Voiliers autonomes : rêve ou révolution imminente ?

Economie

L’autonomie en mer semble aujourd’hui à la fois un fantasme technologique et un horizon lointain, mais la réalité s’invite peu à peu à l’horizon de l’industrie nautique. La transition vers des voiliers autonomes, capables de naviguer sans intervention humaine, est-elle une révolution imminente ou un rêve encore trop lointain ? Si les voiliers traditionnels sont déjà un symbole d’élégance et de liberté, les voiliers autonomes promettent-ils de bouleverser les codes du nautisme ou n’est-ce qu’un effet de mode technologique ? Pour mieux comprendre cette évolution, il faut s’intéresser aux projets existants, mais aussi aux défis et limites qui se dressent devant eux.

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L’autonomie en mer semble aujourd’hui à la fois un fantasme technologique et un horizon lointain, mais la réalité s’invite peu à peu à l’horizon de l’industrie nautique. La transition vers des voiliers autonomes, capables de naviguer sans intervention humaine, est-elle une révolution imminente ou un rêve encore trop lointain ? Si les voiliers traditionnels sont déjà un symbole d’élégance et de liberté, les voiliers autonomes promettent-ils de bouleverser les codes du nautisme ou n’est-ce qu’un effet de mode technologique ? Pour mieux comprendre cette évolution, il faut s’intéresser aux projets existants, mais aussi aux défis et limites qui se dressent devant eux.

Les projets de voiliers autonomes ne manquent pas, et de nombreuses entreprises mettent en œuvre des technologies révolutionnaires qui combinent la voile, l'intelligence artificielle et des systèmes de propulsion novateurs.

Prenons par exemple Kara Technology, une start-up française qui a développé EVA (Équipement de Voyages Automatisés), un système intégré qui transforme les voiliers en véritables plateformes intelligentes. À l’aide de 130 capteurs répartis sur toute la coque, EVA collecte en temps réel des informations cruciales sur la navigation, la météo et les conditions maritimes. Ces données sont traitées par des algorithmes puissants pour prendre des décisions autonomes, comme la gestion de la vitesse ou la sélection des meilleures trajectoires. Ce type d’innovation permet non seulement d’offrir une navigation plus fluide, mais aussi de réduire l'impact écologique, en optimisant l’utilisation des ressources énergétiques du navire. Ce concept rappelle les nombreuses avancées dans le domaine des véhicules autonomes terrestres, mais adapté à un environnement complexe et toujours aussi imprévisible : la mer.
Un autre projet, le OASSYS, consiste en la conception d'un voilier robot hybride capable de réaliser des missions de surveillance autonomes sur plusieurs semaines. Ce type de navire, combinant propulsion vélique et propulsion électrique, ouvre de nouvelles voies pour les missions de surveillance maritime, comme la collecte de données environnementales. Mais il pourrait aussi être une réponse face aux défis liés à la gestion des zones maritimes, avec un coût de fonctionnement beaucoup plus faible qu’une flotte traditionnelle. Ces navires, capables de résister à des conditions difficiles, sont une promesse de transformation du domaine de la surveillance marine.
Plus loin encore, Cormoran, une start-up innovante, développe une voile rigide couplée à des panneaux photovoltaïques. Ces panneaux, intégrés directement à la structure du navire, permettent de produire de l'énergie renouvelable tout en propulsant le bateau. Cela résout en partie le problème des émissions de CO2 tout en offrant une alternative au moteur thermique. Ce type de solution pourrait devenir un standard dans les années à venir, permettant à la fois des économies et une performance accrue.

Des voiliers autonomes déjà en action
L’actualité maritime est parsemée de projets concrets qui témoignent de l’impact que l’autonomie pourrait avoir dans un futur proche. Parmi les plus notables, le projet "Bateau Qui Vole", développé par Meritis, est un excellent exemple de l’intégration de l’intelligence artificielle dans la navigation. Grâce à une batterie de capteurs et d’algorithmes de machine learning, ce trimaran optimisé peut ajuster ses trajectoires et ses réglages pour maximiser ses performances, tout en s’adaptant en temps réel aux changements des conditions de mer. Ce projet est un test grandeur nature des avantages de l’autonomie, mais aussi de la complexité qu’implique le passage à une gestion purement algorithmique des voiliers.

Le revers de la médaille : les défis à relever
L’idée d’un voilier autonome, qui navigue seul sur l’océan sans intervention humaine, est séduisante. Mais cette vision cache des défis de taille.
Le premier est évidemment technologique. La mer est un environnement extrêmement complexe, en constante évolution. Les systèmes de navigation doivent faire face à des variables imprévisibles : courants marins, intempéries, vagues géantes, ou encore autres navires en mer. Une caméra ou un radar ne suffisent pas pour prendre en compte toutes ces variables dans un contexte de sécurité. L'intelligence artificielle est une technologie prometteuse, mais peut-elle réellement apprendre et réagir comme un marin expérimenté face à des situations critiques ?


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De plus, les technologies actuelles ne permettent pas de garantir une autonomie sans faille. Il reste beaucoup de travail à faire pour rendre ces systèmes totalement sûrs et fiables. En cas de panne, par exemple, qui prendrait en charge la navigation ? Un autre bateau autonome pourrait-il secourir un voilier en difficulté, ou la mise en place de drones-marins est-elle une solution viable ? Ce sont des questions encore sans réponses claires.
Un autre point sensible concerne la réglementation. Qui sera responsable en cas d'incident impliquant un bateau autonome ? Qui assurera la sécurité des passagers ou de l’environnement marin ? Ces questions sont d’autant plus cruciales que les voiliers autonomes pourraient bientôt être utilisés dans des missions de surveillance ou de transport, des secteurs où la responsabilité en cas d’incident peut avoir de lourdes conséquences.

L’avenir des voiliers autonomes : entre utopie et révolution
Bien que les voiliers autonomes soient aujourd’hui à un stade encore expérimental, les projets en cours laissent entrevoir un avenir où ces navires intelligents viendront compléter, voire remplacer, certaines fonctions traditionnelles. Ces voiliers autonomes pourraient, à terme, devenir des solutions viables pour des missions spécifiques, comme la cartographie marine, la surveillance environnementale ou encore l’inspection des infrastructures offshore.
Pourtant, une véritable adoption généralisée pourrait prendre du temps. Les entreprises devront surmonter les défis technologiques et éthiques avant d’étendre leur usage à des domaines plus commerciaux. Mais une chose est certaine : l’autonomie en mer ne se limite plus à une simple vision futuriste, elle est déjà sur le point de s’imposer dans certains secteurs du nautisme.

Le voilier autonome, loin d’être une simple innovation de laboratoire, semble se profiler comme une révolution en cours. L’horizon semble à portée de main, mais la route reste semée d’embûches. L’avenir de l’industrie nautique pourrait bien se redéfinir avec ces nouveaux modèles de navigation. Mais si nous rêvons d’une mer plus propre, plus sûre et plus connectée, il reste encore du chemin à parcourir avant que les voiliers autonomes ne soient véritablement prêts à naviguer seuls… sans capitaine à bord.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…