
Ligne à couper le souffle, châssis tout carbone rigide à souhait, performances hors-normes et prix à l’avenant, le Gunboat réunit tous les codes des marques les plus exclusives. Le public s’arrête sur le ponton, commente, photographie, s’ébahit ; nous montons à bord, privilégiés. À 14 heures, un léger thermique se lève, six nœuds d’abord, jusqu’à 12-13 nœuds en fin d’après-midi : largement de quoi animer la très élégante silhouette signée VPLP / Le Quément qui ont su donner au Gunboat 68 une personnalité singulière, le rendant immédiatement identifiable.

Des vitesses folles et une ambiance course
La grand-voile se hisse depuis le cockpit avant qui regroupe toutes les manœuvres au pied de mât, juste en avant du poste de barre intérieur, d’où l’on contrôle tout visuellement à 360 degrés à travers les vitrages, et même vers le haut par le toit ouvrant vitré électrique. Compte tenu de la faible brise, au solent auto-vireur est préféré le J3. Ce grand génois à recouvrement, dont le point de tire est reculé sur le bras arrière, est déroulé en… quatre secondes ! Les tensions sont énormes, les vitesses folles, l’accastillage issu de la course au large (voiles hookées, bloqueurs textiles, safrans relevables, etc.), l’équipage… professionnel. Les voiles sont en membrane, bordées on ressent physiquement le choc de l’accélération. Les compteurs s’affolent, vitesse du vent réel et vitesse du bateau se confondent, le vent apparent s’emballe et son angle se réduit. Un joli monocoque de 15 mètres à fond sous gennaker, nous fait subitement penser à un piéton perdu sur une autoroute, et la baie de Cannes nous apparaît comme rétrécie…

Un design intérieur à la fois sobre et chic
Les aménagements intérieurs reprennent la trame Gunboat historique avec, donc, ce poste de barre intérieur. Déroutant pour un novice, il s’avère finalement très pratique par sa proximité avec le cockpit de manœuvres central (nul besoin de hurler pour communiquer), bien abrité d’un vent apparent toujours fort sur un tel bolide, et, surprise, très convivial quand tout l’équipage se retrouve autour du barreur pour apprécier le paysage qui défile — très vite — à travers les larges vitrages présents à 360 degrés. Il ne lui manque finalement qu’un siège ou un assis-debout pour être parfait, mais c’est un équipement facile à ajouter, « voire à mouler à votre morphologie » glisse à notre oreille le préparateur du chantier. Carré, cockpit, coussins moelleux, cuisine, lits, tout est grand et respire la qualité. Le design signé Christophe Chedal Anglay est à la fois sobre, chic, et léger, avec ses meubles en Nomex® aux standards aviation.
Notre avis
Une machine fantastique, certes complexe, mais offrant le plaisir addictif de la glisse sportive dans un luxe pullman. Après seulement huit semaines à bord, le skipper se demande déjà pourquoi il a navigué pendant vingt ans en monocoque !

Les +
Performances hors normes
Finitions irréprochables
Ligne à couper le souffle
Les -
Skipper pro incontournable
Budget vraiment élitiste
Cockpit avant exposé

Fiche technique :
Longueur hors-tout : 20,75 m
Largeur : 9,10 m
Tirant d’eau dérives basses : 3,76 m
Tirant d’eau dérives hautes : 1,20 m
Mât Cruise / Race : 25 / 29 m
Tirant d’air Cruise / Race : 27,50 / 29,50 m
Grand Voile Cruise / Race : 142 / 175 m²
Solent Cruise / Race : 66 / 77 m²
Spi A3 Cruise / Race : 260 / 300 m²
Déplacement lège : 17,8 t
Déplacement maximum : 23,8 t
Chantier : Gunboat (France)
Prix du bateau essayé version Race : 6,1 millions d’euros HT