
Figaro Nautisme : Comment se passe le confinement pour votre magasin et votre équipe ?
Stéphane Laquerre : "Nous sommes confrontés à la réglementation donc nous sommes fermés, d’autant plus que nous ne faisons pas le Click & Collect. Mais contrairement au premier confinement, c’est une période relativement calme, de novembre à janvier : ce confinement a moins d’impact pour notre activité. En plus, nous avons toujours des ventes internet avec le site Uship. Avant le confinement nous avons fait nos ventes pour l’hivernage des bateaux et même si là il nous reste quelques chantiers, c’est calme !"
F.N. : Ce confinement est donc moins compliqué que celui de mars ?
S.L. : "Au mois de mars-avril, les gens étaient embêtés car ils avaient l’été en perspective et ils se demandaient comme faire pour que le bateau soit prêt. Là, les gens ont navigué, ils préparent Noël et le ski, ils se préoccuperont du bateau au mois de janvier seulement.
En mars c’était vraiment la catastrophe. Et encore, on a réussi à remonter la barre car il y a eu un décalage d’activité en juin, il a fallu faire 2 mois en 1, comme tous les autres professionnels du port de Hyères. La zone de carénage a été vite surchargée.
Aujourd’hui, nous n’avons pas ce souci et il n’y a personne sur les bateaux, à part 2-3 personnes qui vivent à l’année sur leur bateau. Et comme il est interdit pour les particuliers de travailler sur leur bateau…
Nous avons pas mal de professionnels (qui représentent 30% de notre chiffre d’affaires), qui avaient anticipé le confinement et qui sont venus chercher le matériel deux semaines avant, pour faire leurs travaux en novembre."
F.N. : Malgré le calme de cette période, vous espérez pouvoir rouvrir bientôt, en décembre peut-être ?
S.L. : "Nous espérons rouvrir en décembre oui mais décembre c’est la période de l’inventaire, nous en profitons également pour avancer sur nos travaux d’agrandissement, pour préparer l’année prochaine. Avec l’annulation des salons, cela nous fait une préoccupation en moins."
F.N. : Quelles sont vos idées pour préparer la prochaine saison ?
S.L. : "Nous avons racheté un bateau aux enchères que nous allons refaire entièrement pour le proposer à la location, nous réfléchissons à acquérir une ou deux voitures si possible 100% électriques pour la location..."
F.N. : Des idées suite au premier confinement ?
S.L. : "Non cela a toujours été notre réflexion. Nous avons deux activités principales : la fabrication et entretien des voiles, et la vente de matériel. Nous cherchons à développer notre société vers le service élargi. Nous avons acheté un semi-rigide que nous avons mis en location et l’année dernière cela a très bien fonctionné ! Le but est de faire venir des gens dans le magasin à travers des services complémentaires et supplémentaires à ce que l’on peut avoir dans un port. Nous proposons aussi des prestations complètes d’installation de matériel et d’entretien (électricité, mécanique, panneaux solaires, hydrogénérateur, stratification, polish, carénage, surveillance des bateaux , etc.). Cette diversification commence à se faire savoir et de bouche-à-oreille nous avons de plus en plus de clients qui cherchent du vrai service."
F.N. : La saison estivale a-t-elle permis de rattraper la baisse du chiffre d’affaires du printemps ?
S.L. : "Fin octobre, nous étions à +3% de notre CA par rapport à l’année dernière. Nous avons tout rattrapé, sachant que l’année dernière nous avions eu des gros chantiers, donc ça a plutôt bien tourné. En novembre nous allons forcément avoir de la baisse mais nous rattraperons certainement en janvier, même si ce sera l’autre exercice."
F.N. : Qu’avez-vous appris de la première période de confinement ?
S.L. : "Que nos fournisseurs n’avaient pas de stocks. Du coup, nous nous sommes mis à faire des gros stocks. Nous aurions pu faire plus de chiffre d’affaires au déconfinement mais nous n’avons pas su profiter de l’effet reprise, on a été vite débordé et on aurait pu faire facilement +10 voire 15% mais nos fournisseurs n’avaient plus de matériel. Nous avions anticipé au maximum nos stocks mais ça n’a pas suffit. Donc aujourd’hui, nous avons la chance de pouvoir créer un gros stock (place disponible et capacité de trésorerie) pour anticiper cela. Le point d’étranglement c’est les fournisseurs."
F.N. : Quel est votre sentiment face à cette interdiction de naviguer ?
S.L. : "Personnellement je trouve que c’est une hérésie. Les gens naviguent en famille, les bateaux ne sont pas collés les uns aux autres… et cela freine un peu les envies des gens qui ont des travaux à faire sur leur bateau. Autant pour notre cadre de vie, on est abreuvé d’informations, autant pour le nautisme c’est flou. A part le site des Affaires maritimes ou des sites spécialisés, il y a très peu de communications."