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Les voiles : le moteur du bateau
En grande traversée, les voiles sont le moteur du bateau. Celles fournies en standard sur un bateau de série, ne sont pas toujours adaptées à de grandes traversées. Il existe de nombreux choix de tissus et il est parfois difficile de savoir vers lequel s’orienter. C’est pourquoi, il est important de discuter de votre projet avec votre voilier (programme, région de navigation, budget). Sur la majorité des voiliers de croisière, le tissu employé est un polyester qui peut parfois être un Dacron (marque commerciale d’une fibre fabriquée par Dupont de Nemours). Cette fibre haute ténacité qui donnait une très bonne qualité au tissu à voile, a connu un tel succès qu’elle est maintenant utilisée à tort pour nommer tout tissu à voile en polyester. Il est donc important de savoir si votre voile est faite en Dacron, fibre haute ténacité ou en simple polyester. Par exemple, Sailonet utilise exclusivement de la fibre Dacron haute ténacité (AP) fournie par Dimension Polyant ainsi que de l’Hydranet. C’est un tissu développé et produit exclusivement par son fournisseur Dimension Polyant. C’est un mélange de fibres Dacron et Spectra tissés, parfaitement adapté aux exigences de la grande croisière (résistance aux risques de moisissures, au pliage, longévité, …). Reste le Pro Radial qui est un bon compromis car sa durabilité et son poids sont comparables à ceux d’un laminé polyester et il est résistant aux conditions tropicales. Il est plus cher qu’un Dacron haute ténacité ou qu’un laminé polyester mais moins onéreux qu’un Hydranet.
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Les cordages : les choisir en fonction de l’utilisation
Le cordage universel n’existe pas. Certains demandent un allongement minimum, c’est le cas des drisses, d’autres doivent pouvoir s’allonger pour amortir les coups, c’est le cas de la ligne de mouillage. Environ 300 m de cordages sont utilisés sur un voilier de 12 m ce qui représente un budget important.
Cordages pour ligne de mouillage et amarrage
Le matériau qui présente les quatre points essentiels : élasticité, souplesse, résistant, non flottant est le polyamide. Il peut atteindre une élasticité de 40% avant rupture. Le plus connu est le 3 torons, il est souple résistant et facile à épisser. Son inconvénient est la formation de coques. Les cordages polyamide ont évolué. On trouve des 8 torons (Squarline) qui peuvent s’épisser directement sur chaine et être utilisés directement sur le barbotin d’un guindeau. Dans les ports agités, pour éviter l’utilisation d’amortisseurs, on peut prendre de la tresse 24 fuseaux (Flatline).
Drisses et écoutes : un allongement minimum
Là, on ne recherche pas l’élasticité mais un allongement minimum. Sur les bateaux de croisière, les drisses sont réalisées avec une âme en fibre parallèle (polyester) recouverte d’une gaine tressée (polyester). Pour la grande croisière, il est conseillé une âme en Technora tressée. Les écoutes doivent être souples, agréables en main et avoir une bonne tenue sur les winches et coinceurs. Le produit qui répond le mieux à ces critères est réalisé avec une gaine câblée 3 torons (polyester) recouverte d’une gaine tressée 24 fuseaux en polyester discontinue (aspect cotonneux).
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Quelques conseils
Evitez de faire des nœuds. Un nœud simple, suivant le matériau du cordage, fait perdre entre 35 et 50% de résistance voire 80% sur le Dyneema ou l’Aramide. Avec une épissure longue, la perte est de 15 à 20%.
Un cordage se charge de sel et de salissures. Aux escales, il faut les laver à l’eau douce avec un jet. Ne pas utiliser un nettoyeur haute pression voire une machine à laver sinon les fibres casseront.
Si vous optez pour des fibres exotiques, plus performantes (moins d’allongement) et plus résistantes à diamètre égal, il faut vérifier que vos coinceurs sont bien adaptés. Il en est de même pour les diamètres des renvois (réas, poulies).
Les magasins de bricolage proposent des cordages qui ont l’apparence de ceux utilisés en marine, mais faute d’en connaître la composition, ils peuvent être mal adaptés. Un conseil prenez-les dans un magasin spécialisé en vérifiant provenance et caractéristiques techniques.
Les poulies
Sur un bateau de grande croisière, au moins une trentaine sont présentes. Il n’existe pas de poulie universelle. Plusieurs critères doivent être pris en compte pour choisir le modèle qui convient le mieux pour une fonction donnée.
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Les différentes technologies
Les modèles les plus représentatifs sont ceux à friction, à billes et à rouleaux, avec dans chaque familles différentes combinaisons.
La plus simple est la poulie à friction. Elle est constituée d’un réa qui tourne sur un axe. Suivant les modèles, le réa peut être en plastique ou en matériau composite et l’axe en inox ou bronze. Une conception simple qui permet d’obtenir des poulies qui peuvent supporter des charges importantes au détriment de la rapidité (frottement du réa sur l’axe) pour reprendre une manœuvre. Pour améliorer cette dernière, on trouve des modèles avec chemin de roulement latéral qui assure la rotation sous faible charge. Pour la rapidité de manœuvre la poulie à billes est celle qui donne les meilleurs résultats. Mais, attention, elle est faite pour tourner, pas pour rester sous charge comme pour un renvoi de drisse. Dans ce cas, les billes vont rapidement se déformer. Pour éviter la déformation des billes sous charges statiques, les billes peuvent être remplacées par des rouleaux.
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Nos conseils
Pour les renvois statiques (drisses, hale-bas, palans) les poulies à friction sont les mieux adaptées et celles qui ont une bonne tenue dans le temps. Pour les reprises rapides qui ne restent pas sous charge, les billes sont recommandées voire les rouleaux si les charges sont importantes.
Pour le choix, se reporter au catalogue du constructeur qui indique le diamètre du cordage et les charges (travail/rupture), par exemple cordage de 10/12 mm, charge 1000/1500 kg. Bien souvent l’utilisation conseillée est indiquée.
Avoir à bord une poulie ouvrante, elle permet de reprendre un cordage sous tension voire de remplacer provisoirement une poulie défectueuse.
Lorsqu’une manœuvre n’est pas utilisée, par exemple une drisse de secours, ne pas laisser la poulie sous charge au risque d’ovaliser son réa.
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Les winches
Il faut avoir à bord le nécessaire pour les entretenir (graisse adaptée) et un kit de cliquets/ressorts. Si tous vos winches sont manuels, vous pouvez opter pour une manivelle électrique type Ewincher.
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Le guindeau et mouillage
En croisière, on pratique beaucoup le mouillage forain. Remonter le mouillage à la main c’est contraignant, avec un guindeau manuel c’est long et, dans bien des cas, il faut le remonter rapidement (bateau qui chasse, risque de collision, etc.). La solution, le guindeau électrique. Un gros consommateur de courant, oui, mais c’est compensé par le moteur. Le choix de la chaîne est primordial. Il faut choisir un diamètre adapté au barbotin du guindeau. Quant au matériau, l’acier galvanisé est un bon choix. A diamètre égal, il existe plusieurs résistances indiquées sous l’appellation grade, par exemple, une chaîne de 10 mm grade 40 a une rupture à 6400 kg, une de grade 70 une à 11200 kg. Pour le cordage (mouillage mixte) cf. cordage. Reste l’ancre, il n’existe pas de modèle universel qui convienne à tous les fonds. Mais, les différents essais et l’expérience que nous avons, montrent que celles forme charrue fortement lestées sur la pointe sont les plus efficaces. Les ancres légères doivent être réservées au mouillage de beau temps et être utilisées avec un cordage plombé.
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Nos conseils
Ne jamais utiliser un maillon rapide galva pour raccorder deux chaines de même calibre, c’est un fusible. Un maillon de 8 mm a une charge de rupture de 800 kg, une chaine de même diamètre (grade 40) une de 4000 kg.
Une main de fer permet de soulager le mouillage, d’éviter le ragage et de protéger la pignonnerie du guindeau.
Pour relier la chaîne à l’ancre, utiliser une jonction chaîne-ancre.
Avoir à bord deux mouillages avec des ancres différentes, par exemple, plate et charrue.
Le mouillage doit toujours être à poste prêt à être utilisé.
Les manilles et mousquetons
Pour les manilles, on trouve sur le marché de nombreux modèles avec différentes formes (droite, lyre, longue, etc…) proposés en inox, galva, plastique et en textiles. Les manilles textiles sont de plus en plus présentes. Elles permettent de gagner en poids et évitent le bruit. Mais, attention, ne prenez que des produits réalisés par des professionnels qui vous indiquent les caractéristiques (utilisation, charge de travail, charge de rupture etc.).
Pour les mousquetons, on retrouve les mêmes matériaux de fabrication que pour les manilles. Si les bagues de foc sont peu utilisées du fait de la présence d’enrouleur de voile, d’autres produits sont apparus comme les mousquetons pour sangle, avec émérillons et, pour certaines fonctions, des connecteurs textiles qui peuvent les remplacer.