
Cette interrogation peut paraître déplacée lorsque l’on parle de voilier, mais elle peut être envisagée sur un bateau moteur.
Pourquoi cette interrogation ?
Sur les bateaux moteurs anciens, la valeur marchande est dans le moteur. En pratique, si vous envisagez l’achat d’un bateau de plus de vingt ans (année 90), le prix proposé est bien souvent inférieur à sa motorisation. En effet, on trouve sur le marché des bateaux entre 15.000 et 30.000€ dont la motorisation à elle seule est bien supérieure à ce prix. Dans ce cas, deux interrogations s’imposent : le ou les moteurs sont-ils en bon état ou les moteurs doivent-ils être changés ? Pour s’en assurer, diverses mesures sont à prendre en compte. Parmi celles-ci, nous pouvons citer une analyse d’huile moteur et inverseur, et l’examen des périphériques (échappement, réservoir, etc.). Après ces vérifications, si vous souhaitez acquérir ce bateau et que la motorisation est usagée ou nécessite des frais importants de remise en état, il faut négocier le prix en conséquence.
La même interrogation se pose aux propriétaires de bateaux anciens. Bien souvent, on est attaché à ce dernier pour diverses raisons donc on préfère envisager une remotorisation dont le coût est souvent supérieur à la valeur réelle du bateau. Dans ce cas, il faut être conscient que cette opération n’est valable que si on le garde car si on le revend, on ne récupère que rarement les frais engagés.
C’est décidé, je change de moteur
Pour illustrer ce cas de figure, nous avons rencontré un plaisancier qui a fait changer le moteur de son bateau ainsi que le mécanicien qui a effectué les travaux. Le bateau en question est un Cris Craft de 7.39 m (Sea Hawk 266 Kelt) de 1994, équipé d’un moteur OMC diesel de 205 CV (embase Mercruiser) d’origine. Le propriétaire actuel (le troisième) possède ce bateau depuis 10 ans. Le problème se situait au niveau du système de refroidissement du moteur par l’embase. Dans un premier temps, il a envisagé de changer l’embase mais il n’a pas trouvé de pièces. Changer de bateau, non, il lui convient parfaitement. Il a donc opté pour le remplacement du moteur, tout en étant conscient que c’était onéreux et disproportionné par rapport au prix du bateau. Pour ce faire, il s’est adressé à la société Chevalier Plaisance, spécialisée dans la remotorisation. Le choix du moteur s’est porté sur un Hyundai de 250 CV (CRDI24V S250S), l’un des seuls dans cette puissance pouvant être installé en lieu et place de l’ancien.
Notre visite chantier et essais
Nous avons pu constater qu’un changement de moteur impose toute une technique que seul un professionnel est capable de réaliser. Elle ne consiste pas à faire une permutation entre ancien et nouveau. Il faut revoir la cale moteur, l’alimentation, l’échappement, changer le tableau de commande, etc. Nos essais nous ont permis de constater la bonne tenue du bateau dans une mer formée.
Le coût
Quand on aime, on ne compte pas mais là, il s’agit de la part du propriétaire d’un choix raisonné dans la mesure où il a l’intention de garder ce bateau auquel il tient. Pour lui, l’investissement d’environ 33.000 euros est bien au-dessus de la valeur du bateau, mais il est persuadé, à juste titre, qu’il repart avec une valeur sure. Quant aux performances, il estime avoir gagné en bruit, le moteur tourne moins vite pour une vitesse équivalente (2100 t/mn contre 4000 t/mn avec l’ancien moteur). Côté consommation, il l’estime entre 25 et 30 l/h à 20 nœuds, elle est donc inférieure à la précédente.
A titre indicatif, nous avons trouvé le même bateau année 1992, équipé d’un moteur STEYR 239 CV (embase Mercruiser) changé en 2005, au prix de 6795 euros. Le professionnel qui le proposait, nous a indiqué qu’il était vendu en l’état et qu’il fallait prévoir des travaux sur le moteur sans nous préciser lesquels.