
La planche à voile, un amour de jeunesse ?
"Tout a commencé à mes 8 ans, j’aimais le sport, sous toutes ses déclinaisons. Mais j’ai particulièrement accroché avec la planche à voile, certainement parce que je viens de Marseille, région réputée pour le vent et les températures agréables une bonne partie de l’année. C’est un environnement propice à cet exercice et il y a énormément de véliplanchistes là-bas ! Et puis c’est l’idéal pour un enfant de pouvoir prendre le large ! La planche à voile offre une liberté incroyable, il est possible de faire beaucoup avec peu de moyens… Alors je naviguais, je faisais de grandes promenades, je jouais avec les vagues, je faisais des sauts. Tout est parti d’un amusement, d’un jeu.
Je cherchais certainement un peu de liberté aussi. Mon père faisait un peu de planche à voile, c’était très agréable de partager ça avec ma famille. Nous voyagions beaucoup pour faire de la planche en Espagne, au Maroc, au Portugal. Une bonne excuse pour voyager, passer du temps en famille et rencontrer des véliplanchistes. J’ai très vite eu un bon niveau, ça m’a motivé à aller encore plus loin. Tout au long de mon adolescence j’ai toujours fait de mon mieux, sans jamais formuler que j’en ferai mon métier. J’avais un pied dans la fac de sport et un pied dans l’eau. Je jonglais entre mes cours et la coupe du monde et j’ai rapidement eu de bons résultats, les sponsors finançaient mes compétitions et mes voyages… Tout s’est accéléré entre 15 et 18 ans et j’ai eu à faire un choix entre décrocher mon diplôme de professeur de sport ou me consacrer à la voile. J’étais sûr de moi, j’avais de quoi vivre de ma passion, alors j’ai laissé tombé la fac. Lorsque j’ai pris cette décision j’étais déjà pro et reconnu dans ma discipline".

Vous chassez les hautes vagues pour goûter aux plaisirs des sessions XXL ?
"Arriver dans un endroit que je ne connais pas et découvrir des conditions inédites de navigation m’a toujours plu. C’est aussi pour ça que j’ai toujours aimé voyager. À mes 15 ans, je me suis aventuré pour la première fois dans de grosses vagues aux Canaries. C’était imprévu, il y avait plein de très hautes vagues et les sensations que j’ai eu lors de cette session m’ont troublées. C’était vertigineux et pourtant j’arrivais à me débrouiller ! Plus de plaisir que de peur. Cet évènement m’a marqué, beaucoup plus qu’une session normale. Je voyage à la recherche de sessions XXL, je vais chercher ce que je n’ai pas à la maison, à Marseille. Ça demande beaucoup d’organisation ! Trouver l’endroit où on veut aller, bien étudier le fonctionnement du spot, prendre contact avec des connaisseurs sur place etc. C’est une session qui se construit, se travaille, elle est réfléchie. Mais attention, une fois que l’on est dans l’action, place à l’instinct. Tout cela n’a rien à voir avec une session normale, il faut s’adapter à des conditions extrêmes et faire de son mieux. Quand la session est finie on réalise quelque chose de fort ; on a été là au bon endroit, au bon moment, on y été. Et c’est ce côté rare et exceptionnel qui fait vibrer. Je prends plaisir à m’adapter à ces tempêtes plus qu’à faire une performance".
Quelles ont été les vagues les plus traîtres et imprévues ?
"Les vagues de Nazaré étaient fabuleuses, c’est un endroit mythique. Le niveau de stress était au-delà de ce que j’avais vécu ailleurs, ça a été une session marquante. J’ai aussi pris quelques vagues à la frontière espagnole, qui m’ont permis de partager avec les surfers locaux ; ce sont d’excellents souvenirs. C’est aussi ce que j’aime dans ces sessions, le fait de partager avec les autres wavedrivers, c’est unique !"
Vous parlez de partage entre wavedrivers, l'occasion de revenir sur l'année blanche qui vient de s'écouler. Comment en avez-vous profité ?
"J’ai profité de mes voyages en Bretagne, au Portugal et en Espagne, entre l’automne, l’hiver et le printemps pour naviguer dans de grosses vagues. J’ai pris le temps de préparer mes sessions XXL, c’était mon seul objectif. J’ai pu m’y consacrer et ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai pu passer du temps avec ma famille, voyager et profiter de grosses vagues. Le rêve ! Ça fait 15 ans que je fais des compétitions, ça fait du bien de ne plus être pressé par des échéances, c’est un grand bol d’air !"
Une parenthèse qui se referme à l’approche de la finale du championnat du monde PWA de windsurf qui débute le 12 novembre. Dans quel état d'esprit y participez-vous ?
"Je ne me suis pas préparé à avoir une compétition avant 2022 pour être honnête, tout s’est décidé au dernier moment.
C’est absolument génial pour le sport que l’évènement soit maintenu, surtout pour les jeunes qui depuis deux ans n’ont pas eu d’opportunités de se démarquer au plus haut-niveau. Ce seront des retrouvailles très fortes ! Mais j’y vais sans aucune pression, sans ambition particulière. J’ai fait une très bonne année, j’ai pris du plaisir et j’ai fait plein de belles images ! Aujourd’hui je veux juste faire de mon mieux, m’amuser et nous verrons… Tout peut arriver !"
La finale du championnat du monde PWA de windsurf se tiendra à Marignane. Pour un navigateur amoureux de l'imprévu, c'est un spot qui vous est plutôt familier...
"Oui, Marignane est l’un de mes spots préféré, c’est là où je m’entraîne quand je suis chez moi. Ce sera une compétition « à domicile » donc j’ai un avantage. Ça fait 25 ans que je navigue régulièrement sur ce spot, je le connais par coeur, je sais ce qui m’attend !
Nous sommes plusieurs de la région à participer, c’est rassurant. Je trouve génial que mes proches puissent vivre l’évènement, c’est une chose à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Je vais enfin pouvoir partager ça avec mes amis, qui ne peuvent pas venir me voir en temps normal. Ça va être une autre ambiance !
Ce sera très étrange de me trouver face aux meilleurs mondiaux, sur ce spot qui m’est familier et que j’affectionne ! J’ai hâte de vivre cette expérience".