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1ère partie de course : entre flux d’ouest perturbé et anticyclone des Açores
Au printemps, la circulation atmosphérique peut encore être perturbée dans le golfe de Gascogne. Les navigateurs doivent négocier le passage des perturbations océaniques qui circulent dans un flux d’ouest à sud-ouest en lien avec des dépressions évoluant sur le nord de l’Atlantique. Cette configuration génère une alternance de vents de Sud-Ouest à Nord-Ouest plus ou moins forts avec parfois des coups de vent à négocier, et surtout une mer croisée. Les premiers jours de course ne sont donc pas toujours simples.
En l’absence de flux perturbé, la situation peut être radicalement différente, notamment lorsqu’un anticyclone s’installe sur les Iles Britanniques et génère un flux de nord-est sur la Manche et le proche Atlantique. Les vents portants permettront de sortir rapidement de la Manche puis du golfe de Gascogne.
En revanche, dans le cas où une dorsale vient s’installer sur le golfe de Gascogne, il faut contourner la dorsale pour échapper aux vents variables faibles et ne pas se retrouver dans la pétole pendant quelques temps.
En descendant vers le sud, il faudra bien se positionner par rapport à l’anticyclone des Açores avec deux options possibles :
- le contourner par l’est et profiter des alizés portugais, ces vents de nord souvent bien établis au large de la péninsule ibérique.
- le contourner par le nord et l’ouest pour profiter de la circulation d’ouest perturbé le plus longtemps possible avec une route plus directe mais avec des vents plus irréguliers avec une navigation au prés.
2ème partie de course : la route des alizés, pas toujours si tranquille…
Les alizés qui s’établissent en bordure sud de l’anticyclone des Açores sont réputés stables et modérés. C’est loin d’être le cas puisque s’ils soufflent entre 15 et 20 nœuds de moyenne, ils peuvent aussi bien s’essouffler qu’atteindre 40 nœuds sous les grains. Quant à leur direction, elle peut varier d’une centaine de degrés entre le Nord-Nord-est et le Sud-est !
C'est la position de l’anticyclone des Açores qui commande l’alizé. S’il est positionné à proximité des Açores, l’alizé s’établit généralement vers le 30°N, entre Madère et les Canaries. En revanche, si l’anticyclone se décale vers le sud, l’alizé ne s’établit qu’à une latitude beaucoup plus sud en direction du Cap Vert. La force de l’alizé dépend de la puissance de l’anticyclone et du gradient de pression plus ou moins important sur sa bordure. On cherche à rester sur la route directe en multipliant si nécessaire les empannages. L’état de la mer dépend lui beaucoup de la présence ou non d’une houle qui pourra être générée par des dépressions circulant très au nord mais se propageant jusqu’à ces latitudes. Si la houle de nord-ouest est présente, il en résultera une mer croisée avec la mer du vent de nord-est et des conditions de navigation plus inconfortables.
3ème partie de course : plus d’instabilité et des grains à négocier en approche des Antilles
En progressant vers le sud-ouest, les pressions baissent en s’éloignant de l’anticyclone des Açores. L’alizé prend un peu de droite (il est plus Est que Nord-Est) et devient plus irrégulier. Les manœuvres et réglages sont plus fréquents. Le temps devient plus instable en raison d’une masse d’air plus chaude et humide et de pressions moins élevées. Les cumulus prennent plus d’ampleur avec des grains parfois organisés en ligne, observables à distance. Au passage des grains, les vents sont très irréguliers à la fois en force et direction.
Dans la zone de transition entre l’anticyclone des Açores et celui des Bermudes, il arrive qu’un marais barométrique (zone à très faible gradient de pression) s’installe plus ou moins durablement. Il faut donc anticiper la situation et détourner sa route au risque de se trouver empétolé pendant des heures dans les zones de calme. A cela s’ajoutent parfois de mauvaises conditions météo (développement d’orages ou brumes tenaces).
Enfin, il n’est pas rare, sur la route Sud de se faire rattraper par une onde d’Est. Sous ce vocable, on désigne un creux barométrique (thalweg), matérialisé par une inflexion vers le Nord des isobares qui entourent la dépression. Ces lignes de grains orageux violentes et orientées Nord-Sud sont à l’origine de brusques variations de vent.
La traversée de l’Atlantique n’est donc pas un long fleuve tranquille, elle nécessite toute l’expérience des marins pour négocier au mieux les phénomènes météo tout en préservant son voilier.
A la semaine pour un nouvel article météo sur la Transat en Double Concarneau - Saint-Barthélemy, par un expert METEO CONSULT.