
Propos recueillis en mars 2021, interview à retrouver en intégralité dans notre nouveau hors-série Collection 2021.
F.N. : Ce Vendée Globe a été rempli de premières fois pour vous et de grandes expériences : navigation dans les mers du Sud, montée au mât… Il y avait une Clarisse avant le Vendée Globe et il y a désormais une Clarisse après ?
C.C. : « On apprend plein de choses sur l’eau et surtout seule pendant trois mois. C’est un apprentissage accéléré et intense. C’est assez dur un Vendée Globe alors on apprend sur soi, on apprend à rebondir lorsqu’on a un coup de mou… j’ai aussi appris énormément techniquement car avec mon parcours un peu rapide j’avais quelques lacunes et notamment sur ma capacité à gérer des moments de crise. Donc oui, j’ai beaucoup appris sur plein de thématiques différentes ! »

F. N. : Du fait d’être une femme dans un milieu encore très masculin, avez-vous dû faire face à des défis supplémentaires, à des « mauvaises expériences » ou au contraire pas du tout ?
C. C. : « Non je n’ai pas eu d’exemples précis de misogynie. Au sein du team Banque Populaire par exemple ce sont essentiellement des hommes et quand il s’agissait de préparer mon bateau, le fait que je sois une femme n’a jamais posé de problèmes. On avait un objectif et on faisait ça bien. Le gros sujet du manque de femmes dans la course au large c’est parce qu’un homme peut continuer à progresser dans sa carrière en ayant des enfants, ce n’est pas possible pour une femme. Ou alors c’est un moment de pause et aujourd’hui ce moment de pause est souvent mal vécu par les sponsors qui « oublient » les athlètes qui font une pause. J’espère que cela va évoluer, qu’on laissera les athlètes faire une pause et revenir, car cela permettra à plus de femmes de se sentir soutenues. Certaines femmes choisissent de ne pas avoir d’enfants et elles peuvent progresser sans pause dans leur carrière et c’est super, mais cela ne devrait pas être la seule option. Il faut que ce soit un vrai choix. »
F. N. : Votre coin favori pour les vacances d’été ?
C.C. : « En bateau, j’aime beaucoup le Morbihan ! Quand j’étais étudiante j’ai fait des croisières en Corse hors saison en juin et c’est tout simplement sublime. Après, toutes les côtes françaises sont belles ! On a de la chance en faisant la Solitaire du Figaro de voir plein de coins différents et c’est top. Un endroit où j’aimerais vraiment bien retourner c’est l’Irlande ! Arriver dans un petit port irlandais, je l’ai fait sur la Solitaire en 2019 et malheureusement j’ai eu à peine 48 heures sur place, je n’ai pas eu le temps de faire grand chose mais cela donnait très envie d’aller boire des coups dans le bar du coin ! »
F. N. : Pratiquez-vous des sports nautiques autres que la voile ?
C. C. : « Je fais du kitesurf et du surf. Tanguy passe sa vie sur les planches de kite même après avoir fait du bateau toute la semaine, alors que moi j’ai plutôt envie d’aller courir en forêt, d’aller faire du VTT. J’ai plus une envie de boue que d’embruns ! J’adore me baigner, être sur l’eau, me balader au bord de l’eau… j’aime être en pleine nature et l’effort physique. J’ai grandi en région parisienne, j’ai fait 10 ans d’athlétisme donc j’étais plus dans la forêt et c’est quelque chose que j’aime retrouver. »

F. N. : La protection des océans, de l’environnement, a été un sujet particulièrement mis en avant par certains skippers lors de cette édition du Vendée Globe. Quelles sont votre vision et votre implication sur ce sujet ?
C. C. : « La protection des océans, c’est un des éléments du vaste sujet de la protection de l’environnement. À titre personnel, je suis très sensible à ce sujet, très grave et sérieux. Dans mon projet Vendée Globe, je n’avais pas d’engagement particulier dans le sens où je n’avais pas d’instruments de mesure et nous n’avions pas fait une communication spécifique. Mais c’est un sujet sur lequel tout le monde doit faire des efforts au quotidien. La course au large a quand même un impact assez fort sur l’environnement. Rien que l’antifouling, c’est un biocide donc c’est compliqué, on réfléchit à trouver des solutions. Je n’en ai pas fait un élément de communication dans mes projets jusqu’à présent, aussi parce que j’ai eu des projets sportifs très rapides avec beaucoup de défi s techniques à relever et c’était difficile d’y ajouter cette dimension-là en faisant bien les choses et surtout en faisant en sorte que ce ne soit pas que de la communication. J’aimerais bien réussir à avoir un vrai impact et que ce ne soit pas que des opérations de communication et de marketing. Je préfère ne rien communiquer plutôt que de faire quelque chose pour faire joli… mais cela ne veut pas dire qu’à titre personnel je n’essaye pas, notamment dans mes choix de consommation et mon mode de vie au quotidien, de m’améliorer. Je trouve cela chouette car la course au large me donne l’opportunité d’être un peu l’ambassadrice de ces causes notamment de préservation des océans, mais l’industrie nautique et de la course au large a pas mal de chemin à faire pour être plus respectueuse de l’environnement, j’y suis particulièrement sensible. Malheureusement, il n’y a pas besoin de naviguer bien loin pour se rendre compte de l’ampleur de la pollution des océans… »