« Un homme à la mer ! »: Cammas et ses acolytes se préparent au pire avant le Trophée Jules Verne

Course au large
Par AFP/Figaronautisme.com

Sans respirer et surtout sans paniquer, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs équipiers tentent de s'extraire d'une cabine retournée et immergée au fond de l'eau. Ceci est un exercice : les marins participent à un stage de survie avant le tour du monde en mode record, le Trophée Jules Verne.

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Sans respirer et surtout sans paniquer, Franck Cammas, Charles Caudrelier et leurs équipiers tentent de s'extraire d'une cabine retournée et immergée au fond de l'eau. Ceci est un exercice : les marins participent à un stage de survie avant le tour du monde en mode record, le Trophée Jules Verne.

Détendus mais pas trop, les hommes du Maxi Edmond de Rothschild, un trimaran géant dernière génération capable de "voler" grâce à ses foils, enfilent leurs combinaisons jaunes et se placent au bord d'un bassin circulaire géant, où le pire les attend.

"Surtout, ne vous débattez pas. Posez les mains sur la tête et ce sera le signe pour qu'on intervienne", lance aux sept marins l'instructeur Jean-Claude Guenneguez, du Centre d'Etude et de pratique de la Survie (CEPS).

Cammas, Caudrelier, Yann Riou, Erwan Israël, Morgan Lagravière, David Boileau et Yann Eliès doivent traverser sous l'eau un trampoline - filet situé entre les flotteurs et la coque centrale. Un exercice qui se fait en apnée, soit durant un peu moins de 10 secondes sans respirer.

"On se projette tout de suite en cas de retournement sous le filet du bateau et on se dit que... Bah on n'a pas beaucoup de temps pour trouver la sortie", souligne Eliès. "Ce qui est sûr, c'est qu'il ne faut pas chavirer, c'est l'idéal!".

Ils chahutent, l'eau est à 25 degrés dans ce hangar situé près de la Base des sous-marins à Lorient, bien loin des eaux froides et des éléments violents qu'ils affronteront lors de leur quête du Trophée Jules-Verne.

Puis vient le moment de monter dans une cabine qui va descendre au fond de l'eau avant un retournement à 180 degrés dont il va falloir s'extraire. Ils auront même les pieds attachés et un masque pour leur bander les yeux.

"On fait moins les malins", glisse Lagravière à ses compères dans le silence ambiant.

"Tu sais que c'est complètement déstabilisant", relève Caudrelier.

"Effectivement... D'avoir la tête à l'envers, avec les mouvements d'air.. Ça permet de prendre un peu la mesure du problème dans le noir si on a besoin de se déplacer dans le bateau sous l'eau", explique le skipper, qui a déjà trois tours du monde à son actif.

Pour le vainqueur de la dernière édition de la Volvo Ocean Race (course autour du monde en équipage avec escale), ce genre de stage auquel il n'avait encore jamais pris part, permet d'avoir de bons réflexes en situation de crise pour ne pas prendre "des décisions stupides".

Outre les cas d'hommes entravés, tête à l'envers, les navigateurs ont appris à gérer un incendie à bord durant les trois jours de ce stage mais surtout celui d'un équipier tombé à l'eau.

"Ce qui nous fait le plus peur, c'est l'homme à la mer, c'est la difficulté et le stress ultime, il faut le retrouver et réussir à le remonter à bord et ce n'est pas simple", dit Caudrelier.

Pour Cammas, qui rappelle que l'avantage avec les multicoques c'est qu'ils ne coulent pas, l'un des plus gros dangers est l'homme à la mer.

"On voit qu'avec nos bateaux qui vont très très vite, à partir du moment où on tombe dans l'eau, la chance de survie et la chance de récupération de l'homme à la mer est tout de suite assez réduite. Donc du coup, les risques on les visualise mieux après un stage comme ça", commente Cammas, fort de ses deux tours du monde et trois chavirages.

"Le vrai risque c'est toujours le chavirage sur nos bateaux, contrairement aux monocoques... Et le chavirage évidemment ça implique toutes ces choses-là, c'est-à-dire qu'on est dans un mode de survie où il va falloir gérer le temps, gérer un secours qui peut arriver en 3 heures comme arriver une semaine après", indique Cammas, qui a détenu le Trophée Jules Verne en 2010 avec un tour du monde record en 48 jours.

Maintenant parés à tout, les skippers seront en stand-by dès le 1er novembre pour aller chercher les 40 jours de Francis Joyon et ses 5 hommes (Idec Sport) établis en 2017.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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