
Partis hier après-midi sous un épais voile de brume, les onze IMOCA de la Course des Caps - Boulogne-sur-Mer - Banque Populaire du Nord ont rapidement été confrontés à un début de course délicat, marqué par des vents faibles et un courant contraire. Depuis le milieu de la nuit, un petit flux de nord-est, plus consistant que prévu, leur permet toutefois de gagner du terrain vers la côte sud anglaise. Désormais, les premiers grands choix stratégiques se dessinent : chacun devra décider de contourner le DST des Casquets par le nord ou par le sud, tandis que l’incertitude météo complique encore un peu plus les décisions. Dans ce contexte, les prochaines heures pourraient influencer la suite du parcours.
Dès la ligne franchie hier après-midi, le décor s’est imposé : un ciel opaque, un souffle à peine perceptible et un courant prêt à piéger le moindre excès d’optimisme. Si la brume s’est rapidement dissipée, elle a laissé place à une Manche insaisissable, alternant risées fantomatiques et longues phases de calme. Entre la côte et le DST de Calais, chaque bord a pris des allures de jeu de patience, où la précision du placement et la lucidité tactique dictaient la moindre avance. « C’était vraiment compliqué, avec un vent très irrégulier. Chaque mètre pouvait faire la différence, et il a fallu se battre pour rester dans le match. », racontait cette nuit Will Harris (Malizia - Seaexplorer), satisfait d’avoir su accrocher le peloton malgré un départ moins incisif qu’espéré. « On a choisi une route un peu plus au large, ce qui nous a permis de conserver un peu plus de pression. » Pour Benjamin Dutreux (4CAD - La Mie Câline), la soirée a été un enchaînement de micro-décisions : « C’était assez mou, avec des bandes de risées et des zones de molle. On a tenté une option près de la côte pour profiter d’une renverse de courant, mais c’était très aléatoire. Quand le vent est passé nord-est en milieu de nuit, la flotte s’est resserrée et la course a vraiment redémarré. »
Petit coup d’accélérateur
Ce flux, plus généreux qu’annoncé et soufflant autour de dix nœuds, a permis aux IMOCA d’accélérer et d’afficher des vitesses à deux chiffres sur une mer encore étonnamment plate. « C’est un peu plus fort que prévu, et on avance correctement vers la côte sud anglaise. On devrait l’atteindre d’ici peu. Ensuite, il faudra choisir entre passer d’un côté ou de l’autre du DST des Casquets. On attend les fichiers météo du matin pour décider, mais rien n’est vraiment calé, il va falloir être inspirés », confiait Élodie Bonafous (Association Petits Princes - Quéguiner), ravie de ce premier grand départ en IMOCA.
Une incertitude qui plane toujours
Car si le vent a permis de relancer la flotte, le doute reste, de fait, entier quant à la suite : au nord comme au sud du fameux dispositif de séparation de trafic, chaque option recèle ses promesses et ses pièges. Et les modèles météo, loin de clarifier la situation, sèment encore plus le trouble. « Les fichiers montrent des scénarios très différents. Aucun n’est parfaitement juste. Certains semblent plus fiables que d’autres malgré tout, mais c’est difficile d’avoir confiance dans ce qu’on voit en ce moment et dans ce que va vraiment faire le vent. Il faut donc tout prendre avec des pincettes et continuer à avancer le plus vite possible en attendant d’y voir plus clair », soulignait Will Harris, résumant parfaitement le défi de ces premières heures. Pour l’instant, tous les IMOCA convergent vers la côte anglaise, mais la mi-journée pourrait bien marquer un premier tournant. Certains prendront peut-être un coup d’avance, tandis que d’autres risqueront de s’enfermer dans une option stérile. Dans cette tension latente, chaque décision promet d’être un pas sur le fil. À noter par ailleurs la belle performance de l’équipage de VULNERABLE mené par Thomas Ruyant, vainqueur du premier Sprint - le Trophée des Hauts-de-France - couru entre le départ et le DST Longitude Sud. Un premier signal fort pour une course qui promet une foule de rebondissements !