Dériveur : trois Français pour foiler

Voiliers
Par François TREGOUET

Coupe de l’America, Ultims, Imoca, SailGP et même Mini Pogo Foiler, les voiliers de course modernes affolent les compteurs, réduisent les distances et nous font rêver. Mais nous, marins amateurs, sommes-nous condamnés au mode archimédien ? Trois constructeurs français au moins pensent que non. Ils proposent des dériveurs à foils accessibles à tous, techniquement et budgétairement. Revue d’effectifs.

©Photo Foily-Peacoq / DR
Coupe de l’America, Ultims, Imoca, SailGP et même Mini Pogo Foiler, les voiliers de course modernes affolent les compteurs, réduisent les distances et nous font rêver. Mais nous, marins amateurs, sommes-nous condamnés au mode archimédien ? Trois constructeurs français au moins pensent que non. Ils proposent des dériveurs à foils accessibles à tous, techniquement et budgétairement. Revue d’effectifs.

Peacoq - le 420 du XXI° siècle !

Un peu plus court que ses compatriotes (4.20m) le Peacoq ne passe pas pour autant inaperçu avec son design futuriste. Ce dériveur sportif en double, est un pur produit des Pays de la Loire, même si le design et les études sont signées MMProcess à Quiberon. Mais c’est bien à Piriac sur Mer (44) que Foily  les construit avec l’ambition de « donner à tous les amateurs de voile l'occasion de découvrir les sensations fortes du vol sur l'eau." Les vitesses annonces ont en effet de quoi enthousiasmer. Le bateau décolle dès 7-8 nœuds de vent en solo, 10-12 nœuds en double et là, le speedo s’affole, atteignant 18-20 nœuds au travers et même 25 nœuds en pointe ! Afin d’être vraiment accessible à tous, le plan de pont a été simplifié au maximum et les larges hiloires de cockpit revêtus d’anti-dérapant offrent une assise stable et rassurante. Quand les foils en L, à l’angle plus prononcé que ses concurrents, ne portent plus, le volume de la coque permet de naviguer en toute sécurité de manière classique. Résolument haut de gamme, elle est fabriquée en sandwich mousse, fibre de verre et epoxy, elle reçoit des renforts carbone là où les contraintes sont les plus élevées, optimisant ainsi le rapport poids / rigidité / prix. Si douze bateaux étaient prévus être construits en 2022, Foily prévoit d’en produire 20 par an à terme. Le programme de Grands-Prix et une monotypie stricte pourrait bien les y aider, avec des premières ventes réalisées en France mais aussi en Europe.

Longueur 4.20m - Largeur 1.82 m - Poids 130 Kg - Voilure près / portant : 13.0 / 25m² Prix : 33 600 Euros TTC

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© Photo BirdyFish / Martin Viewzer

BirdyFish - la success-story

Du côté de Nantes, trois ingénieurs ont fait de leur projet de fin d’études une réalité. Quatre ans seulement après avoir lancé leur start-up de la voile, leur petit dériveur à foils plein d’ambition trace un joli sillage puisque la cinquantième unité vient de sortir de leurs ateliers. Comme les Minis qu’aime dessiner son architecte naval Etienne Bertrand, le BirdyFish a une étrave de scow bien ronde. Fabriquée en sandwich verre-polyester en infusion, elle est insubmersible et pèse 93 Kg. Les foils, de 10 Kg chacun, ont été conçus par un spécialiste en la matière, Jean Baptiste Behm. Leur forme en J leur permet de limiter la largeur du bateau une fois rétractés, mais surtout offre une portance maximale en navigation. L’équilibre entre solidité, effet sustentateur, plan antidérive et souplesse nécessaire pour s’adapter sans réglage à un environnement constamment changeant est un cocktail extrêmement subtil. Le mât est en alu, sans trapèze, accueille un plan de voilure limité à trois voiles, sans même un spi, car aux vitesses atteintes, l’angle du vent apparent n’est jamais très ouvert. « Officiellement », le Birdyfish vole à partir de 12 nœuds de vent. Mais avec un équipage aguerri, il se dit que le bateau décolle dès 8 nœuds. Lors de notre essai devant la plage de La Rochelle, le Birdyfish file très vite à une quinzaine de nœuds dans un vent oscillant entre 10 et 15 nœuds selon les zones. Le BirdyFish navigue à l’horizontale, insensible au clapot, gardant son équipage parfaitement au sec au-dessus des flots, avec pour seul bruit le doux sifflement des foils.

Longueur 4.70m - Largeur 1.90 m - Poids 135 Kg - Voilure près / portant : 13.5 / 24.5m² Prix : de 22 800 à 25 440 Euros TTC

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© Photo Gerys / DR

Gerys 4.7 – 1, 2 ou 3, décollage !

Raphaël et Erwan Censier eux, ne se sont pas rencontrés en école d’ingénieurs puisqu’ils sont frères. Passionnés de glisse comme beaucoup de jeunes ils regrettent que la technicité de dériveurs tels le Moth ou le Waszp empêchent le plus grand nombre de profiter des sensations extraordinaires de voler sur l’eau. Aussi, au sein de leur chantier naval, réfléchissent-ils à un concept de foiler qui serait abordable aux néophytes et donc également aux écoles de voile, ce sera le Gerys 4.7. Dès le premier abord, on sent que l’esthétique a été soignée : les formes sont résolument douces, et les volumes rappellent ceux de voiliers beaucoup plus gros, Mini 6.50 voire Class40. Un important volume à l’avant pour faciliter le décollage et amortir l’atterrissage, une coque large et un cockpit spacieux qui peut accueillir 3 personnes. Car l’un des traits caractéristiques essentiels du Gerys 4.7 est qu’il peut aussi bien se mener en solitaire, qu’en double ou à trois. Et puis bien sûr, il y a les foils, en forme de L mais avec un angle progressif qui les rend très tolérants. Dans la brise, ils assurent une parfaite stabilité du bateau sans nécessiter de réglages. Dans le petit temps, soit en-dessous de 8 nœuds, vitesse de décollage théorique, le Gerys est aussi un très bon bateau conventionnel avec sa dérive classique et sa coque volumineuse à l’excellente stabilité de forme. Mais avec le grand Code Zéro gréé en extrémité de bout-dehors, le décollage pourrait intervenir bien plus rapidement que la théorie ne le prévoit.

Longueur 4.70m / Largeur 1.84m / Poids 140 Kg / Voilure près/portant : 15 / 23m² Prix de 25 600 à 39 600 Euros TTC

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…