Arnaud Boissières, un Vendée Globe brisé mais une innovation en guise d’espoir
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Un démâtage au goût amerArnaud Boissières n’a jamais abandonné un Vendée Globe. À chaque édition, depuis sa première participation en 2008, il a su déjouer les pièges d’un tour du monde en solitaire et sans escale. Cette fois, le sort en a décidé autrement. Son IMOCA a démâté, le contraignant à tirer un trait sur son objectif.Dans un message chargé d’émotion, il confiait son désarroi : « Ce soir je suis bien dépité, bien désolé. Forcément, j’ai connu des jours meilleurs, j’ai pas été épargné ces derniers temps. J’ai mal pour mon bateau ce soir, j’ai mal pour tout le travail qu’on a fait avec l’équipe, en une fraction de seconde… On va imaginer la suite, je sais pas comment. Le principal truc c’est de pas se faire mal, pas prendre de risques. Merci pour tous les messages. Je vais manger, je vais pleurer, et puis je vais voir la suite différemment. »
Ce coup dur n’a pas laissé ses concurrents indifférents. Romain Attanasio (Fortinet - Best Western) a exprimé son émotion et son inquiétude : « On est tristes pour Cali. Ça m’a fait un peu lever le pied cet après-midi d’ailleurs, je dis que je suis au taquet mais j’ai quand même navigué très tranquillement parce que ça m’a bien calmé cette histoire de démâtage… »Même à distance, la solidarité entre marins se fait sentir. Fabrice Amedeo a également réagi dans une publication Facebook : « Aujourd’hui j’ai appris que Cali avait démâté. Je suis forcément très triste pour lui. Sa performance n’est pas de gagner un jour le Vendée Globe mais de boucler tous ses tours du monde et il était en passe de boucler son 5e Vendée Globe. Alors c’est une grande tristesse de le voir échouer si proche du but. Je pense à lui, à son équipe et ses soutiens et à sa famille. »
Le Liberty Kite, une innovation mise à l’épreuveSi le Vendée Globe d’Arnaud Boissières s’arrête prématurément, son aventure, elle, continue. Il ne s’agit plus de performer mais de rentrer en sécurité. Pour cela, le skipper a choisi de tester une innovation qui pourrait révolutionner la gestion des avaries de gréement : la voile Liberty Kite.Cette aile de traction, développée par la société Beyond the Sea, permet à un bateau démâté de continuer à avancer en utilisant le vent. L’idée ? Remplacer temporairement la grand-voile et le génois par une aile de kite, inspirée des cerfs-volants. Plus légère et plus facile à déployer qu’un gréement de fortune classique, elle offre une alternative efficace pour rallier la terre en autonomie.Le défi est désormais pour Boissières de naviguer vers les Antilles grâce à ce système. Une première sur le Vendée Globe, et une occasion inédite de tester cette technologie en conditions réelles de course océanique.
Un skipper résilient malgré toutArnaud Boissières, surnommé « Cali », n’est pas du genre à baisser les bras. Même privé de course, il s’accroche à son bateau, déterminé à rentrer sans assistance. Sa mésaventure pourrait bien servir à l’avenir : si Liberty Kite se montre efficace, d’autres marins en difficulté pourraient s’en inspirer pour éviter l’abandon pur et simple.Le Vendée Globe est une épreuve sans pitié, où l’on passe en un instant de l’euphorie à la désillusion. Mais il est aussi un laboratoire d’innovations et de résilience. En testant cette technologie, Arnaud Boissières transforme son malheur en opportunité. Un signe que, même battu par les éléments, l’esprit du marin reste toujours tourné vers l’horizon.
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