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Stephan Serra a repris Uship en 2012. Aujourd'hui, le réseau Uship compte environ 140 magasins à travers le monde, avec une grosse présence en métropole mais également dans les départements et territoires d'Outre-Mer (Guadeloupe, Saint-Pierre-et-Miquelon), ainsi qu'aux Seychelles, à Madagascar ou encore au Sénégal. "Nous avons également ouvert un magasin à Moorea, une semaine avant l'annonce du confinement, il est bien sûr fermé depuis".
Quel est l'impact direct des mesures de confinement ? "Aujourd'hui 95% de nos magasins sont fermés, dans le respect des règles de confinement, pour la sécurité de nos collaborateurs et de nos clients. Mais une petite partie reste ouverte, ce sont les Uship adossés aux chantiers de réparation et de préparation, pour continuer à faire l'entretien des bateaux, à les réparer et à préparer les bateaux neufs pour les livraisons post-confinement !"
D'après vous, il y aura un "rebond" pour la filière lorsque la crise sanitaire sera terminée ? "Je pense oui, et je l'espère ! Nous avons eu énormément de clients le lundi avant l'annonce officielle du confinement, suite aux rumeurs d'un confinement total, ainsi que le mardi matin. Les gens voulaient absolument avoir tout le nécessaire pour entretenir et préparer leur bateau". Un empressement qui a vite été freiné par l'interdiction totale de naviguer.
Vos magasins étant fermés, la vente en ligne a été boostée ? "Au niveau de la centrale, nous avons eu une énorme chute du chiffre d'affaires mais nous avons pu assurer en effet avec la vente en ligne, qui fonctionne bien sur une gamme de produits limités puisque ce ne sont que des produits qui peuvent être livrés à domicile. On a un très bon retour. Nous nous sommes organisés en interne : nous avons diminuer le nombre de jours d’expédition : uniquement lundi et jeudi. C’est la même équipe qui travaille pour l’expédition vers les magasins et pour le web."
La situation est plutôt paradoxale : la vente en ligne fonctionne bien, mais les plaisanciers ne peuvent pas accéder à leur bateau ? "Il y en a quelques uns qui ont leur bateau dans leur jardin, mais ce n'est pas la majorité. Les gens se préparent à l’après-confinement. On vend également beaucoup de livres pour enfants, des accessoires… Nous avons également créé une offre coup de poing qui s’appelle « Canal 16 ». Tous les 16 du mois, nous faisons une offre spéciale sur un produit. Le 16 mars, hasard du calendrier, c’était un gilet de sauvetage auto-gonflant, et il a très bien fonctionné. Nous allons reconduire l’opération les prochains mois."
Stephan Serra ajoute "Nous essayons de garder le maximum de lien avec nos clients, déjà avec les vidéos USHIP Académie qui sont disponibles en ligne toute l’année et nous avons des contacts mails réguliers, des discussions en ligne via les réseaux sociaux. Nos clients nous posent énormément de questions pratiques et techniques : on sent bien qu’ils prennent le temps de repenser leurs navigations, leur utilisation du bateau, de préparer leurs prochaines sorties… C’est pour cela que je pense vraiment qu’il y a aura un « rebond », puisqu’il y a cette impatience grandissante de retourner sur son bateau, au bord de la mer… Les gens sont déjà en manque d’eau !"
Vous n'êtes pas trop inquiet pour la reprise ? "De nombreux chantiers ont fermé leurs portes, cela va être une année compliquée pour les ventes de bateaux. Mais du coup, les plaisanciers vont garder leur bateau et l’entretenir, repousser l’achat à plus tard, et perfectionner leur « vieux » bateau. Ils vont se contenter de ce qu’ils ont pendant encore quelques mois.
Nous avons deux types de clientèle : celle de préparation, qui prépare le bateau pour naviguer l’été et là, nous aurons une vraie perte de chiffre d'affaires puisqu’ils n’auront pas pu caréner, faire l’entretien de leur moteur… et ils reporteront à l’année prochaine. Et il y a la clientèle de consommation d’usage, qui se remettra à l’eau dès que possible avec du matériel usé, avec de la casse parfois et là du coup, ce sera bon pour nous."
Une bonne idée lecture pour passer le temps ? "Je viens tout juste de commencer le dernier livre de Jean-Luc Van Den Heede "Le dernier loup de mer". "