
Maintenant, de l’imagination au lancement, en passant par la conception et la mise au point, il n’y a pas qu’un pas. Quant à la rentabilité des quelques projets qui ont été mené à bien, on l’attend encore...
Il y a toujours des véhicules qui roulent sur terre et naviguent sur mer : les véhicules militaires. Ils ont été utilisés pour le Débarquement du 6 juin 1944 et sur quelques théâtres d’opérations militaires, mais sur de très courtes distances, tant sur terre que sur mer. Il y a aussi les Sealegs, semirigides très bien conçus, mais propulsés sur terre par un moteur électrique qui leur permet d’aller du parking au plan d’eau sur quelques hectomètres. Kilomètres ? Humm... 3,7 maximum et à la vitesse de 7,5 km/h en version haut de gamme XRT. Les Sealegs sont de bons bateaux, pas des autos.
La véritable auto amphibie roule sur terre et navigue sur l’eau propulsée par le même moteur. La seule qui ait vraiment fonctionné est celle mise au point par l’industriel allemand Hans Trippel dans les années 60. L’Amphicar était construite à sur une base de Triumph Herald, voiture anglaise dont le moteur 1147 CC était le plus moderne de l’époque. L’Amphicar est annoncée avec des performances alléchantes : 112 km/h sur route et 7 nœuds sur l’eau. Une authentique auto et un petit bateau pour se promener sur des eaux calmes. Sur terre, l’Amphicar se révèle dangereuse au-delà de 70 km/h. La garde au sol est si élevée que la tenue de route est aléatoire. Sur l’eau, c’est un problème de direction qui rend les manœuvres imprécises : en effet, ce sont les roues avant qui font office de gouvernail... Autant dire qu’il faut tellement anticiper au moindre courant et à chaque souffle de brise, que les heureux propriétaires de l’Amphicar n’osent sortir leur joli cabriolet que sur les plans d’eau douce et par calme plat. Quand même : deux Amphicars ont traversé la Manche de Douvres à Calais le 16 septembre 1962. La légende raconte qu’elles ont affronté des vagues de six mètres. Cette légende n’est pas plus vraie que les autres. Il y avait une longue houle d’ouest certes, mais pas de vagues et peu de vent. Peu de courant aussi : la traversée s’est faite en mortes-eaux, quelques jours après les marées d’équinoxe. Le même jour, le président John Kennedy annonçait la détermination américaine de conquérir la lune. Malgré la Guerre Froide, c’était l’époque de toutes les ambitions...

La production de l’Amphicar est lancée mais ne sera acquise que par ceux qui sont séduits par une auto ludique. L’Amphicar ne sera jamais considérée comme un moyen de déplacement. Commencée en 1960, la production s’arrête en 1965. 3878 exemplaires de construits. Il en sera vendu des neuves jusqu’en 1968, la fabrication ayant pris de l’avance sur la commercialisation. Les deux tiers sont parties aux Etats-Unis. Il en resterait 600 dans le monde dont 450 aux Etats-Unis et autour de80 en Europe. Ce n’est pas tant la corrosion qui a eu raison des Amphicars qu’il fallait graisser en 13 points après chaque sortie, c’est le feu : le réservoir d’essence est placé devant le circuit électrique, et pour peu que le moteur chauffe un début d’incendie mettait fin au rêve du propriétaire qui n’avait été heureux que le jour de son achat...

De nouveaux projets encore à quai
Quelques constructeurs spécialisés proposent des véhicules amphibies qui ne sont pas pour le moment homologués sur le marché français :
Gibbs Amphibian, entreprise américaine basée dans le Michigan (près des Grands Lacs) propose une gamme presque complète, de la voiture familiale au quad, en passant par le scooter des mers.
Watercar, constructeur basé en Californie, propose un bateau de 22 pieds propulsé par un moteur hors-bord et en mesure de circuler sur la route, sur une courte distance. Comparable au Sealegs que l’on peut se procurer sur le marché français.
BYD, le fameux constructeur chinois prévoit d’exporter en Europe le Yang Wang. L’auto détecte une profondeur d’eau à partir d’un mètre, relève la suspension, ouvre le toit, flotte pendant 30 mn et se déplace sur l’eau à la vitesse de 3 km/h. Pas pour ceux qui veulent un véhicule de loisir... Pour ceux qui vivent dans l’angoisse des inondations.