
Que deviennent les bateaux lorsque sonne l’heure de leur retraite ? On a tous en tête des images de navires échoués sur le flanc, d’épaves coulées au large ou de coques pourrissant au fond des jardins. Il y a peu, les propriétaires étaient seuls face à cette charge mentale, ce coût. En 2015, le vote de la loi sur la Transition énergétique a introduit la notion de Responsabilité Élargie des Producteurs, la REP : les "pollueurs devaient aussi être les payeurs". Quatre ans plus tard, le principe a pris corps dans le monde du nautisme. « Depuis 2019, toutes les entreprises qui commercialisent des bateaux de plaisance sur le marché français - les constructeurs, importateurs, distributeurs - doivent prendre en charge la fin de vie de leur produit », présente Lucas Debièvre, délégué général adjoint de l’organisme APER (Association pour la Plaisance Éco-Responsable). Cela prend la forme d’une éco-participation prélevée, au metteur en marché, sur chaque bateau vendu. « C’est la vente des bateaux neufs qui finance la déconstruction des anciens navires. Cela fonctionne un peu comme le système de retraite », sourit le salarié.
Des démarches simples
La décision a considérablement simplifié les procédures pour les propriétaires qui souhaitent se débarrasser proprement d’une épave ou éviter de payer inutilement une place au port. Les démarches se font d’abord en ligne, en se connectant sur recyclermonbateau.fr. Le détenteur complète un formulaire et choisit le centre de déconstruction le plus proche. L’organisme vérifie l’ensemble des informations, envoie son accord dans un délai de sept jours et le plaisancier peut organiser le transfert de son bateau. Seul ce transport reste à sa charge. Et encore... « Depuis septembre dernier, l’APER peut apporter un soutien financier si le plaisancier fait appel à un transporteur que nous avons référencé », ajoute Lucas Debièvre. C’est tout. Le déchargement, la dépollution, la déconstruction, le traitement des déchets sont traités par l’éco-organisme. « Il existe 37 centres agréés par l’APER. » En 2024, 3136 navires ont ainsi été déconstruits par la filière. L’association a noté une montée en puissance pour atteindre ce rythme de croisière. « Entre août 2019 et septembre 2025, on a dépassé les 15 000 bateaux. » Le travail de sensibilisation des acteurs du nautisme, les plaisanciers, les ports et les collectivités, a porté ses fruits. Selon le magazine édité par l’APER https://www.recyclermonbateau.fr/wp-content/uploads/2025/09/25_APER-Magazine-2025_BD.pdf, les voiliers sont encore les plus nombreux à suivre un parcours de déconstruction. « C’est le contraire des mises sur le marché où les bateaux à moteur ont pris le dessus. »

La valorisation des déchets progresse
La plupart des navires concernés par l’obsolescence ont atteint l’âge respectable de quarante à cinquante ans. Lors de leur arrivée au centre, ils sont d’abord dépollués et dégazés, puis la déconstruction permet de séparer les matériaux et de les classer par grandes familles : le composite (fibre de verre, polyester), les métaux, les plastiques et leurs dérivés, le bois. « On sait que 74 % des déchets sont valorisés aujourd’hui. » Ils le sont sous forme de combustible solide de récupération (le CSR), pour fabriquer de l’énergie calorifique ; les cimenteries l’utilisent en lieu et place du charbon. Ou alors, le recyclage permet de réutiliser la matière comme les métaux, le bois ou les plastiques simples. « L’objectif à termes est d’atteindre les 100 % de recyclage matière. Nous menons plusieurs travaux de R&D dans ce sens, sur le recyclage du composite notamment qui représente une part importante des déchets. » En 2024, sur les 4344 tonnes de bateaux collectés, 44 ont été destinées au réemploi. « Nous travaillons aussi avec quelques partenaires comme Yuniboat ou encore des ressourceries qui se servent avant la déconstruction », décrit Lucas Debièvre.
L’APER regroupe ainsi 120 entreprises adhérentes. « Cette filière de fin de vie des bateaux est la seule au monde financée par l’industrie nautique. » Les cinq salariés, véritables "couteaux suisses" permanents, obtiennent de bons résultats pour la filière : 90 à 95 % des navires placés sur le marché français sont déclarés. Il reste encore quelques rares entités récalcitrantes à mettre en conformité avec la loi.
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