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Pouvez-vous nous retracer les grandes lignes de l'histoire du chantier Amel ?
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"L'histoire d'Amel a une soixantaine d'années. En 1964, Henri Amel, qui était architecte et constructeur de bateaux, achète un atelier de construction de polyester à la Rochelle. En 1968, un incendie ravage le chantier. Henri Amel et ses équipes cherchent alors un nouveau site de production et c'est ainsi qu'ils s'installent à Périgny en 1969, en périphérie de la Rochelle, où se trouvent toujours les chantiers Amel aujourd'hui. C'est ici que sont construits les bateaux Amel dans leur intégralité : la coque, le pont, les parties intérieures, la menuiserie, l'assemblage mais aussi tous les métiers d'accastillage, électricité, sellerie, plomberie... Nous travaillons également avec quelques prestataires externes bien sélectionnés, le plus local possible et qui correspondent à nos valeurs."
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Qu'est-ce qui caractérise les bateaux Amel ?
"Tout d'abord, un bateau Amel est un voilier monocoque, destiné à une navigation hauturière. Ce sont plutôt des grands voiliers avec une belle capacité d'accueil et de vie à bord, du stockage assez important pour pouvoir faire des longs voyages. Mais ce sont également des voiliers sûrs et faciles à manoeuvrer pour un couple, et éventuellement une personne seule.
Le profil du client Amel c'est un couple, et qui navigue de temps en temps avec des amis ou de la famille."
Cela fait plusieurs années que vous n'avez pas lancé de nouveaux modèles. Pourquoi ?
"Effectivement, cela fait quelques années qu'il n'y a pas eu de nouveaux bateaux. C'est volontaire. L'Amel 50 a été lancé en septembre 2017 et le 60 en septembre 2019. Tous les deux connaissent un très beau succès, notre carnet de commandes est rempli pour les deux prochaines années pour les deux modèles. Donc il est vrai que nous n'avons pas eu besoin d'en créer de nouveaux. Par contre nous avons amélioré l'existant, notamment avec une vague d'ajout d'équipements, par exemple des panneaux solaires.
Nous réflechissons bien sûr au futur et un nouveau modèle viendra. Mais pour l'instant, il n'y a rien de défini. On en est vraiment à l'étincelle de l'idée. Parce qu'on a tout de même conscience qu'il faut un nouveau voilier. Car dans deux ans, quand on aura livré tous les Amel 50 commandés, il aura 8 ans. C'est une longue vie pour un même modèle."
Depuis plusieurs mois maintenant, vous avez lancé le projet P.H.A.R.E. : de quoi s'agit-il ?
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"Nous construisons des voiliers dans le même site depuis 1969, date des trois bâtiments historiques. Ils ont bien sûr subi des transformations au fil des gammes qui ont été produites mais aujourd'hui, on arrive vraiment à la limite, notamment en ce qui concerne l'état des bâtiments, la toiture. Et plutôt que de réaliser des gros travaux coûteux, nous avons décidé de tout repenser et moderniser, repenser le flux dans la production, toute la logistique.
Nous avons besoin de nous améliorer sur notre façon de produire. C'est pour cela que nous avons a lancé le projet P.H.A.R.E., en repartant presque d'une feuille blanche.
AAu final, on aura une surface de production légèrement moins grande, mais on passe de 8 000 à 7 500 m² environ. Nous n'aurons plus que deux bâtiments de production au lieu de trois et qui seront beaucoup mieux organisés, pour éviter, par exemple, de la manutention qui est encore assez fréquente aujourd'hui, notamment sur le 50, qui bouge entre les différents ateliers au cours de sa production. Et puis, bien sûr, tout l'outillage nécessaire, toutes les normes aujourd'hui liées à la production, l'utilisation des résines, l'utilisation des vernis, tout ça va être encore plus facile à transposer sur des bâtiments neufs."
La date de fin est prévue pour quand ?
"2026. Aujourd'hui, la première étape a bien été franchie sans trop de retard.
Avec l'agrandissement du bâtiment le plus récent, on lui a ajouté une extension dans laquelle on a transféré provisoirement le moulage des coques des deux bateaux, ce qui nous permet de travailler sur l'emplacement où était avant le moulage des coques. Et d'aménager cet emplacement qui va devenir ensuite la zone d'assemblage des 60 et des 50.
Pour résumer, les différentes étapes de ce projet vont être un jeu de chaises musicales entre les différentes phases de construction, démolition, transfert des activités, provisoire ou définitif, pour pouvoir continuer à produire les 20 bateaux qu'on doit produire chaque année.
Le défi, c'est de pouvoir continuer à produire, et de ne pas perturber le moins possible la production."
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Les chantiers Amel seront de retour sur les salons nautiques en septembre prochain, au Yachting de Cannes et au Grand Pavois de la Rochelle.