
La voile, une destinée ?
"Je suis né dedans, comme la plupart des champions dans leur sport. Mon père était l’un des précurseurs de la planche à voile lorsque cette discipline a fait son apparition en France, dans les années 70. Au moment de ma naissance, en 72, il avait déjà un club de voile puis plus tard il a monté une école de voile saisonnière qui fonctionnait juillet/août. Aujourd'hui ma femme et moi nous en occupons toujours.
Quand j'étais enfant c'était très difficile pour les "mômes" de faire de la planche, il n'y avait que de grands gréements, des planches immenses ; mon père m'avait fabriqué un petit gréement à ma taille et je m'amusais entre deux châteaux de sable.
Les années sont passées mais la voile ne m'a jamais quitté, j’étais tout le temps sur un bateau, une planche, un canoë, n’importe où... À cette époque il y avait énormément d'engouement autour des compétitions, chaque club de l'île de Ré en organisait, tous les week-end il y avait des compétitions junior. J'y participais et je gagnais tout ! Plus tard je suis rentré en sport-étude à la Rochelle. J'ai été champion de France minime, puis senior et j'ai suivi une préparation olympique pour finalement m'orienter vers le support funboard, plus adapté à mon gabarit. J'étais trop imposant, trop lourd pour faire de l'olympisme, donc je suis parti sur la coupe du monde de windsurf".

La saison 2021 a été particulièrement calme pour les riders... Comment l'avez-vous traversé ?
"La saison 2021 a été on ne peut plus calme... Ces trois derniers hivers j'en ai profité pour construire moi-même ma maison avec mon père. J'y étais 24h/24 et 7j/7 ! Avec ma femme nous devions aussi préparer les saisons d'été de l'école de voile à venir, c'était un gros travail ! Les moniteurs, les contrats, les préparations de stage, sur place je fais tout avec ma femme !
C'est mon petit train de vie quand je ne suis pas en compet'. L’été c'est très difficile pour moi de naviguer, même si je fais un petit peu de wind avec les moniteurs de l’école de temps à autre le soir pendant une demi-heure. Je peux difficilement me consacrer aux entraînements.
J’ai été beaucoup moins en mer mais cette année je me suis remis à naviguer. En Israël j'ai terminé 5ème sans trop d'entraînement, ce n'est pas si mal".
Le défi Wind à Gruissan approche, de quoi est-il symbole ?
"Le défi Wind est la compétition la plus regardée et c’est moi qui ai gagné l’étape du Japon en février 2020 ! Il n'y a plus eu d'épreuves depuis malheureusement... Mais cette étape est très suivie, les plus grands champions y seront. Ce défi représente beaucoup pour moi.
Je veux toujours la première place. Après il ne faut pas non plus rêver, mes concurrents se sont beaucoup entraînés, ils ne font que ça, donc à voir... Mais si j’arrive à me battre dans les trois premiers, à être là au match et à remporter quelques épreuves ce serait superbe !"
Après un long séjour sur la terre-ferme, vous entraînez-vous aux compétitions à venir ?
"J'ai repris les entraînements il y a peu, aux alentours du 15, 20 septembre, une fois que nous avions tout démonté à la plage. Et puis nous avons eu l'arrivée de notre deuxième enfant ! C'est plus difficile de s'entraîner (rires). Et malheureusement, je me suis tranché le pied, j'ai pris sept points de suture et ça fait déjà sept jours que je peux difficilement m'entraîner.
Aujourd'hui j'appréhende différement mes blessures. J'ai de l'expérience, je sais que je vais réussir à gérer. Mais je suis déçu, j'avais beaucoup de choses à tester ! Il faut de l'entraînement, que tout soit réglé aux petits oignons, du réglage, beaucoup de réglage... Mais à cause de cette blessure je ne peux pas m’entraîner, le docteur m’a prescris dix jours sans aller dans l’eau donc je vais y retourner demain ou après-demain je pense. La plaie guérie vite, c’est déjà bien".