
Traditionnellement, la Fédération des Industries Nautiques (FIN) profite de l'approche des salons nautiques d'automne pour publier un premier bilan économique de la saison en cours. Ces évènements (Cannes, La Rochelle) étant tous annulés, la FIN a toutefois tenu à présenter les chiffres clés 2019 début septembre et à faire un point précis sur la saison estivale et les salons nautiques tout en évaluant les premiers impacts de la crise sanitaire du Covid-19.
Une bonne saison estivale malgré tout...
Petite bonne nouvelle dans un marché incertain. Les chiffres clés de l'année 2019 confirment la progression de la filière nautique française, composée de 5 600 entreprises pour 43 700 salariés (+2.1%), qui réalise un chiffre d'affaires de 5,3 milliards d'euros, en hausse de 5% par rapport à 2018. Le bateau à moteur (+2,9%) progresse plus fortement que la voile (+1,25%) essentiellement sur le créneau des unités entre 35-50 pieds (10-15 mètres). Evoquant cet été, « les Français ont été au rendez-vous de la pratique nautique. Aidée par une météo particulièrement clémente, la saison estivale est jugée dans l'ensemble bonne par les professionnels, à l'exception notable des services associés à la grande plaisance (brokers, agents maritimes, avitailleurs, etc.) et de la location de voiliers habitables dans les outre-mer et vers les destinations lointaines » explique la FIN. « Une fois les contraintes de navigation et de circulation levées, nous avons observé que l'activité avait repris progressivement sur la quasi-totalité du littoral et en eaux intérieures. Les professionnels ont eu à répondre à une forte demande, essentiellement nationale, qui traduit une importante envie d'être sur l'eau, après une période de confinement particulièrement éprouvante » conclue la Fédération des Industries Nautiques. Une situation économique mitigée car la clientèle étrangère était largement absente du littoral français, restrictions sanitaires obligent. En regardant ces chiffres clés 2019 à la loupe, on s'aperçoit aussi que le marché de l'occasion a bien progressé (+8%) avec un profil d'acheteur intéressant et prometteur pour l'avenir du secteur : « un acheteur sur deux appartient à une catégorie CSP intermédiaire » se réjouit Yves-Lyon Caen, Président de la FIN.

Une baisse anticipée de 15 à 30% du CA pour 2020, variable selon les métiers
La tendance globalement positive de la période estivale ne permettra toutefois pas aux entreprises de rattraper le retard lié au confinement. La FIN estime ainsi que la filière nautique subira une baisse de l'ordre de 15 à 30 % de son chiffre d'affaires pour 2020 selon les métiers qui sont plus ou moins impactés par la crise. La récession annoncée des marchés de l'Europe notamment la zone méditerranéenne et des Etats-Unis va en outre handicaper l'industrie nautique qui exporte sa production à 75%. « La crise du tourisme mondial et des transports internationaux est un handicap très lourd pour notre secteur » reconnaît Yves-Lyon Caen.
L'organisation du Cannes Yachting Festival montrée du doigt !
Revenant sur l'annulation des salons nautiques d'automne dont ceux de Cannes et La Rochelle, la FIN règle ses comptes avec l'organisation du Yachting Festival. « Un véritable gâchis » martellent Yves Lyon-Caen et Stephan Constance, respectivement président et vice-président de la FIN. « L'annulation des salons d'automne prive aujourd'hui les entreprises de repères essentiels. Au-delà de l'incapacité pour les entreprises à rattraper les ventes d'automne, l'industrie nautique, sans ses deux premiers salons, regarde son avenir avec inquiétude. Si nous comprenons les motifs qui ont conduit les organisateurs de la Rochelle à devoir annuler leur salon, le salon de Cannes aurait pu, lui, être maintenu. Les deux salons français sont extrêmement différents en termes de business model et de visitorat. Le salon de Cannes, sur deux sites distincts de 2 kilomètres, avec 30 000 visiteurs attendus cette année et la réduction de 40% du nombre d'exposants, aurait dû être adapté et aurait pu être tenu dans les conditions proposées par l'Etat. Son annulation tardive, à seulement 15 jours de son ouverture, a de surcroit fortement pénalisé les exposants qui avaient engagé des frais notamment pour l'acheminement des bateaux. La décision de Reed Expositions est lourde de conséquences pour les professionnels comme pour la ville de Cannes. » indique-t-on du côté de la FIN.
Et le salon Nautic de Paris ?
Dans cette perspective assez sombre, la FIN tente de rassurer en évoquant la tenue du prochain salon Nautic de Paris en décembre. « Le Nautic s'impose, dans ce contexte de crise, comme le socle de relance de la filière nautique française » affirment les organisateurs du salon parisien. Après une réunion avec les autorités officielles fin septembre, la décision sur le maintien du Nautic sera annoncée d'ici un mois. Certains professionnels en doutent vu la situation économique. « Comme nous nous y sommes engagés avant l'été, nous confirmerons sa tenue début octobre et en cas d'impossibilité, nous rembourserons évidemment les acomptes des exposants à 100% » précise la FIN. Enfin, lors de cette conférence, la FIN a évoqué également le litige qui l'oppose à Reed Expositions quant à l'organisation du Cannes Yachting Festival. « La décision de la Cour d'Appel devrait intervenir d'ici le début de l'année 2021 » explique la Fédération des Industries Nautiques, dans un contexte incertain marqué par l'annulation des principaux salons nautiques internationaux...