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Théâtres de la première grande guerre sous-marine qui a eu lieu au large de leurs côtes, la Bretagne et les Pays de la Loire abritent dans leurs eaux de nombreuses épaves, dont celles de l’U-171. L’Isère et l’Amoco Cadiz, comptent également parmi les épaves les plus visitées du territoire.
L’épave du sous-marin allemand U-171
Entré en service en octobre 1941, le sous-marin allemand U-171 déclenche l’explosion d’une mine magnétique au large de Groix le 9 octobre 1942 au retour de sa mission dans le golfe du Mexique après 115 jours de mer. « L’histoire du U-171 est intéressante car 30 hommes de l’équipage ont réussi à s’extraire après l’explosion grâce à leurs respirateurs et au système de lancement des torpilles. Jusqu’alors, les bateaux sombraient corps et âme », explique Thiebaud Joris, chargé de développement au Comité interrégional Bretagne – Pays de la Loire de la Fédération française d’études et de sports marins, basé à Lorient. Repérée en juin 1982 grâce à l’utilisation d’un nouveau sonar, l’épave, formellement identifiée au bout de 11 ans, est accessible facilement aux plongeurs titulaires de la formation PE 40 (plongeur encadré à 40 mètres, N.D.L.R.). « Le sous-marin, qui repose par 38 mètres de profondeur sur un fond sableux, est quasiment intact, et la visibilité est souvent excellente, ce qui en fait l’une des épaves les plus visitées de Bretagne », poursuit-il. De l'arrière jusqu'au kiosque, on peut reconnaître l'hélice, les tubes lance-torpilles, les échappements, les barres de plongée, les sas d'embarquement des torpilles et le kiosque avec un de ses périscopes. Seule la partie avant est disloquée. Côté faune, on peut y observer principalement des tacauds, des homards, des vieilles et des congres. Des Dauphins ont également été vus occasionnellement au fond et aux paliers.
L’Isère, trait d’union entre la France et l’Amérique
Mise à l’eau le 22 avril 1866 lors de son lancement à l’arsenal de Lorient, la frégate Isère connaît son heure de gloire en mai 1885 quand elle appareille de Rouen avec à son bord la Statue de la Liberté, qu’elle livre à New York le 19 juin de cette même année après une traversée ponctuée par plusieurs tempêtes. Désarmé à l’arsenal de Rochefort en 1909, le bateau est ensuite utilisé comme ponton à Lorient avant de servir dès juin 1940 à l’accostage des U-Boat allemands. Sabordée par les Allemands en 1945, puis dynamitée en 1990 afin de permettre l’agrandissement et l’accès du port de plaisance de Locmiquélic dans le Morbihan, sa coque gît toujours par 15 mètres de fond dans le petit chenal face au môle de Sainte-Catherine. « L’épave de l’Isère, qui est célèbre pour son côté historique est accessible dès le niveau 1 de plongée, souligne Thiebaud Joris. Une grande fête a été organisée les 4 et 5 juillet derniers à Locmiquélic pour célébrer son anniversaire ». À cette occasion, une réplique miniature de la Statue de la Liberté ainsi que des panneaux retraçant l’histoire du bateau ont été mis en place sur le port de Sainte-Catherine.
L’Amoco Cadiz, la plus grande épave d’Europe
Le 16 mars 1978, le pétrolier Amoco Cadiz battant pavillon libérien, qui transportait 227 000 tonnes de pétrole, s’échoue suite à une avarie de barre sur les roches de Portsall dans le Finistère, provoquant une marée noire considérée comme l’une des plus grandes catastrophes écologiques de France. Le « super tanker », construit en 1974, est l’une des épaves les plus importantes jamais répertoriées au monde. Longue de 334 mètres sur 51 mètres de large, l’épave du bateau, qui repose par 30 mètres de profondeur sur un fond sableux, est accessible aux plongeurs confirmés, titulaires de la qualification PE 40. « L’épave est exposée à la houle et au courant, du coup, il est préférable de la visiter lors des étals de marée, explique Ludovic Granier, gérant d’Aber Wrac’h Plongée. Le bateau s’est cassé en deux quand il s’est échoué, et a été ensuite coulé par la Marine nationale. Du coup, l’épave est étalée en réalité sur 600 mètres. C’est la plus grande épave d’Europe accessible à petit niveau ». Difficile donc d’en faire le tour en une seule plongée. « On peut visiter plusieurs parties du bateau, dont la partie arrière, au niveau du gouvernail. Cela permet de se rendre compte de l’immensité de l’épave, qui est échouée par 8 à 34 mètres de fond. En plongeant sur les côtés, on découvre tout le système mécanique du bateau, les treuils et les bites d’amarrage, et on peut entrer dans la partie machinerie », ajoute-t-il. Aujourd’hui, la faune et la flore ont commencé à coloniser les ponts et la tôle. On peut notamment voir des laminaires atteignant plusieurs mètres sur le haut de l’épave, ainsi que quelques marguerites, petites anémones et des gorgones, qui poussent à l’intérieur.