
Sur certaines plages, des dispositifs spécifiques permettent de compenser les obstacles naturels comme le sable, les dénivelés ou les escaliers. On trouve ainsi des caillebotis, posés temporairement ou à demeure, permettant aux fauteuils roulants ou déambulateurs de circuler jusqu’à la zone de baignade. Des fauteuils amphibies, comme le Tiralo ou l’Hippocampe, permettent de flotter dans l’eau avec l’aide d’un accompagnant.
À cela peuvent s’ajouter des douches et toilettes accessibles, des rampes d’accès, des douches à hauteur réglable, ou encore des cabines de plage conçues pour les utilisateurs de fauteuil roulant. Toutefois, ces équipements ne sont pas systématiques. Leur installation dépend du volontarisme local, car aucune obligation nationale n’impose aux communes de rendre les plages accessibles.
Moins de 10 % des plages réellement accessibles
Selon une enquête de TF1 Info publiée en 2023, seulement 221 plages sont accessibles aux personnes à mobilité réduite sur les quelque 2 600 sites de baignade recensés en France. Ces plages, réparties sur les côtes de l’Atlantique, de la Méditerranée, de la Manche et même en Outre-mer, offrent un minimum d’aménagements, mais avec de grandes variations de qualité.
Certaines stations balnéaires comme La Baule, Palavas-les-Flots ou Biarritz ont fait des efforts visibles. D'autres zones, y compris touristiques, restent à l’écart de cette dynamique, faute de moyens, de volonté politique ou d’information suffisante.
Un repérage facilité par les labels
Pour guider les vacanciers concernés, deux références principales existent. La première est le label Tourisme & Handicap, délivré par l'État, qui identifie les établissements et équipements touristiques répondant à des critères d’accessibilité pour les quatre types de handicaps (moteur, auditif, visuel et mental). En 2023, environ 4 300 sites labellisés étaient recensés, tous secteurs confondus. La liste est consultable sur le site tourisme-handicaps.org.
La seconde est l’association Handiplage, fondée en 2000, qui propose sur son site une carte interactive des plages accessibles, accompagnée de descriptions pratiques. L’association s’appuie sur des fiches de terrain et des remontées d’informations, souvent issues des municipalités.
Certaines communes vont plus loin : elles forment du personnel pour accompagner la baignade, mettent en place des zones de repos ombragées ou organisent des animations inclusives. Ces efforts restent néanmoins ponctuels et très localisés.

Une accessibilité inégale et souvent saisonnière
Autre difficulté : la saisonnalité des aménagements. Sur beaucoup de plages, les équipements comme les caillebotis ou les fauteuils amphibies sont installés uniquement en été. Hors saison, il n’est pas rare de trouver une plage "accessible" vidée de ses installations, faute de surveillance ou d’entretien.
Cette accessibilité limitée dans le temps complique les séjours hors haute saison et renforce les inégalités territoriales. Les familles ou voyageurs en situation de handicap doivent souvent préparer leur déplacement avec une grande anticipation, en vérifiant les installations disponibles, les périodes d’ouverture et l’accessibilité réelle du site.
Un cadre légal encore insuffisant
La loi du 11 février 2005 sur l’égalité des droits et des chances impose l’accessibilité dans les établissements recevant du public, dans les transports et l’espace urbain. Toutefois, les plages naturelles n’entrent pas systématiquement dans ce cadre, ce qui laisse aux collectivités une grande latitude. Le Défenseur des droits, dans son rapport annuel de 2024, a rappelé que les manquements en matière d’accessibilité restaient nombreux dans les espaces publics, y compris sur le littoral.
Des associations comme Handi Surf, engagées dans l’accès au sport nautique pour les personnes en situation de handicap, militent aussi pour une meilleure prise en compte des besoins spécifiques dans les appels d’offre publics ou les projets d’aménagement touristique.
L’accessibilité du littoral reste donc très incomplète, malgré la visibilité croissante du sujet. De nombreux vacanciers doivent renoncer à la plage, faute d’aménagement ou d’accueil adapté. D'autres découvrent trop tard qu’un site "annoncé accessible" ne l’est que partiellement.
La mer est un lieu d’évasion, de bien-être et de liberté. Elle ne devrait exclure personne. Pour que les plages deviennent réellement inclusives, l’enjeu dépasse les équipements : il touche aussi à l’information, à la formation, et à la volonté politique d’agir partout sur le territoire.
Et, avant de vous rendre sur une plage, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.