
Après avoir connu trois présidents en une année, l'association aux 7.000 bénévoles retrouve la stabilité au plus haut niveau avec la confirmation de son président, Xavier de la Gorce. Alors que la saison 2014 se prépare activement, c'est l'occasion d'évoquer toutes les préoccupations de l'association, même celles qui fâchent.
Xavier de la Gorce, ancien haut fonctionnaire, se présente lui-même comme un homme "biberonné au service public". En arrivant à la tête des Sauveteurs en mer, un mandat bénévole et fortement chronophage, il savait qu'il allait devoir clarifier les confusions du grand public sur les rapports entre les sauveteurs en mer et l'état français. "Nous menons des missions de service public mais nous sommes une association de droit privé." Par rapport à la méfiance des Français sur les dépenses publiques, il assure: "Personne ne conteste les missions de service public. Ce qui est parfois contesté c'est la méthode, le coût, l'opacité. Or, dans notre cas, nous sommes une association de 7.000 bénévoles pour 70 salariés. Près de 80% de notre budget va directement à la mission sociale." Il rappelle que les Sauveteurs en mer fonctionnent grâce au bénévolat. "On a beau dire qu'on pourrait remplacer ces bénévoles disponibles 24 H/ 24H par des salariés... Je ne sais même pas comment on les trouverait. Car les sauveteurs en mer sont comme des pilotes de chasse, il faut des années pour les former."
Dans les années à venir, le premier des sauveteurs en mer veut donc mettre la priorité sur le capital humain. "Si la SNSM ne veut pas voir se tarir son vivier de bénévoles à qui elle demande un engagement lourd, il faut leur donner quelque chose en échange, complète Didier Delavoie, inspecteur pour les côtes de l'Atlantique à la SNSM. De la reconnaissance et des formations." Le pôle national de formation, situé à Saint-Nazaire, va donc intensifier son programme. En 2013, il a coordonné 39 stages pour 505 stagiaires. Le président a également annoncé le prolongement de l'âge des sauveteurs en mer embarqués- dont la moyenne est de 49 ans - de 65 à 68 ans, sur dérogation et sous réserve d'avis médical favorable.
Le remorquage des biens coûtera plus cher
La question de l'assistance aux biens, qui avait suscité des débats houleux au sein de l'association l'été dernier, avant la démission du précédent président, fut également au cœur des discussions ce vendredi. En France, les sauvetages des personnes sont gratuits mais les remorquages d’embarcations sont défrayés. Des associations privées de remorquage ont donc dénoncé la concurrence déloyale de l'association SNSM, qui n'a aucune charge salariale. Mais jusqu’à présent, la justice a toujours statué en faveur des sauveteurs en mer. Xavier de la Gorce a voulu rappeler ce vendredi que ce type d'interventions pour le sauvetage des biens s'inscrivait dans la mission statutaire de la SNSM pour la sauvegarde de la vie humaine et la prévention de la sécurité générale en mer. "On ne peut pas laisser un bateau dériver seul car il constituerait un danger pour les autres usagers de la mer." La SNSM intervient sur ordre des CROSS, les centres qui coordonnent le sauvetage en mer, et a alors la pleine capacité juridique d'exercer ce type de mission assortie d'une rémunération fofaitaire. Rémunation dont le barème sera revu à la hausse, conformément à la demande de la Cour des Comptes, pour correspondre aux frais réels. "Jusque-là, c'était un peu comme la loi de 1948 pour les loyers, commente Xavier de la Gorce. Or je veux défendre le vrai prix coûtant (gasoil et amortissement du bateau utilisé, NDLR). Il n'y a pas de raison que ce soit moins cher que le prix réel." Une heure de mobilisation d'un canot tout temps coûte en moyenne 600 euros de l'heure. En revanche, la SNSM attend toujours les conclusions de l'étude lancée sur ce dossier par le ministère chargé de la mer.
Incertitudes financières
Pour son financement, l'association des Sauveteurs en mer dépend à 75% des fonds privés, grâce à ses 70.000 donateurs, et à 25% des fonds publics. Or ces derniers sont incertains. En effet, la suppression de la clause de compétence générale des collectivités locales a été annoncée. " Il est important de rappeler que 50% des investissements pour la construction et l'entretien de la flotte, soit de l'ordre de 3 millions d'euros par an, sont aujourd'hui assurés par les départements, les régions, et dans une moindre mesure les mairies", rappelle Xavier de la Gorce. Ainsi, pour la prochaine embarcation du Lavandou, le département aurait pu apporter un financement de 25% à égalité avec la région. Le président aimerait maintenant voir la compétence du sauvetage en mer attribuée aux régions. La solidarité interrégionale permettrait ainsi à toutes les régions, même les plus éloignées de la mer, de contribuer au budget des sauveteurs. "Et finalement, ce serait logique car ce ne sont pas les gens de Carnac ou de La Baule qui nous sollicitent en été. Ce sont plutôt les citadins qui n'ont pas forcément le même savoir-faire ou la même prudence que les habitants des littoraux et qui veulent tout autant profiter de la mer pendant leurs vacances", avance Xavier de la Gorce. Ce sont donc de longues négociations juridiques qui s'annoncent. Mais le président pourra s'appuyer sur les nouveaux venus du conseil d'administration - avocat ou ancien chef de cabinet ministériel, par exemple - pour l'épauler.
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