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"Chaque filiale de chaque pays à travers le monde a célébré à sa manière le centenaire de l'entreprise. En France, nous avons choisi de créer une saga, sous la forme de quatre épisodes, afin de retracer l'histoire de Suzuki et de son créateur, Michio Suzuki. Ce sont plein de petites histoires qui font la grande histoire ! Il y a vraiment une philosophie très particulière chez Suzuki, avec l'humilité et la simplicité : développer des technologies de pointe et les mettre à la portée de tous, en considérant que tout le monde à le droit à la meilleure sécurité. C'est n'est pas seulement un message marketing qui est développé aujourd'hui, on le retrouve tout au long de l'histoire de la marque." nous a expliqué Nathalie Geslin, service relations publiques et presse de Suzuki.
De l'artisanat à l'automobile, en passant par les métiers à tisser...
C’est à environ 200 km de Tokyo, dans une petite ferme du village de Nezuminomura, que Michio Suzuki est venu au monde le 18 février 1887. Fils de cultivateurs de coton, intéressé par le travail manuel et poussé par l’envie de produire des choses utiles à tous, il se lance dès 1901 dans l’apprentissage de la charpenterie.

Mais, en 1904, la guerre éclate entre la Russie et le Japon et la demande d’artisans qualifiés s’effondre. Michio Suzuki se reconvertit dans l’entretien des machines à tisser, travaille en usine et remarque la pénibilité générée par les métiers à tisser à la main. Le jeune homme invente alors un nouveau modèle de machine, doté d’une pédale. Il l’offre à sa mère dans le but de lui apporter un meilleur confort de travail, mais son invention a une autre vertu : elle est plus facile à utiliser, et permet d’économiser beaucoup de temps.
Grâce à la machine fabriquée par son fils, Madame Suzuki va multiplier sa productivité par 10 ! La nouvelle se répand rapidement, et Michio Suzuki reçoit de nombreuses commandes. A 21 ans, il prend le contrôle de la ferme familiale et la transforme en usine de fabrication de métiers à tisser. Un an plus tard, en octobre 1909, il créé sa première entreprise : Suzuki Loom Works.

En 1912, il invente la boîte-navette Hibako, un élément qui lui permet d’être le premier à savoir tisser plusieurs couleurs et des damiers. Ses affaires s’envolent, et le 15 mars 1920 Suzuki Loom Works devient une société par actions. Elle prend de l’ampleur, et adopte le nom de Suzuki Loom Manufacturing Company. Ce sera le début d’une aventure industrielle hors du commun.
Au cours de sa vie, Suzuki a déposé plus de 120 brevets, avec toujours le même but : être utile au plus grand nombre. Cela fait de lui l’un des inventeurs les plus importants de son époque.

Mais alors que Suzuki Loom Manufacturing Company est l’une des entreprises les plus puissantes et les plus en vue du pays, un conflit politique éclate. Nous sommes au début des années 30, et la crise financière de 1929 a généré une montée des tensions internationales. Après plusieurs coups d’état, un nouveau gouvernement japonais est formé. La démographie et les styles de vie évoluent : de deux millions d’habitants en 1905, Tokyo comptera bientôt plus de 5 millions de citadins. Et le peuple, d’ordinaire peu revendicateur, commence à donner de la voix. Au cours de l’année 1931, le monde ouvrier organise des milliers de grèves sur fond de diverses revendications. Suzuki est relativement épargné par ces mouvements, mais devient une entité particulièrement attractive pour l’Etat japonais au moment où se précise un conflit avec un autre pays asiatique : la Chine. Dans ce contexte, les usines de Suzuki sont réquisitionnées, contre leur gré, pour fabriquer des munitions pour alimenter les forces japonaises.
En juillet 1937, la seconde guerre sino-chinoise éclate, puis plus tard la seconde guerre mondiale et le conflit avec les Etats-Unis, suite au bombardement de Pearl Harbour. La ville d’Hamamatsu et l’usine de Suzuki ont été relativement épargnées par les frappes américaines. Le siège social, mais aussi une usine, sont toutefois durement touchés. En marge de ces activités forcées, Suzuki Loom Manufacturing Company a toujours continué à fabriquer des métiers à tisser. Etre utile aux autres reste le mot d’ordre et la raison d’être de Michio Suzuki, même si on ne fait pas toujours ce qu’on veut.

Depuis sa plus tendre enfance, le jeune entrepreneur dessine –entre autres- pour son plaisir des deux-roues ou des automobiles. Visionnaire, il se transpose dans le monde de demain grâce à une imagination débordante et un sens inné de l’innovation. Comme toujours, il basera la définition de ses futurs produits sur les besoins de l’homme, et pense que la fabrication d’une voiture compacte, plus petite que celles qui existent déjà dans les années 30, serait une idée à exploiter. Bien décidé à présenter de la plus belle des manières ce sujet prometteur, c’est en 1937 qu’il dévoile son tout premier prototype d’automobile.
En marge de la situation industrielle difficile dans son pays, il continue à développer ses idées, et plusieurs prototypes du même genre verront le jour au cours des deux années suivantes. Tous partagent le même style, c’est-à-dire une voiture à deux portes, plus courte que la moyenne, avec un arrière toutefois habitable. Juchée sur ses grandes roues, elle arbore un style moderne pour la période, et n’a rien à envier aux modèles populaires de l’époque. Doté d’équipements pratiques tels que les bavettes de roues, les essuie-glaces inversés, les vitres arrière démontables ou la barre de protection à l’avant, ce prototype a fière allure et se veut très réaliste. Sous son capot, on trouve un moteur à quatre cylindres de 800 cm3. C’est un bloc a quatre temps refroidi par eau, ce qui est un procédé tout à fait innovant pour l’époque. Développant la modeste puissance de 13 chevaux, le premier prototype de Suzuki n’aura pas de descendance directe. Bien qu’il soit prêt à lancer une nouvelle marque automobile, Michio Suzuki est freiné dans son élan par l’arrivée de la seconde guerre mondiale, le gouvernement japonais ayant par ailleurs déclaré les automobiles civiles comme « biens non nécessaires à la survie ».

Après la seconde guerre mondiale, en 1952, il commercialise sa première motocyclette, la Power Free. Deux ans plus tard, il réalise enfin son rêve et effectue ses débuts dans l’automobile à grande échelle avec la Suzulight. Elle sera finalement commercialisée en octobre 1955, et marquera le début d’un succès planétaire.
Près de 50 ans après avoir créé sa toute première entreprise, Michio Suzuki quittera son poste de président en 1957, à l’âge de 70 ans. Il sera remplacé par son fils, Shunzo Suzuki, à ses côtés depuis de nombreuses années et qui continuera de perpétrer la philosophie de l’entreprise, il développera même le premier moteur horsbord en 1965.
Le passionnant et visionnaire Michio Suzuki est décédé à Hamamatsu le 27 octobre 1982, non loin de là où il était né et où se trouve toujours le siège de la Marque. Il avait 95 ans.
« Si le client exprime un besoin, faites tout ce que vous pouvez pour y répondre. Le travail sans relâche est la clé de la réussite » Michio Suzuki