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Quel est l'impact aujourd'hui du confinement pour le réseau ? « Nous avons forcément eu un impact notable. Notre métier en tant que centrale d’achats et franchiseur de magasins Accastillage Diffusion, est de réceptionner de la marchandise, de la stocker et de la distribuer au réseau. Au début du confinement, nous avons dû fermer les lieux recevant du public. Mais en pratique, 80% du réseau AD ne fait pas que magasin d’accessoires nautiques. Derrière, il y a aussi une concession, un chantier, un atelier, etc. Donc finalement, nos franchisés ont continué une activité : remettre en état des bateaux, préparer des livraisons de bateaux neufs, mécanique, sortie d’hivernage… Ce qui a maintenu un niveau d’activité, même faible. Nous nous sommes adaptés et nous avons tout de même continué nos activités commerciales et logistiques.
A l’annonce du confinement, nous avons stoppé les activités au niveau de la centrale pendant une semaine afin de réfléchir à notre nouvelle organisation tenant compte des conditions sanitaires requises, des délais incertains des transporteurs… Aujourd’hui, nous livrons relativement normalement. Et si nous avons des retards, nos clients sont totalement compréhensifs. Nous renforçons le lien avec le réseau, et nous avons mis en place en termes de trésorerie un décalage des traites afin que chacun puisse contacter sa banque afin de déclencher les aides gouvernementales. La solidarité de notre réseau est impérative pour la reprise de l’activité dans de bonnes conditions. »
Avez-vous développé votre commerce sur internet ? « Internet est aujourd’hui pour le secteur presque le seul moyen de faire du commerce donc nous avons déployé un modèle économique particulier pour pouvoir faire en sorte que chaque vente internet soit équivalente à une vente réalisée physiquement dans le réseau. Aujourd’hui, on peut voir sur la page d’accueil du site « une commande internet = un soutien pour ton magasin ». Lors de votre commande, on vous demande de noter votre magasin de référence et le revenu de la vente est alors équivalente à une vente réalisée au comptoir de votre magasin de proximité. Certains magasins se sont également organisés pour pouvoir effectuer des livraisons à domicile. Chaque magasin s’occupe donc de sa zone de proximité. »
Quelle est la tendance qui se dégage de vos ventes en ligne ? « On note que globalement, le bateau manque à notre client plaisancier et qu’il fait tout pour préparer la saison. Quand on regarde le contenu des paniers, on sent la hâte de retrouver le bateau et d’enfin larguer les amarres. Les achats sont anticipés pour perdre le moins de temps possible avec de l’antifouling, des pinceaux… La préparation se fait ! En France, vous avez un petit million de bateaux immatriculés. Parmi eux, certains ne sont pas actifs et d’autres au fond de la mer, mais entre 600 000 et 700 000 sont actifs et il y a 250 000 places de port. Donc le delta, c’est forcément les bateaux qui sont stockés dans les jardins des particuliers ou en port à sec. C’est le plus gros port de France ! Ce n’est pas non plus le plus gros marché car souvent des petits bateaux, mais c’est loin d’être négligeable. Ces plaisanciers préparent donc leur prochaine saison et pour les autres, ils stockent le matériel en vue de la reprise de la navigation. Voire le petit achat plaisir comme un appareil électronique par exemple. »
Comment voyez-vous la reprise de la plaisance ? « Cela dépend de quelle plaisance. Il est probable qu’il y ait un aspect qui soit touché car très lié au tourisme : les charters. Mais naviguer c’est aussi un moyen de ne pas être au milieu de la foule… cela sous-entend que vous vous déplacez pour prendre possession d’un bateau qui peut être loin de votre domicile, en France ou dans un pays européen. Ce secteur va certainement en souffrir. Pour la plaisance de proximité, je ne suis pas trop inquiet. Le bateau, et la mer, vont être d’autant plus des espaces de liberté. J’espère qu’il y aura une prise de conscience pour l’après-covid, que certains essaieront de limiter leur emprunte carbone, et privilégieront un tourisme de proximité. »
Un déconfinement le 11 mai, si cela se maintient, serait plutôt une bonne nouvelle pour notre activité car il nous resterait une bonne partie de la saison nautique. Si les magasins peuvent rouvrir leurs portes au public avec des conditions sanitaires adéquates, je reste plutôt positif. »
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