
Cette première étape de La Solitaire du Figaro, partie dimanche de la Baie de Saint-Brieuc, tient décidément toutes ses promesses. Après une entame de course dans le petit temps, qui a donné lieu à d’importants écarts selon les options suivies par les uns et les autres en Manche, la journée de mardi a redistribué les cartes, permettant à nombre de retardataires de combler leur handicap lors de la montée vers le Fastnet par la grâce d’un vent qui a peu à peu faibli à l’avant de la flotte.
Les retours les plus spectaculaires sont à mettre au crédit d’Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) et de Frédéric Duthil (Technique Voile-Cabinet Bourhis Generali), qui, après avoir compté plus de 20 milles de retard sur les premiers lundi, sont revenus sur les talons du leader Xavier Macaire (Groupe SNEF) 24 heures plus tard. Ce que ce dernier confirmait à la mi-journée : « Je vois Armel sous mon vent, il a un angle plus favorable que moi, je ne sais pas si ça va durer. Je vais essayer de conserver ma petite avance sur les camarades qui sont derrière moi et je vais voir comment ça va croiser avec Armel au Fastnet ».
Quelques heures plus tard, le skipper de Groupe SNEF, leader sans discontinuer depuis la première nuit, conservait l’avantage, franchissant en tête le mythique phare irlandais, avec un demi mille (900 mètres) d’avance sur le vainqueur du dernier Vendée Globe (et double lauréat de La Solitaire du Figaro). En faisant demi-tour vers la Baie de Saint-Brieuc, distante de 320 milles (515 kilomètres), les deux leaders ont pu apercevoir les voiles de leurs poursuivants, dans l’ordre Frédéric Duthil, Corentin Douguet (NF Habitat), Fabien Delahaye (Laboratoires Gilbert), Alexis Loison (Région Normandie), Tom Laperche (Bretagne CMB Espoir) et le local Tom Dolan (Smurfit Kappa), autant de skippers qui, à mi-course, gardent toutes leurs chances de jouer la victoire d’étape à Saint-Quay-Portrieux.

« Il y a de fortes chances qu’on assiste à une sorte de deuxième départ au Fastnet », confiait mardi à la mi-journée un observateur attentif de la course, Gildas Morvan, 22 participations à La Solitaire du Figaro (dont 4 podiums) au compteur. Autant dire que la seconde partie d’étape s’annonce à couteaux tirés, avec une haletante course de vitesse, la plupart du temps à vue, dans un bon flux de sud-ouest qui promet des surfs endiablés, des déferlantes sur le pont et des heures à la barre pour les 35 solitaires.
« Avec la fatigue qui s’accumule, il faut quand même qu’ils arrivent à faire des petites siestes pour négocier au mieux le retour vers la Bretagne. Mais qui dit sieste dit pilote automatique. Donc ceux qui sont capables d’aller vite et de bien régler le bateau sous pilote auront vraiment un gros plus », ajoutait Gildas Morvan. Soit ceux qui ont le plus d’entraînements et de navigations dans les pattes. C’est donc une fin d’étape pour costauds qui s’annonce, avec une arrivée toujours prévue dans la matinée de jeudi.