
38 concurrents se préparent au départ de La Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire, dimanche à Deauville. Parmi eux, une dizaine de marins peuvent prétendre à la victoire. Et tous peuvent créer la surprise.
Un double vainqueur en quête d’un troisième titre d’affilée, pour entrer dans l’histoire, de jeunes skippers prêts à tout pour grimper tout en haut du podium et des marins expérimentés qui reviennent édition après édition… Tous ces concurrents sont arrivés sur les pontons normands avec le couteau entre les dents. Ainsi, Yann Eliès, photographié l’an dernier avec le fameux couteau, sait que pour revenir avec « la gniac du vainqueur » sur sa 15e Solitaire du Figaro, il doit trouver le juste milieu entre l’envie de trop faire pour avoir une préparation parfaite et le plaisir de naviguer. « Cette année, j’ai commencé à naviguer très tôt, en février, avec beaucoup de plaisir et d’envie, commente le double vainqueur. Mais après la Solo Maître Coq, j’ai ressenti un peu de lassitude : j’avais mené toute la course avant de passer à la quatrième place à quelques encablures de l’arrivée ». Un coup dur qui l’a poussé à s’octroyer une pause d’un mois. Au programme : surf et vélo. Puis La Solo Concarneau lui a permis de renouer avec la victoire. « Et je suis arrivé avec Deauville avec des fourmis dans les jambes ! » Prêt à devenir à le premier skipper à cumuler trois victoires d’affilée.
Mesure ou audace ?
Paul Meilhat de son côté ne s’est pas ménagé cette saison. Il y a encore dix jours, le skipper de SMA bataillait en tête de flotte pour Le Havre Allmer Cup. « C’était physiquement éprouvant, reconnaît le trentenaire. Mais il s’agissait de régates à la journée donc nous n’avons pas eu de carence de sommeil. » Sa saison chargée lui a également permis d’avaler une louche supplémentaire de confiance avec deux victoires, en double avec Gwenolé Gahinet sur La Transat AG2R – La Mondiale et en solitaire sur La Solo Basse Normandie. Il a maintenant l’impression d’avoir passé un pallier, juste à temps pour sa cinquième Solitaire du Figaro. Les navigations en double avec Gwenolé Gahinet lui ont permis de réfléchir aux spécificités du circuit Figaro. « Ce qui est intéressant avec Gwenolé, c’est que face à un problème, il se demande toujours si la solution que tout le monde envisage est la bonne, explique Paul Meilhat. Fort de son expérience en Mini, il ne supporte pas de faire comme les autres. Mais les circuits Mini et Figaro s’opposent sur ce point. En Figaro, si on ne fait pas comme les autres, on risque de faire dernier car le niveau est tellement élevé que 98% des skippers ont raison. » Voilà pourquoi les deux marins embarqués sur Safran-Guy Cotten pour la transatlantique avaient choisi l’option sud dès le départ ; la route nord ne pouvant être une possibilité que si tous les modèles météo l’imposaient. Le skipper de SMA assure que les cinq derniers vainqueurs de La Solitaire du Figaro – Eric Bompard Cachemire n’ont jamais pris de risques. « C’est le plus complet qui gagne », avance-t-il. Une théorie validée par les anciens gagnants ? « Oui et non », répond Jérémie Beyou. Le skipper de Maître Coq se sent prêt à décrocher une troisième victoire avec l’édition 2014. « Ce qui est important c’est d’être capable de réactualiser sa route en cours d’étape et de ne surtout pas rester dans un schéma préétabli, explique-t-il. La Solitaire est une guerre d’épuisement au cours de laquelle il faut être capable de prendre un peu d’angle par rapport à la flotte et d’enfoncer le clou. » Yann Eliès confirme et précise que la panne d’ordinateur sur la première étape 2013 lui a sauvé la mise car il ne voyait pas les trajectoires de ses concurrents. « J’ai dû assumer mes choix », explique-t-il. Enfin, les double vainqueurs attendent maintenant de voir la jeune génération sortir du bois. « La pression est sur eux maintenant ! conclut Jérémie Beyou. Avec Yann, on s’accroche à nos places et ils doivent nous dépasser. » Verdict à Cherbourg début juillet.