Des chasseurs de rongeurs devenus mascottes
À l’origine, les chats embarqués avaient une fonction bien précise : traquer rats et souris, ennemis jurés des vivres et des cordages. Ces rongeurs s’attaquaient aux cargaisons et aux étoupes servant à calfeutrer les coques des navires. À tel point que certaines compagnies d’assurance maritimes refusaient de couvrir les dégâts si l’on ne pouvait attester de la présence d’un chat à bord !
Les Égyptiens furent les premiers à comprendre leur utilité et les emmenaient sur les bateaux naviguant sur le Nil. Plus tard, les Phéniciens ont contribué à leur diffusion en Méditerranée, tandis que les Vikings embarquaient des chats norvégiens pour leurs expéditions vers l’Ouest. On retrouve aussi des félins à bord du Mayflower, aux côtés des premiers colons qui ont traversé l’Atlantique vers le Nouveau Monde.
Des compagnons de route pour les navigateurs modernes
Avec l’essor de la plaisance et du voyage au long cours, le chat est devenu un véritable compagnon de vie à bord. Plusieurs navigateurs célèbres ont partagé leur aventure avec un félin. Jérôme Poncet et Gérard Janichon ont navigué dans les mers australes avec Trognon, un chat au caractère bien trempé. Après une tempête, le félin effrayé a refusé tout contact avec ses maîtres, et a fini par déserter le bord lors d’une escale à Tahiti, pressentant sans doute un nouveau périple difficile vers les glaces antarctiques.
Dans les années 1970, le navigateur Loïck Fougeron a, quant à lui, perdu son chat Minable en plein Atlantique. Un drame personnel que d'autres ont heureusement évité : en 2010, Gwendal Denis, navigateur-blogueur, parvient à sauver sa chatte Touline tombée à la mer au large du Cap-Vert grâce à une lampe torche et une épuisette. Touline, depuis, a exploré les côtes du Brésil, de l’Uruguay et de l’Argentine.
Le chat, marin dans l’âme... si on l’y prépare
Contrairement à une idée reçue, les chats s’adaptent plutôt bien à la vie sur un voilier, pour peu qu’on les y habitue dès leur plus jeune âge. Le roulis ne les dérange guère, et certains finissent même par trouver leur équilibre plus aisément que les humains.
Cependant, il faut respecter certaines règles de sécurité : les chats doivent être enfermés dans le carré lors des manoeuvres, car ils peuvent être attirés par les cordages en mouvement ou les voiles qui claquent au vent. Une fascination parfois dangereuse...
Aujourd’hui, les réseaux sociaux regorgent d’histoires de marins modernes qui voyagent autour du monde avec leur chat à bord. À l’heure du numérique, ces félins deviennent souvent les stars des blogs nautiques ou des comptes Instagram, immortalisés entre deux mouillages, perchés à la proue ou endormis au soleil sur le pont.
Une présence apaisante au milieu de l’immensité
Au-delà de leur utilité ou de leur image pittoresque, les chats apportent une vraie compagnie aux navigateurs solitaires. Leur présence réconfortante, leurs habitudes familières, leur calme contagieux sont autant de repères sur les flots changeants. Comme l’écrivait l’écrivain marin Bernard Moitessier : « Le chat n’est pas un animal de bord. Il est le bord lui-même. »
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