'accélération promise

Escales
Samedi 18 juin 2022 à 11h24

Comment construire 50 parcs éoliens offshore d'ici 2050? Les acteurs du secteur attendent, non sans inquiétude, les moyens et surtout la planification qui pourraient permettre à la France de combler son retard et de se déployer dans cette énergie.

Au salon professionnel Seanergy du Havre, tous les grands développeurs du continent sont là: le marché français attire, 2e gisement européen par sa façade maritime et ses régimes de vents.

Les chiffres auraient pourtant pu faire réfléchir les potentiels investisseurs: il faut aujourd'hui 10 ans en France pour mettre un site en service, cinq en Allemagne, six au Royaume-Uni... Sept parcs (3,6 gigawatts au total) ont à ce jour été attribués à des opérateurs, mais l'Hexagone vient juste de produire ses premiers électrons, avec son parc de Saint-Nazaire en cours d'achèvement.

Or selon toutes les projections, pour atteindre en 2050 la neutralité carbone nécessaire et éviter les pires effets du réchauffement, la France devra massivement déployer l'éolien offshore, qu'elle relance le nucléaire ou pas. Pour RTE, le gestionnaire du réseau haute tension, il en faudra 22 à 62 GW, selon le bouquet choisi.

Mais le pays pourra-t-il y arriver?

"Le rythme des projets devra être plus soutenu et ce dès cette décennie", souligne Vincent Balès, DG France de l'énergéticien allemand wpd, appelant comme le reste du secteur à une planification, plutôt qu'au lancement de projets "au coup par coup".

L'horizon de 40 GW (environ 50 parcs) évoqué pour 2050 par Emmanuel Macron "a donné une perspective à la filière, mais quelle sera la mise en oeuvre?", dit-il. "En Europe, les planifications qui ont marché identifient des zones propices. En France, nous sommes échaudés par les planifications par façade, qui définissent surtout des zones d'exclusion. Il y a une inquiétude de la filière sur la méthode".

Dans les travées du salon, on cite l'Allemagne et sa cartographie "assez fine", aux zonages pour le court et le long terme.

"Trou d'air"

"La planification au niveau national, ce n'est pas le choix qu'on a fait en France, car il faut un dialogue avec les acteurs et les territoires", a répondu au Havre Eric Banel, directeur général des Affaires maritimes au secrétariat d'Etat chargé de la Mer, annonçant devant le Syndicat des énergies renouvelables (SER) la "relance d'un cycle de planification" par façade.

Pour le SER, cela risque d'être beaucoup trop tard. L'association demande à l'Etat de prépositionner de grandes zones potentielles, avant de lancer les débats sur zones pour affiner. Au risque sinon d'un "trou d'air" après 2023, date des derniers appels d'offres prévus à ce jour, délétère pour le secteur, ses usines et ses sous-traitants.

Elodie Martinie-Cousty, qui a participé pour France Nature Environnement (FNE) à tous les débats publics de l'éolien offshore, ne cache pas non plus sa frustration: l'Etat devra changer de méthode, sauf à générer de nouveaux recours et contestations, dit-elle.

Cette vice-présidente du Conseil économique social et environnemental (Cese) lui reproche de ne pas considérer l'état global - "désastreux" - de la mer, notamment de ne pas mettre à plat aussi les impacts des activités traditionnelles, pêche et transports.

"L'éolien est nécessaire, il faut donner aux opérateurs une visibilité pour qu'ils puissent investir. Mais on ne peut planifier l'entrée d'une nouvelle activité industrielle massive sans avoir mesuré les impacts des activités historiques. On demande à l'Etat de faire son travail d'Etat stratège. En un an on peut faire cette planification si tout le monde se met autour de la table".

Le SER, comme FNE, demandent aussi plus de moyens humains pour mettre les services de l'Etat "à la hauteur de l'enjeu": les agents chargés d'instruire les dossiers sont cinq fois moins nombreux qu'aux Pays-Bas, déplore le SER.

Le secteur a malgré tout déjà bénéficié de simplifications, notamment avec la loi "Essoc" de 2018 et la prise en charge par l'Etat des concertations publiques, désormais organisées avant désignation des développeurs.

Dans le contexte de la guerre en Ukraine, le gouvernement doit encore présenter d'ici fin juillet au conseil des ministres un "projet de loi d'accélération" des renouvelables. Mais ce texte ne concernera qu'à la marge l'éolien en mer.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l'atout voyage et évasion de l'équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l'actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne. Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l'édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com. Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l'Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
François Tregouet
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Depuis toujours, François est passionné de voile en général et de multicoques en particulier. En croisière ou en course, de l’Europe à l’Australie, il ne les délaisse que lorsque le règlement l’exige : Mini-transat, Fastnet, Giraglia… Jamais rassasié de nouveautés, il a assisté à la plupart des salons sur les cinq continents. Depuis 2018 il se consacre entièrement à la rédaction et à l’information, notamment pour Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s'est toujours intéressé à l'équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l'auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d'occasion et qui décrivent non seulement l'évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son Targa 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Eric Mas est l'un des fondateur de METEO CONSULT – La Chaîne Météo. Éminent spécialiste de météo, Eric est également un marin passionné qui a routé les plus grands skippers sur toutes les eaux du globe : VDH lors du premier Vendée Globe, Philippe Jeantot, Jean Maurel, Michel Desjoyeaux, Francis Joyon, et tant d'autres. Actuellement il participe au projet de Lalou Roucayrol sur son multi 50.
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