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Omer Malaz a fondé le chantier Numarine il y a plus de dix ans (2002). A Istanbul, il emploie près de 140 employés pour construire des yachts de luxe.
Comment expliquez vous vos prix plus bas que ceux de vos concurrents ?
Le faible coût de la production en Turquie où le salaire horaire est de 12 euros. Les taxes sur les salaires sont également moins élevées qu’en France avec un peu moins de la moitié du salaire net. Nous avons également choisi de ne pas passer par la sous-traitance. Tout est fabriqué à Istanbul et nos machines se plient à nos désirs (ndlr : l’équipement est occasionnellement loué à d’autres constructeurs). Par conséquent, le poste le plus important à l’usine est celui de coordinateur, celui qui suit les 10 000 pièces nécessaires à la réalisation d’un bateau. Nous comptons 40 000 heures de travail pour un Numarine 78 HT.
Comment avez-vous vécu la crise de 2008 ?
Nous avons bénéficié d’un apport de fonds juste avant la crise de septembre 2008. En effet, le groupe financier Abraaj capital, basé à Dubai, a acheté 70% des parts du groupe (ndlr : rachetées en 2012 par le fondateur, Omer Malaz). Cela nous a permis d’affronter la crise avec du cash. C’était très important car nous avons perdu notre clientèle en 2008. En effet, jusque là nos clients étaient quasi-uniquement européens. Ainsi, pour l’année 2008, sur 20 bateaux construits nous avons dû en livrer 18 à l’Europe. Cette année là, notre 6e année d’existence, était notre meilleure année en terme de volume. Quand la crise est arrivée, tout a évidemment changé. J’ai eu l’impression que la lumière s’éteignait d’un seul coup en septembre 2008 et l’année 2009 fut absolument horrible. Mais finalement, cette crise nous a obligé à chercher de nouveaux clients et nous avons maintenant trois zones supplémentaires : l’Amérique du Sud, le Moyen-Orient et l’Asie. Nous sommes revenus à des niveaux de vente satisfaisants en 2012 avec 12 unités.
Actuellement, qui sont vos meilleurs clients ?
Hong-Kong et le Vénézuela, où nos distributeurs sont très performants. Les clients de Hong-Kong sont très exigeants. Contrairement aux Européens, ils ne signent qu’au dernier moment lorsqu’ils sont sûrs du moindre détail. Au Venezuela, nous traitons avec de fins connaisseurs qui ont toujours navigué. Nous espérons maintenant développer notre clientèle en Inde et au Brésil.
Le 78 HT est votre dernier né présenté au dernier salon de Cannes et plus gros bateau exposé au salon d’Istanbul (jusque ce dimanche). Quelle est son originalité ?
C’est tout simplement le bateau dont je rêvais. Comme je ne sais pas dessiner, j’ai fait appel à mon équipe de designers. Can Yalman, tout en fougue, a ainsi apporté la silhouette reptilienne. Moi, j’avais comme impératif une meilleure utilisation de l’espace que sur les yachts existants. Je voulais un compartiment pour l’équipage bien séparé de mon espace privé (ndlr : l’équipage accède à son compartiment par un escalier aussitôt accessible à droite en entrant par l’arrière). Je voulais aussi un très grand bain de soleil à l’avant, ce qui était très rare il y a encore trois ans. Sur le plan technique, nous avons choisi des matériaux composites pour gagner en légèreté, ce qui permet d’avoir un yacht 25 à 30% plus efficace en carburant que les autres bateaux de même taille.
Quelles sont les conditions de navigation à bord du 78HT ?
C’est un bateau qui permet d’affronter une mer formée. C’est indispensable quand on veut sortir naviguer à proximité de la Turquie. La mer Egée est impitoyable, surtout en juillet et août avec de forts vents.
Retrouvez ci-dessous le un diaporama photo du 78HT au salon d’Istanbul.
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