
Selon les informations communiquées par Greenpeace et confirmées par la mairie, un arrêté municipal, pris conjointement par le maire de Nice et le préfet, a annulé la participation de l’Arctic Sunrise. Le navire devait pourtant rester amarré trois jours à quai, à partir de mercredi, et participer aux événements organisés en marge du sommet. Sa présence avait été envisagée aux côtés de navires comme le Thalassa ou le Tethys II de l'Ifremer, le Meteor allemand, le Gaia Blu italien, l’Odon de Buen espagnol, la goélette Tara, le Perséverance de Jean-Louis Étienne, le Blue Panda du WWF ou encore l’Ocean Explorer, soutenu par le philanthrope Ray Dalio.
La décision d’écarter l’Arctic Sunrise du dispositif d’accueil à quai n’empêche toutefois pas les membres de Greenpeace de participer au sommet. Elle intervient dans un contexte de tensions entre l’ONG et les autorités françaises, en lien avec une action de terrain récente menée par Greenpeace en Méditerranée. Le 21 mai, depuis le Arctic Sunrise, l’organisation a en effet largué une quinzaine de rochers dans une aire marine protégée. Objectif revendiqué : entraver le chalutage de fond, une méthode de pêche interdite dans cette zone mais, selon l’ONG, encore pratiquée.
Une opération en mer contestée par le gouvernement
La ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, avait vivement critiqué cette opération. Le 22 mai, lors d’un comité de pilotage du sommet à Nice, elle avait déclaré : « Je ne peux que réprouver qu'un bateau de Greenpeace soit entré dans une aire marine protégée pour y déverser des cailloux (...), soi-disant pour empêcher des chaluts de venir alors que c'est un parc où les chaluts ne sont pas autorisés. » Greenpeace, de son côté, affirme avoir constaté la présence effective de plusieurs chalutiers dans cette zone.
La mairie de Nice a indiqué que la décision de refuser l’accès au port au Arctic Sunrise faisait suite à une demande formulée par la ministre lors de ce même comité de pilotage. Le cabinet de Mme Pannier-Runacher a toutefois démenti toute implication directe dans cette décision, précisant que les questions d’ordre public ne relevaient pas de ses attributions.
Pour le directeur exécutif de Greenpeace International, Mads Christensen, cette exclusion est "une décision politique (...) absolument inacceptable".
Ce n’est pas la première fois que le navire de l’ONG est écarté des événements liés au sommet. Le 1er juin, le Arctic Sunrise avait déjà été exclu de la grande parade maritime organisée à l’occasion de la Journée mondiale de l’océan. L’organisateur de la parade, Yvan Griboval, a justifié cette décision par le refus de prendre le risque d’une action militante pendant le défilé. Il a affirmé qu’il s’agissait d’un choix personnel, sans aucune dimension politique.
L’exclusion du Arctic Sunrise contraste avec la volonté affichée d’inclure la société civile dans les discussions sur l’avenir des océans. Elle met en lumière les tensions persistantes entre certaines ONG environnementales et les autorités, dans un contexte où la protection des milieux marins reste un enjeu diplomatique et écologique majeur.