Transat Paprec : 48h chrono

La fin de cette Transat Paprec est un sommet de paradoxe. D’un côté, les skippers racontent tous leur envie d’arriver, leur plaisir de se rapprocher de Saint Barthélemy et de ses douceurs. « On a vraiment hâte d’arriver et de festoyer avec tout le monde », explique Adrien Simon (FAUN) à l’unisson de tous les skippers. Mais il y a aussi dans toute la flotte l’impression d’une forme de fébrilité, la peur que le scénario échappe à tous ces marins qui se sont pourtant efforcés de le maîtriser depuis le départ il y a dix-sept jours.
« Mentalement, ce n’est pas facile, reconnaît Cindy Brin (Cap Saint Barth). Hier, on était en tête à 10 heures (heure universelle, UTC) avant de dégringoler au classement à 15 heures ». La native de Saint-Barthélemy évoque « une grosse molle (sans vent) pendant presque 15 heures, le bateau arrêté les voiles battantes alors que les autres avancent vite ».
Slalomer entre les grains et les sargasses
Ces dernières heures, l’incertitude est partout. Dans la flotte, ça se traduit par « pas mal de changements de voile à cause de la direction du vent », confie Davy Beaudart. « Le vent est parti un peu dans tous les sens, c’était la foire cette nuit », raconte de son côté Adrien Simon (FAUN). La progression est rendue aussi difficile par les grains. « C’est la saint grain grain », sourit Martin Le Pape (Demain). Les grains surprennent, obligent à une vigilance de chaque instant mais pas seulement.
Ils mettent aussi les bateaux à rude épreuve. Le spinnaker principal de Décrochons la lune (Romain Bouillard et Irina Gracheva) s’est déchiré. « On a perdu un peu là-dessus, c’est dur », reconnaît Romain. À bord d’Humains en action, ce sont les aériens qui ont été endommagés à cause d’un éclair. « On a dû avancer à l’aveugle avant de réparer », raconte Hugo Cardon (Humains en action).
Des éclairs, Calanach Finlayson (Solan Ocean Racing) en a également immortalisé. Un peu plus tôt, le Britannique avait évoqué un autre problème : les sargasses. « Ça fait des journées bien chargées », confie Calanach. « Ce n’est plus une course, c’est à celui qui a le moins de sargasses dans ses appendices, s’exaspère Adrien Simon. C’est du non-stop et c’est vraiment usant. »
Une grande partie de la flotte en moins de trois heures à l’arrivée ?
Ces conditions ont évidemment un impact sur le scénario de la course. La flotte se répartit actuellement sur une ligne de 110 milles (203 kilomètres) entre ceux qui pointent le plus au Nord - dont Les Étoiles Filantes (Quentin Vlamynck et Audrey Ogereau) et Cap Saint Barth (Cindy Brin et Thomas André) - et ceux qui sont le plus au Sud, menés par Demain (Martin Le Pape et Mathilde Géron) et Décrochons la lune (Romain Bouillard et Irina Gracheva), les deux premiers au classement de 15 heures.
Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’ils ont pris l’avantage. « La panne d’alizés est modélisée différemment par les fichiers météos », rappelle ainsi Yann Chateau à la direction de course. Comme depuis plusieurs jours, certains peuvent avancer à 6 noeuds, d’autres à moins de 2 noeuds... Cette situation devrait perdurer jusqu’à vendredi où « l’alizé va rentrer ».
La conséquence, c’est de continuer à resserrer la flotte. « Quels que soient les modèles, les bateaux pourraient être très regroupés à l’arrivée, la plupart des bateaux pourraient arriver en moins de trois heures », précise Yann Chateau. Quid des ETA (heure estimée d’arrivée) ? « Les premiers pourraient en terminer entre jeudi soir tard ou vendredi matin tôt (heure locale) », explique le directeur de course adjoint avant d’ajouter : « mais les ETA sont à prendre avec beaucoup de pincettes vu la situation ».
Pendant ce temps, la flotte s’accroche, consciente que l’arrivée se rapproche plus que jamais. Et malgré la fatigue, les doutes, l’esprit embué par l’effort, tous ont l’espoir que le scénario leur soit favorable à la fin. C’est la conclusion d’un message de Cindy Brin ce matin : « On garde espoir jusqu’à la ligne d’arrivée. Nous avons tous une bonne étoile et je suis sûre que la nôtre va revenir ! »
Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Transat Paprec et suivez les skippers en direct grâce à la cartographie.