
Pour leur retour aux affaires, les solitaires iront d’abord contourner le Fastnet, puis le waypoint Gallimard au large du Cap Finistère, avant de revenir en terre Brestoise. Ils ont eu droit à un départ dans des conditions estivales, la rade de Brest n’étant parcourue que par un faible zéphyr de 6 à 8 nœuds en ce début d’après-midi dominical. Voilà qui a bien arrangé les affaires de skippers parfois anxieux en ce premier jour de rentrée des classes, à l’image de la Britannique Pip Hare (Medallia) qui s’avouait « très nerveuse » à l’idée de disputer sa première course à bord de l’ex-Bureau Vallée de Louis Burton.

Revenants, redoublants et bizuths
Ils sont sept dans son cas, à découvrir un nouveau bateau. Il y a dans ce groupe, les revenants Eric Bellion et Conrad Collman, mais aussi Damien Seguin, Benjamin Dutreux, Arnaud Boissières et Alan Roura. Ils ont tous les quatre changé de monture à l’issue du dernier Vendée Globe, espérant passer dans la classe supérieure. Louis Burton est également dans ce cas, mais il avait été tellement rapide à acquérir l’Occitane en Provence d’Armel Tripon qu’il a pu le prendre en main dès la saison dernière. Encore plus tendus sont sans doute les six vrais bizuths de cette saisons 2022-2023 : Denis Van Weynbergh, Weöres Szabolcs, Guirec Soudée, Antoine Cornic, Benjamin Ferré et Sébastien Marsset. De tous, c’est ce dernier qui est le mieux placé après la première nuit en mer, 10ème. Si Giancarlo Pedote (Prysmian Group – 5ème) et Isabelle Joschke (MACSF 6ème) sont devant, il précède de nombreux habitués du circuit qui pourtant ont profité de l’hiver pour doper leurs montures. Ainsi, le puissant Corum L’Epargne de Nicolas Troussel (11ème ce matin) a toujours du mal à décoller dans le petit temps. Quant à Kojiro Shiraishi, Manuel Cousin et Fabrice Amedeo, visiblement ils ne sont pas encore chauds.

Les favoris déjà devant
Lui est déjà passé par la classe Imoca, co-skipper recherché car plus qu’expérimenté, l’inclassable Nicolas Lunven, qui remplace Clarisse Cremer pour cause de maternité, a pris la barre de Banque Populaire. Il a très vite trouvé le mode d’emploi puisqu’il est ce matin quatrième. Devant lui, le trio de tête, tout sauf inattendu, est composé de Charlie Dalin (Apivia), qui devance Jérémie Beyou (Charal) et Thomas Ruyant (Linkedout). Après seulement vingt heures de course, ils ont déjà trente milles d’avance sur leurs poursuivants et le Havrais Charlie Dalin en a même une petite quinzaine de plus. On se demande bien pourquoi ces trois-là ont lancé la construction de bateaux neufs tant ils semblent déjà au-dessus du lot sur leurs actuelles montures. Peut-être que la réponse se trouve dans le classement des runs (Défi Pom’Potes) disputés vendredi. Le plan Manuard de Louis Burton l’a en effet emporté sur cette ligne droite de 0.7 milles parcourue par un vent soufflant idéalement autour de 15 nœuds. Certes il n’a devancé Charlie Dalin que d’une petite seconde, mais dans ces conditions idéales, le foiler noir à l’étrave de scow a fait parler sa puissance. Son skipper appréhendait pourtant quelque peu ce premier rendez-vous post-trauma de son démâtage dans les premières heures de la Transat Jacques Vabre à l’automne 2021.

Seulement 200 des 1200 milles nautiques ont déjà été parcourus, mais les foilers d’avant-dernière génération sont déjà devant. Le petit temps aurait dû favoriser les dérives droites, mais visiblement, même dans ces conditions, ils n’ont pas trouvé la solution. Alors que Kevin Escoffier vient de mettre à l’eau PRB, le tout premier bateau conçu spécialement pour le Vendée Globe 2024, est-ce que la nouvelle génération va encore creuser l’écart ? Il faudra attendre un petit peu pour le savoir. D’ici-là, le vent de Sud-Sud-Ouest devrait monter dans les prochaines heures à l’approche du Fastnet. Les skippers les plus expérimentés vont pouvoir faire parler la poudre, avant d’entamer leur descente au près vers le Cap Finistère.