Essai Leopard 46PC, bis repetita gagnant

Au lendemain de la clôture de l’International Multihull Show, le soleil est revenu sur les rives de la Méditerranée. Le Leopard 46PC nous attend pour mettre le cap sur Sète. Mais les voisins d’en face ne sont pas partis, il faut alors sortir le bateau en latéral, sur une vingtaine de mètres, avec un mètre de marge devant et un autre derrière, pas plus. La petite brise d’ouest nous est favorable, les deux moteurs Yanmar 370 cv s’animent alternativement, le propulseur aide un peu et l’expérience de Thierry, notre skipper du jour, fait le reste.
Même si le beau temps est revenu, le fond de l’air demeure frais en cette fin avril. Une fois sortis du port, on file à 15 nœuds face à 15 nœuds de vent, alors on apprécie les multiples espaces de vie offerts par le Leopard 46PC. Tout en haut, sur le flybridge, d’où on pilote avec une vue à 360 degrés, le pare-brise amovible qui vient fermer le bimini rigide est le bienvenu. On nous vantait, lors du salon, le plus grand fly du marché, on l’a donc mesuré. Effectivement, avec environ 26 m² il est assez impressionnant. Une banquette double derrière le poste de barre et une autre triple à bâbord permettent de partager la route. Au centre, un joli carré en U fait face à une cuisine extérieure. À l’arrière, un immense bain de soleil mais aussi un très grand espace encore disponible sur tribord, pour étendre sa serviette ou stocker quelques jouets de grands : dériveur, kayak, planches de kite ou de surf… L’ensemble est bordé d’un solide et rassurant garde-corps rigide, comme sur le pont principal.
Espaces : une ou deux classes au-dessus
Oui, car si le flybridge est effectivement très vaste, ce n’est « que » l’étage supérieur. Sur le pont principal, trois marches donnent accès au cockpit depuis les jupes. On y retrouve une grande table entourée d’une banquette cossue. Le toit du roof se prolongeant en bimini rigide, on y sera à l’ombre à toute heure de la journée, et à l’abri de l’humidité le soir. On circule tout autour grâce à la passerelle arrière, ce qui est aussi pratique pour les manœuvres de port que lors des temps de loisirs. Les enfants, mais aussi les grands, pourront ainsi passer d’une coque à l’autre en cours de baignade sans être accusés de tout détremper. La plateforme arrière supportant l’annexe fera d’ailleurs une jolie plage de bain privée au mouillage. Alors on pourra surveiller la baignade depuis la banquette, un cocktail à la main. Enfin, accessibles par les passavants extérieurs ou, depuis l’intérieur par la porte avant incontournable sur un Leopard, deux grands bains de soleil offrent un dernier espace extérieur de relaxation. Avec le flybridge, le cockpit, et l’ensemble jupes-plateforme, cela fait donc quatre endroits privilégiés pour profiter de la mer, se retrouver, ou partager les meilleurs moments d’une croisière.
En pénétrant à l’intérieur par la large baie vitrée (1,83 m), une fois les portes refermées et le volume sonore au minimum, une ambiance feutrée, lumineuse et raffinée nous accueille. La cuisine toute largeur est idéalement située à mi-chemin entre le carré et le cockpit. Parfaitement équipée, elle ne manque pas d’impressionner par son volume de froid disponible : le réfrigérateur-congélateur d’une contenance de 495 litres au total permet d’envisager une pleine semaine de croisière en toute autonomie. Sur l’avant, bénéficiant d’une vue à 270° le carré nous accueille dans de véritables sofas d’un confort cinq étoiles. Table basse ou table haute, le choix est toujours possible, tout comme la présence d’un poste de pilotage sur tribord qui reste une option, mais dont on aurait bien du mal à se passer. Tout est simple, solide mais de bon goût, à l’image de cette main courante tout inox ceinturant le meuble cuisine.
L’aménagement des coques se décline assez classiquement en version trois ou quatre cabines. Dans la première, la coque tribord est réservée au propriétaire, qui bénéficie alors d’une véritable suite hôtelière. L’island-bed situé à l’arrière dépasse les dimensions queen-size pour atteindre 170 x 200 cm. Un espace bureau central précède une longue salle d’eau qui vient elle aussi illustrer la qualité de finition soignée des Leopard : matériaux, éclairage, miroir, tout est qualitatif, jusque derrière la trappe étanche qui donne sur l’étrave. Côté opposé, deux cabines et deux salles d’eau se répartissent équitablement la coque bâbord. Tous les passagers profiteront dans tous les cas d’une jolie vue sur mer, grâce au bandeau de hublots devenu la signature distinctive de la marque aux quatre griffes.
Trawler moderne
À 15 nœuds face au vent, le bateau semble glisser sur l’eau, sans forcer, sans vibrations. Pourtant les moteurs sont équipés de lignes d’arbre, fidèles à l’ADN de simplicité et de fiabilité du chantier sud-africain. Le redan prononcé des coques permet à la fois d’offrir des volumes intérieurs conséquents, mais aussi des carènes efficaces. À 18 nœuds nous ne sommes encore qu’à 75 % de la puissance disponible. À 15 nœuds, vitesse de croisière idéale, la consommation atteint 30 l/h par moteur. Le bateau bien dans ses lignes est à son efficience optimale. Plus lent, il déjaugerait moins et consommerait plus sur la distance. À moins d’arrêter un moteur sur deux et de continuer à 5 nœuds, une option qui ne déplairait pas aux amateurs de voile venus au powercat, et qui permet alors une autonomie de 1000 milles nautiques, de quoi découvrir de nouveaux horizons. A contrario, si une urgence vous appelle ou que la météo s’annonce mauvaise, manettes des gaz engagées à fond, le retour à l’abri s’effectue à 21 nœuds. Surtout que le Leopard 46PC est taillé pour résister à tout. Car au sud de l’Afrique, la houle tournant autour du monde sans jamais rencontrer d’obstacles, la mer est souvent forte. Alors dans sa longue tradition de construction navale, la nation arc-en-ciel a mis une solidité à toute épreuve tout en haut de la liste de ses priorités. Sur un multi-power comme le Leopard 46PC, la structure est bien sûr différente de celle d’un multicoque à voile, aucun gréement ne venant induire des efforts importants par exemple. En revanche, pour résister aux impacts dans les vagues à vitesse élevée, les coques sont beaucoup plus épaisses que sur les voiliers.
Partout sur ce bateau, l’espace nous a paru immense et le grand angle absolument indispensable pour essayer d’en rendre compte. Il faut régulièrement se remémorer son patronyme pour ne pas le comparer à beaucoup plus grand. Mais il est certain que lorsque l’on vient du monocoque, c’est à un bon 55 pieds qu’il faudrait se référer. Les espaces de vie ont clairement été la priorité, mais le dessin spécifique des carènes rassure pour ce qui est du comportement marin et séduit par ses performances. En pleine propriété ou loué au sein de la flotte The Moorings, il est une invitation à partager de belles et longues croisières, en toute autonomie, partout dans le monde. Avec déjà 25 unités vendues à peine présentées, il ne devrait pas être difficile de trouver un Leopard 46PC là où il fait bon rêver de croiser.
Fiche technique
Longueur hors-tout : 14,13 m (14,44 m avec plateforme arrière)
Longueur à la flottaison : 14,06 m
Largeur : 7,34 m
Tirant d’eau : 0,88 m
Hauteur max. : 5,64 m (hors antennes)
Déplacement lège : 16 758 kg
Réservoirs eau : 700 l
Réservoirs gasoil : 1 850 l
Motorisation : 2 x 250 cv
Prix standard (3 cabines) : 829 000 € HT
Prix du bateau essayé : 1 252 362 € HT
Principales options :
Motorisation Yanmar 2 x 350 cv : 7 678 € HT
Motorisation Yanmar 2 x 370 cv : 20 412 € HT
Propulseur d’étrave : 13 595 € HT
Pack électronique Raymarine : 18 356 € HT
Générateur Northern Light 9 kW : 35 995 € HT
Climatisation 2 x 16000 BTU : 22 780 € HT
Dessalinisateur 63 l/h : 25 864 € HT
Plateforme de bain et support annexe : 51 166 € HT
Préparation : 22 743 € HT
Transport cargo : 49 558 € HT (au 24/04/2022)
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