Navigation fluviale à Corumba au Brésil
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A l’époque, c’était un port prospère, une place de commerce pour une vaste région isolée à cheval sur le Brésil, la Bolivie et le Paraguay. On y accédait par une longue navigation fluviale sur près de 5000 km depuis Buenos Aires et l’Atlantique.
Aujourd’hui, c’est un port déchu sur le plan des marchandises traitées et des vibrations urbaines. Ses anciens quais ne sont plus qu’une zone glauque aux activités interlopes. Ian Manook traduit bien cette atmosphère de toutes les aventures dans son dernier roman Mato Grosso (chez Albin Michel). Le tonnage du trafic fluvial reste important grâce au transport du minerai de fer extrait de la mine voisine, du soja et des troupeaux de bovins, exportés vers Asuncion, Corrientes, Rosario, Buenos Aires et Montevideo.
Hormis les trafiquants, les back-packers (routards) les plus aventuriers, les visiteurs de passage sont aujourd’hui les adeptes de la pêche sportive dans le Pantanal et les nombreux et tortueux cours d’eau sud-amazoniens. Pas de tourisme de masse, on vient individuellement à Corumba pour de solides raisons personnelles.
S’y aventurer en navigation de plaisance n’est pas possible aujourd’hui par manque de sécurité – aussi bien en raison d’un sauvetage très aléatoire en cas d’avarie ou d’accident, mais aussi à l’égard des risques d’agression. Les distances à parcourir sont immenses et les zones d’amarrage et de mouillage très rares, les régimes hydrauliques sont très variables, les marnages sont énormes entre la saison des pluies (novembre-mars) et la saison sèche, et la partie navigable des fleuves, rivières et bras d’eau changent chaque année.
J’ai connu Corumba en 2006 et en 2017, je suis descendu à chaque fois à l’hotel Mato Grosso, là où l’ancien Président de la République du Brésil Janio Quadros a été exilé, victime du coup d’Etat des militaires en 1964. C’est dire si on y est dans un autre monde... La ville y est toujours en somnolence tropicale – rares sont les lieux au monde où survivent les conditions de l’Aventure.