Transat Paprec : la « remontada » pour tous

Par Figaronautisme.com
carte de la course Transat Paprec en direct

LA SEIZIÈME NUIT. En ce mardi matin, le trio de tête est inchangé avec Wings of the Ocean (Alexis Thomas et Pauline Courtois, 1ers), Cap St Barth (Cindy Brin et Thomas André, 2es) et Skipper Macif (Charlotte Yven et Hugo Dhallenne, 3es). Leur option au Nord, un peu plus longue mais plus sûre que les autres, semble tenir la corde jusqu’au bout. Mais dans le même temps, la flotte continue de se resserrer : moins de 60 milles séparent les 15 premiers ! De quoi continuer à renforcer le suspense et à jouer avec les nerfs des marins.

Il a fallu qu’un club de foot, dans une compétition prestigieuse, gagne le match aller 4-0 puis perd le retour 6-1 pour faire apparaitre un mot qui n’a plus jamais quitté les lexiques des terrains de sport et d’ailleurs : la « remontada ». Depuis qu’il a émergé en 2017, le concept n’appartient d’ailleurs plus aux footballeurs mais à tout le monde. Il implique une remontée mais pas seulement : c’est aussi l’idée de faire son retour quand celui-ci semblait impossible, la capacité à revenir en pleine lumière après une traversée du désert. À la Transat Paprec, « la remontada » du moment a cela d’intéressant et d’inédit qu’elle concerne... Les trois quarts de la flotte !

« Un tassement très conséquent de la flotte »

À l’origine, il y avait Lola Billy et Corentin Horeau (Région Bretagne - CMB Océane), ralentis par un arrêt à Lisbonne pour remplacer leur safran bâbord, qui ont cravaché pour revenir dans le peloton. Et puis il y a eu cette tentaculaire zone sans vent entre la flotte et les Antilles. Résultat : les leaders sont les premiers à buter dans cette zone, ce qui permet le retour de l’ensemble de leurs poursuivants. « On constate un tassement très conséquent de la flotte avec des bateaux qui reviennent de l’arrière en ayant plus de vent », précise Francis Le Goff, le directeur de course. Certains duos ont même été complètement arrêtés pendant un temps à l’image de Charlotte Yven et Hugo Dhalenne (Skipper Macif) dont les compteurs sont restés un temps bloqués à 0,9 noeuds !

Malgré tout, « ceux qui ont mené la course jusque-là sont toujours dans le paquet de tête » précise Francis. Les trois premiers - Wings of the Ocean (Alexis Thomas et Pauline Courtois, 1ers), Cap St Barth (Cindy Brin et Thomas André, 2es) et Skipper Macif (Charlotte Yven et Hugo Dhallenne, 3es) - ont « peut-être un peu plus d’atouts en ayant décidé de faire une route plus nord ».

Une arrivée attendue entre le jeudi 8 au soir et le vendredi 9 au matin

Mais les équilibres sont fragiles. Francis rappelle en effet que « les vents faibles ne sont pas bien modélisés dans cette zone » et évoque « l’activité orageuse » et les grains. « La météo, c'est la roulette russe, souffle Victor Le Pape (Région Bretagne - CMB Espoir). Ça dépend de rien, ce n'est prévisible en rien et c'est bien frustrant ».

« C'est la grosse incertitude... C'est un peu notre Pot-au-Noir », ajoute Davy Beaudart (Hellowork). « Il y aura beaucoup de jeu jusqu'à la fin, ça va être chouette », assure Adrien Simon (FAUN).

« On n’est pas à l’abri, comme dans la Solitaire du Figaro, de voir un bateau ou un groupe démarrer un peu plus qu’un autre et conserver un avantage jusqu’à la fin », assure Francis. Ces prochaines heures, les skippers pourraient « retoucher un peu plus de vent », notamment pour ceux qui font une route plus Nord. Ensuite, l’approche des îles s’annonce « compliquée ». « Il faudra être opportuniste et sur le coup... Ça annonce un nouveau casse-tête pour la flotte ».

Cette situation météo complexe avec ces vents erratiques rendent difficile d’estimer avec précision l’heure d’arrivée (ETA) des premiers skippers. « Pour certains modèles, l’ETA serait le jeudi 8 à 22 heures (heure locale, 4 heures en métropole), pour d’autres le vendredi 9 à 10 heures (16 heures en métropole) ». Mais Francis tient à rappeler « qu’il faudra patienter pour affiner les ETA ». En revanche, une arrivée groupée continue de se profiler. D’ailleurs les deux derniers de la flotte - les jeunes Ellie Driver et Oliver Hill (Women Engineering Society, 17e) ainsi que Pier-Paolo Dean et Tiphaine Rideau (Les Banques Alimentaires, 16e) - sont jusqu’à 3 noeuds plus rapides que les autres. Ils vont donc continuer à réduire fortement les écarts dans les prochaines heures avant une arrivée qui s’annonce donc spectaculaire à Saint-Barthélemy.

DES NOUVELLES DE LA FLOTTE

« Ça va être un finish un peu long mais au moins on en profite pour sécher nos affaires », confie Thomas de Dinechin (Almond for Pure Ocean). Romain Bouillard, lunettes de soleil et chapeau sur la tête, explique lui aussi « avoir retrouvé le soleil et faire tout sécher, c’est l’été ici ». « On est en lycra et en short, on se rapproche de la maison », s’amuse Cindy Brin (Cap St Barth). « C’est la première fois qu’on a pu naviguer sans les cirés depuis le début de la course », a apprécié Laure Galley (DMG MORI Academy). De quoi permettre de profiter un peu plus du décor. Adrien Simon évoque « le beau ciel étoilé avec plein de météorites, de grosses boules vertes, super sympa à voir ».

D’autres ont immortalisé le coucher de soleil comme Maggie Adamson et Calanach Finlayson (Solan Ocean Racing), Anaëlle Pattusch et Hugo Cardon (Humains en action). Martin Le Pape et Mathilde Géron, eux, ont été pris en photo par un cargo français et ont pu échanger avec eux par la VHF. De leurs côtés, Ellie Driver et Oliver Hill (Women Engineering Society) ont pris le temps de revenir sur leur rencontre avec une baleine. Cindy Brin et Thomas André (Cap St Barth) se sont activés pour enlever les poissons-volants qui se sont faufilés partout sur le pont. Romain Bouillard, lui, a fait une vidéo de Poulpie, son poulpe en peluche. « Il a été mouillé et pourtant il ne se plaint jamais. C’est un gars chouette ! » Mathilde Géron, elle, a découvert les petits mots que ses filles lui ont écrits. « Allez maman, tu es la meilleure ! Faut que tu nous ramènes la coupe ! » Il n’y a pas mieux pour rester motivé jusqu’au bout !

Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Transat Paprec et suivez les skippers en direct grâce à la cartographie.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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