Le vrai coût d’une année sabbatique en bateau

Culture nautique

Vous rêvez de partir pour une année sabbatique sur votre bateau, avec votre famille, votre conjoint ? Une année sans hiver, à prendre le temps de vivre et de profiter de vos navigations et des mouillages. Un doux rêve qui a un coût certain, mais finalement pas si inaccessible !

Et si vous choisissiez le bateau pour vous en aller découvrir le monde pendant une année sabbatique ? ©Lagoon
Vous rêvez de partir pour une année sabbatique sur votre bateau, avec votre famille, votre conjoint ? Une année sans hiver, à prendre le temps de vivre et de profiter de vos navigations et des mouillages. Un doux rêve qui a un coût certain, mais finalement pas si inaccessible !

Une année sabbatique en bateau : rêve ou réalité ?
Une année entière en voyage en bateau n’est pas réservée aux seuls milliardaires. Avec un peu d’organisation et une bonne préparation en amont, c’est même jouable pour beaucoup d’entre nous, financièrement parlant s’entend. Si vous faites un petit sondage dans les mouillages aux Antilles, vous allez vous rendre compte que beaucoup de navigateurs (en pause professionnelle) sont issus de différents milieux : artisans, salariés, fonctionnaires, professions libérales ou petits patrons, mais aussi des médecins ou des infirmiers.
Et si vous questionnez ces heureux navigateurs, ils vous répondront :
1 – Qu’ils ne regrettent pas leur choix de cette année sabbatique ;
2 – Que la plus grande difficulté dans cette aventure a été de prendre la décision de partir et de mettre entre parenthèses leur vie professionnelle... Après, ce n’est que de l’organisation à mettre en place !

Qui peut partir une année en bateau ?
Il y a trois cas un peu différents selon le statut de chacun : le salarié, celui qui est « à son compte » et le retraité. Pour ce dernier, il est le seul décisionnaire. Il percevra sa retraite, qu’il soit à terre ou à farnienter sur un mouillage caribéen. Il faudra juste s’organiser pour recevoir son courrier (voir notre article ICI). Pour les actifs, en particulier ceux qui sont leur propre patron, c’est un peu plus compliqué. Il faudra organiser la continuité du travail pendant leur absence. Un remplaçant pour s’occuper de votre clientèle/patientèle ? Du télétravail ? Une équipe compétente déjà en place et que vous n’aurez qu’à briefer de temps en temps ? Quelle que soit la solution que vous choisirez selon votre profil et votre profession, les solutions existent aujourd’hui, pour vous organiser,( presque) facilement.

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Quid des salariés ? La législation permet à chacun de profiter d’un congé de longue durée, sans justification à fournir à son employeur – mais en obtenant son accord – pour une durée de 6 à 11 mois, renouvelable une fois. Le congé sabbatique du salarié est ouvert à tous les salariés qu’ils soient en CDD ou CDI, cadres ou non cadres s’ils travaillent depuis au moins 36 mois dans l’entreprise, ont déjà travaillé au moins 6 ans et n’ont pas pris un congé sabbatique ou bénéficié d’un projet de transition professionnelle ou d’un congé pour création ou pour la reprise d’entreprise dans les 6 années précédant. Il faut faire sa demande au moins 3 mois avant le départ envisagé, mais il est conseillé de l’anticiper le plus en amont possible, pour permettre à son employeur de s’organiser. A l’issue du congé sabbatique, le salarié retrouve son poste ou un équivalent, et son salaire. A noter que pendant son absence, le contrat de travail est suspendu, mais le salarié fait toujours partie de l’effectif de l’entreprise et, à ce titre, conserve sa couverture sociale.
L’employeur peut proposer des dates de départ et retour différentes, mais ne peut refuser que si le départ du salarié risque de créer des conséquences préjudiciables à la bonne marche de l’entreprise, après avis en ce sens du Comité social et économique (CSE).

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Le choix du bateau est fondamental pour connaître le coût de votre année sabbatique © Alubat

Quel bateau pour une année sabbatique ?
Monocoque, catamaran, trimaran, à voile ou à moteur, neuf, récent ou d’occasion, qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse… Le choix du bateau va avant tout dépendre de vos moyens financiers, mais aussi de vos goûts en matière de navigation et bien sûr de votre programme de navigation. Si vous êtes déjà propriétaire d’un bateau qui répond à votre cahier des charges, il ne restera qu’à l’équiper pour cette navigation particulière, faire un bon entretien voire un refit et… à vous l’aventure. Si votre bateau ne convient pas à votre projet, ou si vous n’en possédez pas, il faudra trouver la bonne monture. Et, invariablement, se posera la question de l’achat ou de la location.

Location ou achat ?
La location longue durée a un coût certain. Mais aussi un avantage important : vous n’aurez pas à vous casser la tête pendant des mois sur le choix du bateau, son équipement ou encore le problème de la revente éventuelle après votre voyage. Sauf que… les locations longue durée ont quasiment disparu des offres des loueurs professionnels. Et pour les rares qui proposent ce service, la note peut être salée.
Autre solution si vous ne voulez pas vous lancer dans un processus forcément long et fastidieux d’achat : trouver un arrangement avec un particulier. Un choix qui peut être judicieux mais sans la sécurité ni les garanties d’un professionnel… Il convient, si vous optez pour la location longue durée auprès d’un particulier, de faire réaliser une expertise rigoureuse avant et après la location. Une précaution qui vous rassurera sur l’état du bateau sur lequel vous allez vivre pendant de longs mois et qui garantira à votre loueur une restitution dans l’état du départ. Un moyen de récupérer sa caution plus facilement !
Le manque de disponibilité d’unités en location longue durée impose à la majorité des navigateurs tentée par une année sabbatique de partir sur leur propre bateau. Reste à l’acheter neuf ou d’occasion.

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A chaque programme de navigation va correspondre un bateau : neuf ou occasion, monocoque ou catamaran, voile ou moteur… © Dufour – Jean-Marie Liot

Un bateau neuf ou d’occasion ?
Puisque l’on parle du coût d’une année sabbatique, l’achat du bateau est bien évidemment le gros de l’investissement. Un montant qui va varier considérablement en fonction du type d’unité, de son âge, de sa taille et bien sûr de son état et de la préparation qu’il va demander pour vous emmener confortablement en voyage.
Un bateau neuf, bien équipé, acheté en leasing puis revendu après votre longue croisière est un choix qui se défend. Encore faut-il choisir un bateau très demandé sur le marché, être certain que le chantier ne sortira une nouveauté pour remplacer votre modèle d’ici votre retour et, enfin, anticiper la revente (en le confiant, en amont par exemple, à un broker). Reste une inconnue, à savoir l’état dans lequel sera le marché de l’occasion au moment de votre retour. Certaines périodes sont fastes, d’autres… un peu moins !
Dans le cas de l’achat d’un bateau d’occasion, il est plus facile d’imaginer faire une opération neutre. Une unité recherchée qui a déjà plusieurs années ne décote quasiment plus. Vous pouvez donc espérer la revendre le prix que vous l’aurez achetée. Là encore, selon l’état du marché de l’occasion au moment où vous rentrerez de votre année sabbatique…

Le coût de la préparation
Panneaux solaires, éoliennes, hydrogénérateur, groupe froid, dessalinisateur, parc batteries adapté, une annexe en bon état et suffisamment motorisée… Les équipements plus ou moins indispensables en grande croisière coûtent cher. Mais ils vont vous offrir un vrai confort à bord. Là encore, il faudra faire des choix en fonction de vos moyens, de vos besoins réels et du plus qu’ils pourraient apporter au moment de la revente de votre bateau. Donc, attention aux options et aux aménagements trop personnels, qui pourraient être un frein à la revente…
La sécurité est aussi essentielle, surtout si vous envisagez une (ou deux, dans le cas d’une boucle Atlantique) transat pendant votre périple. Une survie répondant aux besoins de votre navigation, des balises individuelles etc. Mais aussi un service météo sérieux ou encore un bon système de communication sont essentiels. Là encore, le coût de la préparation va dépendre fortement de votre bateau, de votre manière de naviguer et de votre programme.

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Une année sabbatique pour se retrouver en couple ou en famille et profiter de la vie, tout simplement ! © Bénéteau – Jérôme Kélagopian


Puisqu'on parle de préparation, n'oublions pas celle de l’équipage. Qui aura, elle aussi, un certain coût ! Un stage de premier secours est le minimum à suivre, tout comme il faut apporter un soin particulier à la création d'une pharmacie du bord complète. Et si votre parcours vous emmène vers des coins reculés, il faut être capable de réparer ce qui peut tomber en panne et gâcher votre croisière : un stage de mécanique diesel est alors appréciable…

Et pendant le voyage ?
Vous voici à la barre d’un bateau loué ou acheté, bien équipé pour votre périple. Il ne vous reste plus qu’à l’assurer et à appareiller. Attention, vous n’en n’aurez pour autant pas fini avec les dépenses… N’oubliez pas les escales, frais de port, clearances (les taxes lors de votre arrivée dans un nouveau pays – et aux Antilles, on change de pays… à chaque île), visas, billets d’avion éventuels pour rentrer si besoin et bien sûr le carburant. Là encore, les dépenses ne seront pas les mêmes si vous êtes sur un bateau à moteur de 15 mètres ou sur un voilier de 10 mètres. Rappelez-vous qu’en voyage et même sur un voilier, on se sert beaucoup du moteur, ne serait-ce que pour produire son énergie et faire tourner le dessalinisateur…
Enfin, ne négligez les dépenses imprévues : frais médicaux, réparations sur le bateau, mais aussi pour profiter d’excursions, de visites, de loisirs non programmés.

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Les bateaux neufs sont bien aménagés mais nécessitent, avant de partir vivre à bord, une vraie préparation et de nombreux équipements supplémentaires pour en profiter pleinement. A planifier et à budgéter. © Jeanneau

Alors, combien ?
Vous l’aurez compris à la lecture de cet article, le vrai coût d’une année sabbatique va fortement dépendre du choix de votre bateau et de votre manière de vivre en croisière.
Pour le seul bateau, entre son achat et sa préparation (et tous les frais annexes) et dans le cas où vous le revendez correctement après votre voyage, vous pouvez estimer son coût sur l’année sabbatique entre 10 et 50 000 euros.
Certains dépenseront beaucoup moins en ayant trouvé une belle occasion toute équipée revendue au prix acheté, d'autres beaucoup plus avec un bateau neuf suréquipé...
A cette somme, il faudra ajouter les dépenses pendant le voyage. Un montant qui, là encore, va considérablement dépendre de la manière dont on aime vivre. On trouve des ascètes qui arrivent à s’en sortir avec un budget de 1000 euros mensuels à deux, et d’autres qui pourront se permettre de dépenser plusieurs milliers d’euros. La moyenne des dépenses pour un couple en année sabbatique est plus proche des 2500 euros par mois. Une somme qui permet de profiter de la vie en escale, de bons petits restaurants locaux et de louer une voiture pour visiter l’intérieur des îles les plus sympas. A chacun ses envies… en fonction, aussi de ses moyens ! Seule certitude, sur l'eau, on dépense toujours beaucoup moins qu'à terre…
Concrètement, une année sabbatique en bateau, entre l’achat, la revente et la vie pendant un an à deux peut coûter un minimum de 20 000 euros et… beaucoup, beaucoup plus ! Une moyenne raisonnable tourne autour des 50 à 60 000 euros. Le prix d'une grosse berline !


C’était bien ? Le retour en question
Les meilleures choses ont une fin, et c'est aussi le cas d’une année sabbatique. Il faudra bien rentrer et retrouver une vie dite "normale". Reprendre le travail pour certains, l’école si vous partez avec vos enfants… Pas si simple après avoir vécu une vie pleine et entière, seul, en couple ou en famille. Les témoignages démontrent que ce sont les enfants, qui sont les plus agiles à s’adapter. Ils sont devenus marins en quelques jours au départ, ils redeviennent terriens encore plus vite au retour, retrouvant leurs habitudes avec gourmandise. Pour les adultes, c'est parfois plus difficile et même douloureux. Certains choisissent d’écrire un livre, de tenir un blog ou de réaliser un film pour continuer l'aventure, et "redescendre" plus doucement… Dans presque tous les cas, il restera de cette parenthèse enchantée, des souvenirs incroyables et de formidables moments de partages.
Et si c’était à votre tour ?

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La préparation de votre « maison-bateau » doit être irréprochable : impossible de manquer d’énergie ou d’eau douce alors que vous êtes dans un mouillage de rêve… © DR

Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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