
La tête de flotte a vu le soleil se lever sur les côtes anglaises ce lundi matin, après un départ de Deauville dimanche. Pas moins de traversées de la Manche sont prévues avant l’arrivée à Plymouth. Isabelle Joschke, sur Generali Horizon Mixité, pointe ce lundi matin en 30e position.
Isabelle Joschke a vécu une semaine stressante avant le départ avec une collision avec le voilier de Claire Pruvot sur le prologue. Elle n’a pu reprendre son souffle que jeudi matin, avec la fin des réparations. Mais ce coup dur ne l’a pas démobilisée et lorsque nous l’avons rencontrée sur son voilier, à quelques heures du départ, elle était déjà dans la course.
Entre un anticyclone estival et des cellules dépressionnaires capricieuses, la météo risque d’être surprenante avec notamment des passages très peu ventés. Comment le gère-t-ton quand on a des fourmis dans les jambes dès la ligne de départ ?
Oui, une étape qui commence très en douceur, même un peu trop, est stressante. Autant que lorsque le temps est très venté car le bateau est difficile à faire avancer dans le petit temps et cela créé souvent de gros écarts. Le risque de rater le reste de la course se présente dans ce cas de figure-là. Et le parcours de cette étape Deauville-Plymouth est compliqué parce qu’on va longer les côtes sud de l’Angleterre. C’est un endroit où les vents sont compliqués et il y a également beaucoup de courants donc ce n’est pas facile de naviguer là-bas. Ce n’est pas non plus facile de traverser la Manche quand il n’y a pas de vent avec les cargos. Et j’ai un mauvais souvenir d’une navigation en Manche, lors de ma toute dernière étape en 2012 où, bien placée, j’ai été rattrapée par mes poursuivants qui revenaient avec le vent.
Vous préférez également le large aux parcours côtiers.
Oui, je n’aime pas les parcours de départ, les parcours côtiers parce que ce sont des régates entre trois bouées qui demandent de manœuvrer très vite, de naviguer au contact les uns des autres. Et moi je n’aime pas vraiment le contact. D’ailleurs, la semaine dernière, pour le prologue, je n’ai pas eu de chance, j’ai reçu un refus de priorité, donc je n’aime pas ces situations parce qu’on peut casser notre bateau et saboter toute notre course avec une bêtise. J’ai tendance à être vraiment sur mes gardes. Plus que certains concurrents. Donc en général, je n’aime pas trop les premières heures et j’aime bien quand la première nuit en mer arrive et qu’on passe dans un autre mode de navigation.
Vous avez suivi la dernière édition de La Solitaire du Figaro Eric Bompard Cachemire à terre, faute de sponsor. Qu’en avez-vous pensé ?
C’est amusant mais c’est sans doute l’édition que je suis contente d’avoir manqué parce qu’elle m’a paru très compliquée au niveau météo. Je crois que ce n’était vraiment pas facile de faire des choix, les conditions étaient très difficiles, et les concurrents ont eu beaucoup de vent en Angleterre.
Vous suiviez la compétition au jour le jour ?
Oui, j’ai suivie depuis mon ordinateur quotidiennement car j’avais envie de voir ce que ça faisait de regarder la course depuis la terre et de se demander ce que faisaient les concurrents, nos favoris… Est-ce qu’on arrive à comprendre ce qui se passe sur l’eau ? Et il y a eu plein de moments où je ne comprenais pas, notamment lorsqu’ils ont passé la pointe de l’Espagne : à un moment donné il n’y avait pas de vent, puis il est revenu dans l’ouest, mais pas tout à fait dans l’ouest… Ce n’était vraiment pas clair mais d’ailleurs je me demande si eux aussi ils ont tout à fait compris la situation ! J’aimerais bien que cette Solitaire ne soit pas comme celle de l’an dernier !