
SNSM : un été record d’interventions en merLes avaries mécaniques (46 %) dominent toujours, suivies des erreurs humaines (31 %), mais ce sont bien les circonstances dans lesquelles ces incidents surviennent qui inquiètent les sauveteurs.Le 17 juillet 2024, un bateau de plaisance s’est retourné au large de Wimereux, dans le Pas-de-Calais, avec trois personnes à son bord, parties faire de la pêche promenade. Malheureusement, l’un des passagers, un homme de 50 ans, a été retrouvé mort malgré l’intervention rapide des secours.Seulement un mois plus tard, le 15 août 2025, un yacht de 24 mètres fait naufrage au large de la pointe de Senetosa, non loin de Bonifacio, en Corse-du-Sud, avec onze personnes à son bord. Le bateau a coulé dans des conditions calmes, et toutes les personnes présentes ont pu être secourues par la SNSM et la gendarmerie maritime. Cependant, des dégâts au niveau de la coque du navire ont été identifiés par les plongeurs de la SNSM.Le rapport 2024 de la SNSM pointe également une forte augmentation des incidents liés aux engins de plage motorisés, comme les jet-skis et les semi-rigides à grande vitesse, souvent pilotés sans véritable permis ou avec une connaissance minimale des règles de navigation. Ces engins, omniprésents dans les zones touristiques, sont à l’origine de plus de 250 accidents recensés durant l’été 2024, dont plusieurs graves.
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Navigation nocturne : des risques souvent sous-estimés par les plaisanciersLe tragique accident survenu le 5 octobre 2024 au large de Saint-Tropez, où un semi-rigide de 8 mètres percute un coffre d’amarrage à 2 h du matin, causant la mort du skipper et plusieurs blessés graves, a mis en lumière les dangers d’une navigation nocturne mal maîtrisée. Mais ce drame n’est pas isolé.En pleine saison estivale, dans la nuit du 11 au 12 août 2024, un autre accident mortel survient à Pietrosella, en Corse-du-Sud. Un bateau semi-rigide est entré en collision avec un second bateau qui se trouvait au mouillage. Cinq personnes, âgées de 20 à 50 ans, étaient à bord. L'une des victimes, un jeune homme de 29 ans, a perdu la vie dans cet accident. Éjecté sous la violence du choc, il a été retrouvé en arrêt cardio-respiratoire puis évacué vers l'hôpital d'Ajaccio. Deux autres passagers se trouvaient en urgence relative.Plus récemment, dans la nuit du 3 au 4 avril 2025, un bateau de pêche a percuté une éolienne au large du Croisic, en Loire-Atlantique. L’équipage, désorienté, a été pris en charge par la SNSM. L’accident n’a pas fait de blessés, mais a entraîné des dommages importants sur le navire.Ces cas soulignent une réalité sous-estimée : la navigation de nuit nécessite une formation spécifique, un équipement irréprochable, et surtout une connaissance approfondie des zones traversées. Or, rien de cela n’est actuellement requis pour bon nombre de plaisanciers.

Incendies dans les ports : pourquoi les sinistres se sont multipliés en 2024L’année 2024 restera marquée par une multiplication sans précédent des incendies dans les ports de plaisance français.Le 13 janvier 2024, un bateau de plaisance est entièrement détruit par un incendie à Calais. L’occupant, un homme de 86 ans d’origine britannique qui vivait à bord, a été évacué de justesse. Les pompiers mobilisés ont tout tenté pour sauver le vieux gréement et éviter la propagation, mais il ne reste plus grand-chose du navire.En novembre 2024, c’est un autre feu qui se déclenche sur un bateau dans le port d’Aigues-Mortes. Une trentaine de pompiers est mobilisée pour l’éteindre et établir un périmètre de sécurité. Un barrage flottant est installé pour limiter la pollution dans le port.Les feux de bateaux amarrés dans les ports ne cessent de se multiplier en ce début d’année 2025. Seulement quelques jours après le passage à la nouvelle année, un incendie se déclare le 9 janvier dans le port de la Lave, dans le 16ème arrondissement de Marseille, près des plages de Corbières. Trois yachts amarrés sont touchés et entièrement brûlés.Le 5 février 2025, dans le port de Saint-Laurent-du-Var, une explosion retentit à bord d’un bateau de 10 mètres amarré. L’incendie provoqué par l’explosion touche deux autres bateaux voisins. Leurs occupants sont évacués rapidement. Cet incendie, dont la seule victime est le bateau qui a pris feu et a coulé, mobilise une quarantaine de sapeurs-pompiers, dont deux bateaux-pompes.Les assureurs maritimes, comme Groupama et la MAIF, confirment la tendance : le nombre de déclarations de sinistres liés aux incendies a augmenté de 38 % en un an. Les experts y voient un cumul de facteurs : vieillissement du matériel électrique, absence de mise aux normes, et méconnaissance des risques par les plaisanciers.
Vieillissement de la flotte : les dangers d’un entretien insuffisantAvec un âge moyen de 25,7 ans, la flotte française de plaisance est l’une des plus âgées d’Europe. Or, passé 20 ans, un bateau entre dans une phase critique pour sa sécurité.Un rapport de la Fédération des Industries Nautiques montre que 60 % des propriétaires interrogés repoussent des travaux jugés non urgents, faute de budget ou par méconnaissance. Résultat : des circuits de gaz non vérifiés, des cales mal ventilées, des moteurs usés jusqu’à la rupture.Le 18 septembre 2024, un bateau de plaisance coule dans le port de Pornichet. Depuis plusieurs mois, les services portuaires avaient tenté plusieurs opérations pour éviter ce naufrage, mais le manque d’entretien a fini par avoir raison de la coque. L’épave nécessite alors la mise en place d’un barrage flottant pour prévenir tout risque de pollution.En février 2024, un voilier coule dans le port de Fécamp, entraînant une intervention rapide pour sécuriser le bassin.Enfin, en février 2025, un chalutier sombre dans le port de Royan. Malgré les efforts des salariés du port et des pompiers, le bateau finit par couler. Son propriétaire, aux abonnés absents, l’avait laissé à l’abandon depuis plusieurs mois. Une ceinture anti-pollution est déployée autour de l’épave.Le coût du remplacement par du neuf est dissuasif : comptez entre 80 000 et 120 000 € pour un bateau de 9 mètres, hors équipements. Et la complexité des nouvelles normes CE (ventilation, équipements de sécurité, émissions moteurs) en fait un véritable parcours du combattant pour de nombreux propriétaires.
Permis plaisance : faut-il instaurer une remise à niveau obligatoire ?En France, le permis plaisance est valable à vie, sans obligation de mise à jour, ni contrôle de compétences. Un skipper formé dans les années 1980 peut aujourd’hui naviguer en mer sans avoir jamais utilisé une VHF ASN, un AIS ou même avoir connaissance des nouvelles règles de balisage.Les évolutions technologiques (propulsions électriques, logiciels de navigation, instruments de mesure de vent ou de fond), ajoutées à la complexification réglementaire (zones protégées, restrictions saisonnières, signalisation temporaire), exigeraient une formation continue. Ce n’est pas le cas.Contrairement à la plongée sous-marine, au vol moteur, ou même à la conduite routière professionnelle, rien n’impose à un plaisancier de maintenir ses compétences à jour. Résultat : des erreurs évitables, parfois fatales.Des initiatives comme les formations proposées par les écoles de croisière ou certains clubs nautiques permettent une remise à niveau, mais elles restent facultatives.
Les solutions pour améliorer la prévention en plaisanceFace à ces constats, plusieurs pistes sont aujourd’hui sur la table :• Instaurer un contrôle technique maritime pour les bateaux de plus de 20 ans, comme le propose la Fédération des Usagers du Nautisme Responsable (FUNR).• Rendre obligatoire une remise à niveau tous les 10 ans, avec un module en ligne ou en présentiel, selon le modèle de la Sécurité Routière.• Inciter fiscalement à la rénovation des bateaux anciens, via des aides à la mise aux normes électriques, ou à l’installation d’équipements de sécurité modernes (balise EPIRB, détecteurs de gaz, coupe-circuits automatiques).• Renforcer les pouvoirs de contrôle des capitaineries, notamment en haute saison, pour vérifier la présence et le bon état des équipements de sécurité.

Réagir efficacement en cas d’incident à bord : les réflexes à adopterSi la prévention reste le premier pilier de la sécurité en mer, tout plaisancier doit être prêt à gérer un incident lorsqu’il survient. Voici les étapes essentielles à suivre en cas d’urgence à bord.1. Garder le calme et sécuriser l’équipage• Rassurez immédiatement vos équipiers, limitez leurs déplacements, et rassemblez-les si possible dans une zone sûre du bateau.• Vérifiez que tout le monde est présent et indemne.• Faites enfiler les gilets de sauvetage à tous les passagers, si ce n’est pas déjà fait.• Si vous soupçonnez un problème mécanique ou électrique, coupez le moteur et les circuits électriques.2. Identifier la nature de l’incident• Voie d’eau : localisez l’origine (passe-coque, presse-étoupe, impact) et tentez de colmater temporairement avec des moyens d’urgence (mastic, tissu, écope).• Incendie ou fumée suspecte : coupez l’alimentation électrique, préparez les extincteurs, ouvrez les coffres avec prudence.• Panne moteur : sécurisez la dérive, jetez l’ancre si besoin, vérifiez le carburant, l’alimentation électrique ou les circuits de refroidissement.3. Lancer l’alerte• Utilisez la VHF canal 16, avec les codes radio appropriés :Mayday (détresse vitale) : feu à bord, voie d’eau incontrôlable, blessé grave, homme à la mer non récupéré.Pan Pan (urgence non vitale) : panne moteur, homme à la mer récupéré, défaillance technique.Sécurité : objet à la dérive, navigation dangereuse, signalisation absente ou endommagée.• Si la VHF est inopérante, déclenchez une balise EPIRB ou PLB, ou utilisez vos feux de détresse visuels.• N’attendez pas que la situation s’aggrave pour appeler les secours.4. Utiliser les équipements de sécurité• Activez les pompes de cale manuelles ou automatiques si nécessaire.• Déployez un dispositif de signalisation (feu à main, pavillon N sur Q, lampe flash) si l’incident se produit de nuit ou en visibilité réduite.• Préparez le radeau de survie, mais n’évacuez que sur ordre des secours ou si le navire devient ingouvernable.5. Préparer l’arrivée des secours• Allumez les feux de navigation et préparez vos feux à main ou fumigènes.• Notez votre position GPS ou estimez-la à l’aide de repères côtiers.• Regroupez les documents importants (assurance, immatriculation), la trousse de secours, les moyens de communication et un sac étanche avec de l’eau et quelques vivres.6. Après l’incident : déclarer et analyser• À terre, faites une déclaration aux Affaires maritimes ou à la gendarmerie maritime si l’incident est grave.• Prévenez votre assureur dans les délais prévus.• Prenez le temps d’un débriefing avec votre équipage : qu’est-ce qui a bien fonctionné ? Qu’aurait pu être mieux anticipé ?• Réalisez, si besoin, les mises à jour de votre matériel de sécurité (extincteurs, feux de détresse, balise).
Naviguer reste l’un des plaisirs les plus intenses qui soit. Mais cette liberté exige rigueur, anticipation et respect des règles. La multiplication des accidents ne doit pas être vue comme une fatalité, mais comme un signal d’alerte fort.Mieux former, mieux entretenir, mieux contrôler : c’est là tout l’enjeu des années à venir si la plaisance française veut rester à la fois populaire, accessible, mais surtout sûre pour tous.
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