
Quel finish ! Les dernières heures de course ont offert un suspense incroyable. Et pour cause, dimanche encore, ils étaient quatre à pouvoir casser la baraque à Saint-Barth. Il aura donc fallu attendre les tous derniers milles pour connaître le tiercé gagnant. Dans l’ordre : Gwénolé Gahinet et Paul Meilhat (Safran – Guy Cotten), Fabien Delahaye et Yoann Richomme (Skipper Macif) puis Alexia Barrier et Laurent Pellecuer (30 Corsaires) qui ont finalement grillé la politesse à Martin Le Pape et Roland Jourdain (La Cornouaille) pour 87 petites secondes.
On s’attendait à un final fort en suspense et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on n’a pas été déçu. A 19h17 ce lundi 28 avril, Gwénolé Gahinet et Paul Meilhat ont remporté la 12e édition de la Transat AG2R - La Mondiale, au son des klaxons et du zouk. Un coup de maître. Trajectoire tendue, vitesse impeccable, choix stratégiques judicieux : les deux hommes ont fait preuve d’une parfaite maîtrise tout au long des 3 890 milles entre Concarneau et Saint-Barth. Mieux, ils n’ont pas failli et ont su parer les attaques en règle de leurs adversaires jusqu’au bout. « Nous n'avons jamais douté, nous avons ensemble bien analysé la situation et ce fut la clé de notre réussite, car nous étions dans une démarche constructive et nous avons bossé ensemble dans la confiance. Nous avons fait quelques petites erreurs, mais peut-être une ou deux de moins que les autres » a expliqué Paul Meilhat, à son arrivée au ponton, à Gustavia. « Nous avons toujours été dans les bons coups ». C’est un fait, que ce soit lors du passage de front lors de la première nuit, lors de la descente musclée le long des côtes portugaises ou au moment où il a fallu faire le choix stratégique crucial entre une route nord et une route sud pour rejoindre l’arc Antillais, après la marque obligatoire de La Palma aux Canaries, le binôme a toujours été bien inspiré. Idem sur la fin de parcours quand, après près onze jours passés à rivaliser au contact des skippers Macif, Fabien Delahaye et Yoann Richomme, ils ont su reprendre l'avantage dans la nuit du 25 au 26 avril, en restant légèrement décalés d’une dizaine de milles sous le vent de leur adversaire, creusant ainsi progressivement l'écart.
Quatre bateaux en moins de deux heures
« Ce fut un beau duel. Ca s'est joué à pas grand-chose. A chaque fois, c’étaient des petits décalages, des petites différences de vitesse, mais nous nous sommes bien battus, je pense qu'on la mérite cette victoire ! » a déclaré Gahinet, la bouteille de champagne encore à la main et le sourire lui faisant le tour du visage. « C'est le rêve ! On y croyait avant de partir, on pensait qu'on pouvait la gagner, mais de là à le faire, vu le niveau qu'il y avait dans la flotte cette année, c'est assez extraordinaire ! » a poursuivit le jeune homme qui a, pour finir, franchi la ligne d’arrivée avec une heure et six minutes d’avance sur son dauphin. Un dauphin finalement loin d’être déçu car arrivé avec le sentiment du travail bien fait. « On s’est battu à fond mais il y avait meilleur que nous. C’est une belle deuxième place. Gwéno et Paul ont fait la différence sur des petits placements. Ils ont su garder le sud par rapport à nous. Il y a deux jours, après une mauvaise journée qui nous a obligé à nous recaler vers eux, on a vite compris que la première place serait compliquée » a commenté Delahaye, avouant par ailleurs que lui et son acolyte avaient eu quelques sueurs froides, ces dernières heures, en voyant revenir comme des balles Alexia Barrier et Laurent Pellecuer puis Martin Le Pape et Roland Jourdain dans leur rétroviseur.
A 87 secondes du podium
« Nous nous sommes attelés à défendre notre deuxième place. C’est vrai qu’on a eu un peu peur et qu’on n’était pas très à l’aise sur la fin. Et pour cause: on avait deux bateaux à vue dernière nous » a précisé Richomme. Les deux garçons ont alors jeté toutes leurs forces dans la bataille et réussi à conserver une avance de trente minutes sur la ligne d’arrivée. Juste de quoi assister, depuis le quai, au duel inouï entre 30 Corsaires et La Cornouaille. Ces deux là ont fait ensemble leur approche du port de Gustavia, tirant des bords à quelques dizaines de mètres l'un de l'autre jusqu'au coup de canon libérateur. Grâce au jeu du marquage, l’avantage est resté au double mixte. Un avantage pour le moins minuscule : 87 secondes ! Ce n’est pas le plus petit écart enregistré sur l’épreuve, mais avouez qu’après 22 jours de mer, c’est tout de même extraordinaire. « C’était fou, c’était fou ! En fait, on a pris un peu juste le dernier virage et on n’aurait pas dû. Mais on s’est dit que même si on arrivait un mètre devant Bilou (Roland Jourdain, qui fête ses 50 ans aujourd’hui, ndlr) et Martin, ca suffisait. C’est ce qu’on a fait, c’est parfait ! » a exulté Alexia Barrier à son arrivée. Voilà donc un podium qui restera, à coup sûr, dans les annales de la course.