L'énergie sur un bateau de grande croisière

Equipements

L’énergie, comme nous l’avons déjà mentionné dans de précédents articles, est le point le plus important sur un bateau à partir du moment où il a à bord de l’équipement nécessitant une alimentation électrique.

©Albert Brel
L’énergie, comme nous l’avons déjà mentionné dans de précédents articles, est le point le plus important sur un bateau à partir du moment où il a à bord de l’équipement nécessitant une alimentation électrique.

Faire le bilan électrique

C’est incontournable. En effet, pour pouvoir déterminer la capacité des batteries et les moyens de recharge, il est nécessaire de connaître la consommation électrique journalière. Pour cela, il faut mesurer cette dernière pour chaque équipement du bateau de l’éclairage à l’électronique en passant par les équipements de confort. Pour relever avec précision cette consommation, le matériel le mieux adapté est un gestionnaire de batteries ou contrôleur de batteries qui indique avec précision le courant consommé lorsque l’on met sous tension un appareil. La majorité des tableaux électriques installés sur les bateaux possède un ampèremètre qui indique ce courant mais sa précision ne permet pas de faire une mesure exacte. L’autre solution est de calculer le courant en prenant en compte la puissance de l’appareil. Par exemple, une ampoule de 20 watts, alimentée sous 12 volts, consomme 20/12 = 1.6 ampères. On peut également se reporter à la notice des appareils qui, en principe, indique la puissance en watts ou la consommation en courant. Ces deux dernières solutions ne donnent pas de mesures précises car elles ne prennent pas en compte, comme un contrôleur de batterie, toutes les données serait-ce que la perte en ligne entre le départ des batteries et l’arrivée à l’appareil à alimenter. Le tableau suivant vous donne une bonne approche de la consommation moyenne sur un bateau de grande croisière en fonction du temps d’utilisation. Dans ce tableau, nous avons considéré que l’éclairage et les feux de navigation sont à LED.

Appareils

Consommation

en ampères

Utilisation par 24 heures

Consommation par 24 heures

Réfrigération

4

6

24

Eclairage

2

7

14

Feux navigation

1

6

6

Eau sous pression

4

0.5

2

Pilote

5

24

120

VHF veille

0.1

24

2.4

VHF émission

4

0.15

1

Radar

2.5

10

25

Ordinateur

4

2

8

GPS/AIS

2

24

48

Cartographie

3

24

72

Total 24 heures

 

 

322 ampères

Nautisme Article
Contrôleur de batteries

Comment réduire sa consommation ?

Pour l’éclairage, comme nous le mentionnons dans ce tableau, il est impératif de passer aux ampoules à LED. Dans notre exemple, nous indiquons une consommation de 14 ampères par 24 heures. En effet, elle serait au minimum de 50 ampères avec des ampoules type halogènes, comme c’est souvent le cas sur les bateaux. Pour minimiser la consommation du réfrigérateur, il faut s’assurer qu’il soit bien isolé et au besoin parfaire l’isolation avec des produits spécifiques. Le pilote est le plus gros consommateur. Pour la réduire, il faut veiller à ce que le bateau soit bien réglé. Un pilote in-bord est puissant, il peut sans problème barrer un bateau mal réglé mais dans ce cas sa consommation est importante. L’électronique dernière génération qui regroupe dans un même boîtier l’ensemble des instruments (radar, GPS, AIS, cartographie, …) consomme moins que des appareils séparés. En résumé, il est nécessaire de faire ce bilan pour connaître avec précision sa consommation et définir les moyens de recharge ainsi que la capacité des batteries.

La capacité et la technologie des batteries

Sur la majorité des bateaux, les technologies retenues pour les batteries sont : l’électrolyte liquide fermée, le gel et l’AGM et depuis peu le Lithium. L’électrolyte liquide présente un bon rapport qualité prix, le gel et l’AGM peuvent fournir un courant important instantané, par exemple, pour lancer un moteur. L’électrolyte étant intégrée dans un produit solide, il n’est pas demandé comme sur les précédentes d’être installées dans un bac pour la récupération d’acide en cas de fuite. Pour ces trois technologies, il faut éviter les décharges profondes, la capacité disponible reste au maximum dans la limite de 70 à 80%. Sur une batterie de 100 ampères, on ne dispose donc que de 70 à 80 ampères. Le Lithium, comme nous avons pu le constater dans les derniers salons d’automne est de plus en présent (cf. Figaro nautisme les batteries Lithium de plus en plus présentes dans le nautisme). Les principaux avantages sont la capacité disponible (100%, contre 70 à 80% dans les autres technologies), le temps de recharge réduit et la durée de vie. Le prix d’achat est plus élevé, mais si on prend en compte la capacité disponible qui permet de réduire de 20 à 30% la capacité et la durée de vie, elles restent compétitives.

Les moyens de recharge

Le chargeur de batterie : incontournable à bord

En traversée, il ne sera pas utile à moins de disposer d’un groupe électrogène. Aux escales, lorsque vous disposez d’une borne de quai, il est incontournable pour recharger à 100% les batteries. Il est conseillé de prendre un chargeur à courant constant (UI) dernière génération permettant d’être réglé en fonction de la technologie des batteries. Sa puissance doit être de l’ordre de 15% à 20% de la capacité des batteries (50 à 60 ampères pour 300 Ah de batterie).

L’alternateur moteur : pas recommandé

L’alternateur standard, monté sur les moteurs, ne permet pas de recharger efficacement les batteries. Un modèle de 80 ampères fournit ce courant brièvement, ensuite, il décroit rapidement pour se stabiliser à quelques ampères. On peut lui adjoindre un booster (amplificateur d’alternateur) qui permet d’utiliser toute la puissance de l’alternateur. Lorsqu’il y a du vent, faire tourner un moteur de propulsion de plusieurs dizaines de chevaux pour entrainer un alternateur n’est pas la solution la plus rationnelle. De plus, les moteurs n’apprécient pas de tourner à vide (glaçage des cylindres).

L’hydrogénérateur : efficace en navigation

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Hydrogénérateur Seatronic© Albert Brel

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Hydrogénérateur sur balcon© Albert Brel

En navigation, c’est un moyen efficace pour recharger les batteries. Au port, il est vulnérable et au mouillage inutile. On trouve également des alternateurs que l’on fixe sur le balcon avec une hélice trainée au bout d’un cordage.

L’éolienne : peu efficace au portant

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Eolienne sur portique© Albert Brel

Elle est présente sur la majorité des bateaux de voyage. Pendant la traversée, bien souvent au portant où le vent apparent est nul, elle est inutile. Elle sera efficace par la suite lorsque vous fréquenterez les mouillages forains. 

Le solaire : attention aux ombres portées

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Panneaux solaires orientables sur portique© Albert Brel

Même remarque que pour l’éolien. Pendant la traversée, les ombres portées le rendent peu efficace. Ensuite, il est incontournable. A titre indicatif, en mouillage forain un panneau solaire dernière génération de 100 à 150 watts peut compenser la consommation d’un réfrigérateur.

Le groupe électrogène : le plus efficace

Un groupe électrogène fixe diesel est le moyen le plus efficace pour être autonome en énergie. On trouve sur le marché des petits groupes fixes monocylindre, peu encombrants (500x500x300 mm), légers (moins de 80 kg) à même de délivrer une puissance de 3500 watts. Cette dernière alimentera un chargeur de batterie et permettra de les remettre à niveau rapidement. Deux heures de groupe par jour, comme nous avons peu le constater pendant notre traversée, permettent de compenser toute la consommation du bord, d’alimenter un dessalinisateur, etc.

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groupe électrogène Paguro 4 kva

A suivre

Dans ces deux premiers articles, nous avons vu l’équipement de grande croisière et l’énergie, dans de prochains articles nous verrons l’accastillage, les points à vérifier avant le départ, la maintenance à embarquer, les équipiers, etc.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…