Essai Leopard 46PC, bis repetita gagnant

Par François Tregouet

Pionnier et leader du marché du catamaran moteur, le chantier sud-africain Robertson & Caine n’hésite pourtant pas à se remettre régulièrement en question. Avec le 53PC, la quatrième génération de Leopard Power entrait dans une nouvelle ère. Sa plateforme n’était plus issue de voiliers, mais conçue spécifiquement pour un usage moteur. Devant le succès rencontré, décliner cette stratégie dans une taille encore plus accessible, tant pour les propriétaires privés que pour son partenaire The Moorings, est vite paru évident. Alors tout juste un an plus tard, le Leopard 46PC était dévoilé, d’abord à Miami, puis à La Grande Motte, où nous avons pu l’essayer.

Au lendemain de la clôture de l’International Multihull Show, le soleil est revenu sur les rives de la Méditerranée. Le Leopard 46PC nous attend pour mettre le cap sur Sète. Mais les voisins d’en face ne sont pas partis, il faut alors sortir le bateau en latéral, sur une vingtaine de mètres, avec un mètre de marge devant et un autre derrière, pas plus. La petite brise d’ouest nous est favorable, les deux moteurs Yanmar 370 cv s’animent alternativement, le propulseur aide un peu et l’expérience de Thierry, notre skipper du jour, fait le reste.

Même si le beau temps est revenu, le fond de l’air demeure frais en cette fin avril. Une fois sortis du port, on file à 15 nœuds face à 15 nœuds de vent, alors on apprécie les multiples espaces de vie offerts par le Leopard 46PC. Tout en haut, sur le flybridge, d’où on pilote avec une vue à 360 degrés, le pare-brise amovible qui vient fermer le bimini rigide est le bienvenu. On nous vantait, lors du salon, le plus grand fly du marché, on l’a donc mesuré. Effectivement, avec environ 26 m² il est assez impressionnant. Une banquette double derrière le poste de barre et une autre triple à bâbord permettent de partager la route. Au centre, un joli carré en U fait face à une cuisine extérieure. À l’arrière, un immense bain de soleil mais aussi un très grand espace encore disponible sur tribord, pour étendre sa serviette ou stocker quelques jouets de grands : dériveur, kayak, planches de kite ou de surf… L’ensemble est bordé d’un solide et rassurant garde-corps rigide, comme sur le pont principal.

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Espaces : une ou deux classes au-dessus

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Oui, car si le flybridge est effectivement très vaste, ce n’est « que » l’étage supérieur. Sur le pont principal, trois marches donnent accès au cockpit depuis les jupes. On y retrouve une grande table entourée d’une banquette cossue. Le toit du roof se prolongeant en bimini rigide, on y sera à l’ombre à toute heure de la journée, et à l’abri de l’humidité le soir. On circule tout autour grâce à la passerelle arrière, ce qui est aussi pratique pour les manœuvres de port que lors des temps de loisirs. Les enfants, mais aussi les grands, pourront ainsi passer d’une coque à l’autre en cours de baignade sans être accusés de tout détremper. La plateforme arrière supportant l’annexe fera d’ailleurs une jolie plage de bain privée au mouillage. Alors on pourra surveiller la baignade depuis la banquette, un cocktail à la main. Enfin, accessibles par les passavants extérieurs ou, depuis l’intérieur par la porte avant incontournable sur un Leopard, deux grands bains de soleil offrent un dernier espace extérieur de relaxation. Avec le flybridge, le cockpit, et l’ensemble jupes-plateforme, cela fait donc quatre endroits privilégiés pour profiter de la mer, se retrouver, ou partager les meilleurs moments d’une croisière.

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En pénétrant à l’intérieur par la large baie vitrée (1,83 m), une fois les portes refermées et le volume sonore au minimum, une ambiance feutrée, lumineuse et raffinée nous accueille. La cuisine toute largeur est idéalement située à mi-chemin entre le carré et le cockpit. Parfaitement équipée, elle ne manque pas d’impressionner par son volume de froid disponible : le réfrigérateur-congélateur d’une contenance de 495 litres au total permet d’envisager une pleine semaine de croisière en toute autonomie. Sur l’avant, bénéficiant d’une vue à 270° le carré nous accueille dans de véritables sofas d’un confort cinq étoiles. Table basse ou table haute, le choix est toujours possible, tout comme la présence d’un poste de pilotage sur tribord qui reste une option, mais dont on aurait bien du mal à se passer. Tout est simple, solide mais de bon goût, à l’image de cette main courante tout inox ceinturant le meuble cuisine.

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L’aménagement des coques se décline assez classiquement en version trois ou quatre cabines. Dans la première, la coque tribord est réservée au propriétaire, qui bénéficie alors d’une véritable suite hôtelière. L’island-bed situé à l’arrière dépasse les dimensions queen-size pour atteindre 170 x 200 cm. Un espace bureau central précède une longue salle d’eau qui vient elle aussi illustrer la qualité de finition soignée des Leopard : matériaux, éclairage, miroir, tout est qualitatif, jusque derrière la trappe étanche qui donne sur l’étrave. Côté opposé, deux cabines et deux salles d’eau se répartissent équitablement la coque bâbord. Tous les passagers profiteront dans tous les cas d’une jolie vue sur mer, grâce au bandeau de hublots devenu la signature distinctive de la marque aux quatre griffes.

Trawler moderne

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© François Tregouet - MULTImedia

À 15 nœuds face au vent, le bateau semble glisser sur l’eau, sans forcer, sans vibrations. Pourtant les moteurs sont équipés de lignes d’arbre, fidèles à l’ADN de simplicité et de fiabilité du chantier sud-africain. Le redan prononcé des coques permet à la fois d’offrir des volumes intérieurs conséquents, mais aussi des carènes efficaces. À 18 nœuds nous ne sommes encore qu’à 75 % de la puissance disponible. À 15 nœuds, vitesse de croisière idéale, la consommation atteint 30 l/h par moteur. Le bateau bien dans ses lignes est à son efficience optimale. Plus lent, il déjaugerait moins et consommerait plus sur la distance. À moins d’arrêter un moteur sur deux et de continuer à 5 nœuds, une option qui ne déplairait pas aux amateurs de voile venus au powercat, et qui permet alors une autonomie de 1000 milles nautiques, de quoi découvrir de nouveaux horizons. A contrario, si une urgence vous appelle ou que la météo s’annonce mauvaise, manettes des gaz engagées à fond, le retour à l’abri s’effectue à 21 nœuds. Surtout que le Leopard 46PC est taillé pour résister à tout. Car au sud de l’Afrique, la houle tournant autour du monde sans jamais rencontrer d’obstacles, la mer est souvent forte. Alors dans sa longue tradition de construction navale, la nation arc-en-ciel a mis une solidité à toute épreuve tout en haut de la liste de ses priorités. Sur un multi-power comme le Leopard 46PC, la structure est bien sûr différente de celle d’un multicoque à voile, aucun gréement ne venant induire des efforts importants par exemple. En revanche, pour résister aux impacts dans les vagues à vitesse élevée, les coques sont beaucoup plus épaisses que sur les voiliers.

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© François Tregouet - MULTImedia

Partout sur ce bateau, l’espace nous a paru immense et le grand angle absolument indispensable pour essayer d’en rendre compte. Il faut régulièrement se remémorer son patronyme pour ne pas le comparer à beaucoup plus grand. Mais il est certain que lorsque l’on vient du monocoque, c’est à un bon 55 pieds qu’il faudrait se référer. Les espaces de vie ont clairement été la priorité, mais le dessin spécifique des carènes rassure pour ce qui est du comportement marin et séduit par ses performances. En pleine propriété ou loué au sein de la flotte The Moorings, il est une invitation à partager de belles et longues croisières, en toute autonomie, partout dans le monde. Avec déjà 25 unités vendues à peine présentées, il ne devrait pas être difficile de trouver un Leopard 46PC là où il fait bon rêver de croiser.

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© François Tregouet - MULTImedia

Fiche technique

Longueur hors-tout : 14,13 m (14,44 m avec plateforme arrière)

Longueur à la flottaison : 14,06 m

Largeur : 7,34 m

Tirant d’eau : 0,88 m

Hauteur max. : 5,64 m (hors antennes)

Déplacement lège : 16 758 kg

Réservoirs eau : 700 l

Réservoirs gasoil : 1 850 l

Motorisation : 2 x 250 cv

Prix standard (3 cabines) : 829 000 € HT

Prix du bateau essayé : 1 252 362 € HT

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Principales options :

Motorisation Yanmar 2 x 350 cv : 7 678 € HT

Motorisation Yanmar 2 x 370 cv : 20 412 € HT

Propulseur d’étrave : 13 595 € HT

Pack électronique Raymarine : 18 356 € HT

Générateur Northern Light 9 kW : 35 995 € HT

Climatisation 2 x 16000 BTU : 22 780 € HT

Dessalinisateur 63 l/h : 25 864 € HT

Plateforme de bain et support annexe : 51 166 € HT

Préparation : 22 743 € HT

Transport cargo : 49 558 € HT (au 24/04/2022)

Retrouvez cet essai et bien d'autres sujets dans notre dernier hors-série Collection 2022 à lire en ligne par ici !

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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