
Pour de nombreux plaisanciers, une baignade autour du bateau va de soi, surtout lorsque le mouillage paraît isolé et paisible. La tentation est grande de se jeter à l’eau sans réfléchir, persuadé que, loin de la plage et de ses surveillants, tout est permis.
Cette impression de liberté, pourtant, ne reflète pas la réalité. Dans les eaux françaises comme ailleurs en Europe, la baignade depuis un navire ou une embarcation est soumise à des règles précises. La navigation de plaisance ne donne pas carte blanche pour se baigner où l’on veut, même en dehors des zones surveillées.
Des interdictions souvent méconnues
Certaines zones interdisent strictement la baignade, y compris pour les occupants des bateaux. Ces interdictions visent avant tout la sécurité et la bonne organisation du trafic maritime.
Parmi les secteurs concernés :
o Les chenaux d’accès aux ports : ils sont exclusivement réservés à la navigation et interdites à la baignade, même en l’absence de trafic.
o L’intérieur et les abords immédiats des ports : dans la majorité des cas, un arrêté municipal ou préfectoral interdit la baignade dans les bassins, autour des quais et près des digues.
o Les zones militaires ou industrielles : certaines portions de littoral sont classées « zones interdites » ou « zones dangereuses » pour des raisons de sécurité nationale ou d’activités sensibles.
o Certaines aires naturelles protégées : la baignade y est restreinte ou interdite pour protéger la faune et la flore.
Dans certaines régions très touristiques, des arrêtés spécifiques interdisent également la baignade dans des criques ou baies jugées dangereuses ou trop fréquentées par les navires.
En cas de doute, consulter la carte marine officielle (SHOM en France) ou l'application de navigation utilisée peut éviter bien des problèmes.
Le rôle clé du capitaine à bord
Sur un bateau, le capitaine (ou skipper) est responsable de la sécurité de tous. Cela inclut les personnes qui se baignent autour du bateau, même au mouillage.
Sa responsabilité peut être engagée en cas d’accident, notamment :
o Si la baignade a lieu dans une zone interdite.
o Si les conditions de sécurité ne sont pas suffisantes (mouillage instable, courant fort, trafic maritime à proximité...).
o Si une personne tombe accidentellement à l’eau sans surveillance.
La loi maritime impose également au capitaine de s'assurer que la baignade ne gêne pas la circulation des autres navires.
En cas de non-respect des interdictions, les sanctions peuvent aller d'une simple amende à des poursuites pénales en cas d’accident. L’amende forfaitaire peut atteindre plusieurs centaines d'euros, selon l’arrêté local enfreint.
En cas de collision avec un autre navire ou d’accident grave, les conséquences juridiques peuvent être lourdes. Le capitaine peut être poursuivi pour mise en danger d'autrui ou négligence.
Les précautions essentielles pour une baignade en sécurité
Lorsqu’aucune interdiction ne s’applique, la baignade autour du bateau reste possible, mais quelques précautions s’imposent :
o Vérifier la profondeur de l’eau avant de plonger : les rochers ou hauts-fonds sont parfois invisibles depuis la surface.
o Laisser toujours une personne à bord pour surveiller la baignade.
o Utiliser le pavillon Alpha (A) lorsqu’une plongée sous-marine est en cours : ce pavillon bleu et blanc signale une activité de plongée et impose aux autres navires de réduire leur vitesse et de s’éloigner.
o Installer une échelle ou un moyen sûr de remonter à bord.
o Se méfier des courants et des remous causés par les autres bateaux : un passage trop près d’un gros navire peut rapidement faire dériver un nageur.
Les cas particuliers : plongée sous-marine et apnée
Dans le cas de la plongée sous-marine (avec bouteilles) ou de l'apnée, la réglementation devient plus stricte. Le pavillon Alpha doit obligatoirement être hissé dès que des plongeurs évoluent autour du bateau.
De plus, certaines zones nécessitent une autorisation spécifique pour la plongée, notamment dans les parcs naturels marins ou les réserves.
Le capitaine doit aussi s'assurer que les plongeurs disposent du matériel de sécurité adéquat, conformément aux règles fixées par la division 240 (réglementation française sur la sécurité en mer).
Plonger depuis son bateau est une activité plaisante, mais qui exige un minimum de vigilance et de respect des règles. La mer n’est pas un espace sans loi, même à bonne distance des côtes. Avant chaque baignade, mieux vaut vérifier les règles locales et garder en tête que la sécurité prime sur la tentation du plongeon improvisé.
Respecter ces règles, c’est éviter des accidents, des amendes, mais aussi préserver l’harmonie entre les plaisanciers et les autres usagers de la mer.
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