L’épave plongeable du SS President Coolidge

Plongée
Par Figaronautisme.com

Les mers et les océans regorgent d'innombrables trésors, et parmi eux, quelques uns sont insolites. Nous vous proposons de découvrir l'épave du SS President Coolidge. Son histoire chargée, la beauté du site et l’épave elle-même en font un des navires fantômes les plus prisés pour la plongée. Faisons cap vers l’île d’Espiritu Santo de l’archipel du Vanuatu, dans les eaux claires de l’océan Pacifique...

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Les mers et les océans regorgent d'innombrables trésors, et parmi eux, quelques uns sont insolites. Nous vous proposons de découvrir l'épave du SS President Coolidge. Son histoire chargée, la beauté du site et l’épave elle-même en font un des navires fantômes les plus prisés pour la plongée. Faisons cap vers l’île d’Espiritu Santo de l’archipel du Vanuatu, dans les eaux claires de l’océan Pacifique...

Les débuts

Le SS President Coolidge était un paquebot de luxe construit en 1931. Il fut commandé en octobre 1929 et baptisé au nom du présidant américain sortant, Calvin Coolidge. C’était un formidable bâtiment, doté d’un système de propulsion à vapeur, et de ce qui se faisait de mieux dans le luxe d’époque. Du côté du divertissement, le navire n’était pas en reste. Il était composé de deux piscines, d’un pont dédié à la pratique sportive (golf, handball…), d’une salle de gymnastique et d’une salle de jeux pour enfants. Le SS President Coolidge disposait également d’un coiffeur et de diverses boutiques pour que les voyageurs ne manquent de rien.

La fin du paquebot

Hélas, la Seconde Guerre mondiale vint rapidement après l’achèvement de la construction du SS President Coolidge. Le navire fut utilisé en 1940 afin d’évacuer un millier d’américains à Hong-Kong, lorsque les relations entre la Grande-Bretagne et le Japon se détériorèrent. A partir de 1941, la menace d’un conflit entre les deux nations augmentant, le bâtiment de luxe fut réquisitionné à plusieurs reprises par le département de la guerre des Etats-Unis pour des voyages dans l’Océan Pacifique nord. En juin de la même année, la conversion du SS President Coolidge débuta afin de transporter des troupes. A cette fin, les parures de toute beauté du SS President Coolidge furent retirées afin de maximiser la place. Le 7 décembre 1941, il fut utilisé pour l’évacuation de blessés lors de l’attaque japonaise de Pearl Harbor. 

Les missions militaires du SS President Coolidge débutèrent en janvier 1942 (les missions de 1940 et 1941 étaient davantage diplomatiques). C’est également lors de cette année que la métamorphose du navire s’acheva. Les équipements civils furent retirés par sécurité et par souci d’espace. Il pouvait transporter jusqu’à 5 000 hommes ainsi que des véhicules de guerre de grande envergure (tanks, camions mais aussi des avions P-40) ! Des canons furent montés pour assurer la protection du nouveau navire de guerre. Enfin, achevant symboliquement la conversion, le SS President Coolidge fut repeint aux couleurs grises de l’US Navy qui se l’était approprié.

Les missions octroyées consistaient principalement en l’acheminement de matériels et de troupes. Le théâtre de ses opérations se concentrait exclusivement dans le sud-ouest du Pacifique. Le 26 octobre de la même année, le navire devait se rendre au port de Luganville, situé dans l’archipel des Nouvelles-Hébrides (aujourd'hui appelé Vanuatu). 

Hélas encore, les ordres de navigation ayant omis de communiquer au navire la présence d’un champ de mines autour de l’archipel, le SS President Coolidge se dirigea inconsciemment sur les engins explosifs posés par les américains, aux abords de l’île d’Espiritu Santo. Il en percuta deux successivement, condamnant l’ancien paquebot de luxe aux fonds marins. Néanmoins, le capitaine du bâtiment, Henry Nelson, décida de foncer sur les rivages afin de sauver les cinq milliers d’hommes qui s’y trouvaient. En dépit de la perte de deux hommes (le capitaine en second, Elwood Joseph Euart, et Robert Reid dans la salle des machines), la manœuvre du capitaine Nelson réussit. Le navire lui n’en réchappera pas. Il sombrera dans des eaux peu profondes du Pacifique en l’espace d’une heure et demie, tournant la page du SS President Coolidge comme paquebot de guerre et s’ouvrant sur celle de son épave, une des plus prisées au monde. 

L’épave du SS President Coolidge

Couchée sur son flanc bâbord, située entre 21 et 73 mètres de profondeur (de la proue à la poupe) : l’épave du Coolidge ne peut faire l’objet d’une seule visite. Avec ces 199 mètres de longueur et ses vingt-cinq mètres de maîtres-bau, vous pourrez y plonger une dizaine de fois sans en avoir fait le tour. A marée haute et calme, la plongée est idéale. L’intérêt du site est multiple. Il s’agit tout d’abord de la plus grande épave plongeable au monde. Son accessibilité est également très bonne, à quelques brasses du bord des plages d’Espiritu Santo. Ajoutons que la visibilité est très bonne une fois sous les grandes eaux. Le niveau 1 de plongée est aussi intéressant, il permet  à un grand nombre de plongeurs d’explorer le célèbre SS President Coolidge

En nageant dans le dédale de cette épave, vous vous retrouverez dans deux mondes antagonistes : les restes d’un monde luxueux et de paix et le chaos des instruments de guerre. Ces derniers sont autant des armes, des canons, l’apanage typique des équipements militaires (masque à gaz, munitions)… que des véhicules tels des 4x4 GMC mais aussi des tanks tantôt renversés, tantôt à l’endroit… Le pont-promenade constitue une belle balade pour les pièces d’artillerie. Un autre site extrêmement prisé des plongeurs est la salle des machines.

La carcasse du SS President Coolidge propose aussi le luxe des paquebots d’antan. Ce luxe, mais aussi le contraste de la paix et de la guerre, pourraient être symbolisés par l’œuvre appelée « La Lady », découverte par Allan Power par 60 mètres de fond, dans le fumoir des premières classes. Il s’agit d’une statue de céramique, représentant une femme dans une robe rouge, les bras ouverts, postée devant une licorne. Cette œuvre subaquatique est l’une des plus connues dans le monde marin. Pour faciliter son accessibilité, La Lady a été déplacée dans la salle à manger des premières classes, à près de 30-35 mètres de fond. 

Se perdre dans les méandres de ce vaisseau est un plaisir angoissant. Il vous faudra replonger plusieurs fois pour en apprécier toutes les dimensions. Selon Allan Power, découvreur de La Lady, spécialiste de l’épave depuis trente ans et moniteur de plongée au Allan Power Dive Tours, rares sont les visiteurs à se souvenir de leur première plongée tant les émotions sont intenses. 

La beauté de ce vaisseau fantôme en ferait presque oublier celle de la flore et de la faune aquatiques. L'ancien navire de guerre est devenu au cours du temps un récif artificiel, hâvre de paix pour les végétaux et animaux aquatiques. Vous trouverez des anémones, des coraux et également des polypes se développant aux alentours, donnant aux profondeurs du lieu des couleurs vivifiantes. La faune est diversifiée, vous y verrez de magnifiques Pterois (aussi appelés rascasses), des poissons de récif, des tortues de mer, des barracudas et des murènes. 

Si le texte ne suffisait pas à satisfaire votre curiosité, voici une vidéo vous entraînant dans les profondeurs du navire figé. Vous y apercevrez, en gros plan, la fameuse oeuvre "La Lady".

 

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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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