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François Hollande a inauguré, ce mardi à Marseille, le plus grand porte-conteneurs au monde en capacité. Son gigantisme est au cœur des préoccupations des autorités maritimes.
Ce mardi, François Hollande a inauguré le plus grand porte-conteneurs mondial à Marseille. Avec ses 396 mètres de long et ses 54 mètres de large, le Jules Verne peut transporter 16 000 conteneurs de vingt pieds. C’est un symbole de puissance extraordinaire pour son armateur marseillais CMA-CGM, propriétaire des trois plus gros porte-conteneurs au monde, mais son gigantisme inquiète une partie de la communauté maritime. La CGT des marins du grand Ouest voit dans ce nouveau géant des mers "un moyen de gagner plus rapidement de l'argent en minimisant les frais de transport mais aussi en multipliant les risques". Paul Molac, député écologiste du Morbihan, s’inquiète de son côté des moyens de sauvetage mis à disposition des préfets maritimes et qui évolueraient moins vite que le gigantisme des navires de commerce. L’élu s’est donc adressé au ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, pour lui demander les moyens de faire face à « cette évolution accélérée des navires de commerce vers le gigantisme. » Les porte-conteneurs se développent en hauteur, contrairement aux pétroliers par exemple, et se caractérisent par une forte prise au vent qui pourrait compliquer des manœuvres de sauvetage. A titre d’exemple, le Jules Verne est un tel mastodonte qu’il nécessite 16 amarres à quai et qu’il dérive à neuf nœuds (16 kilomètres/heure) lorsqu'il stoppe ses moteurs par vent de force 10. En mars dernier, la préfecture maritime de l’Atlantique a donc organisé un exercice de sauvetage impliquant le porte-conteneurs géant Marco Polo, de taille et de capacité comparables au nouveau venu Jules Verne.
A bateau exceptionnel, mesures exceptionnelles
L'intérêt de cet entraînement avait été mis en lumière dès 2007. En effet, les autorités maritimes avaient dû mobiliser deux remorqueurs ultra-puissants, l’Abeille Bourbon et l’Abeille Liberté, pour prendre en charge un porte-conteneurs de moindre capacité, le MSC Napoli et ses 2700 conteneurs, en perdition au large de la Bretagne. Aussi, le 9 mars dernier, la préfecture maritime de l’Atlantique a profité du passage du CMA-CGM Marco Polo, grand frère du Jules Verne, entre ses escales nord-européennes et son retour en Méditerranée, pour organiser un exercice grandeur nature. L’objectif était de savoir si ses moyens de sauvetage étaient suffisants pour cette zone de navigation très fréquentée. Pour l’occasion, le Marco Polo a donc simulé une avarie de propulsion. Les plus grand porte-conteneurs disposent de près de 110 000 chevaux. Le jour de l’exercice, le Marco Polo a été remorqué sans difficulté par l’Abeille Bourbon, sachant que les conditions météorologiques étaient particulièrement favorables. « Et que se passerait-il si ce genre de navire tombait en avarie en dehors de la zone d’action de l’Abeille Bourbon ? », s’interroge le député écologiste Paul Molac. Le golfe de Gascogne est dépourvu de remorqueur géant depuis le départ de l’Abeille Languedoc pour le détroit du Pas-de-Calais et c’est l’Abeille Bourbon qui se déplacerait de Brest, en cas de souci, pour intervenir.
Enfin, la course au gigantisme n’est pas terminée puisque la compagnie Maersk Line attend la livraison de deux navires pouvant transporter jusqu’à 18 000 conteneurs chacun. L’un devrait entrer en service d'ici la fin de l'année et le second en 2015.