
Cent soixante bateaux au départ de la Rolex Giraglia, voilà qui comblait d’aise les organisateurs et donnait déjà une saveur particulière à cette 69ème édition. La Société Nautique de Saint-Tropez et le Yacht Club Italiano pouvaient reprendre le fil de l’histoire avec des courses côtières dans le golfe de Saint-Tropez du dimanche au mardi. Puis, après le traditionnel dîner des équipages donné dans les jardins de la Citadelle surplombant la ville, le mercredi sonne l’heure du départ de la grande course. Un parcours d’environ 240 milles nautiques menant les équipages de Saint-Tropez à Gênes en passant par le célèbre rocher de la Giraglia au pied du Cap Corse.

Mariette en reine-mère
Pour fêter ses 25 années de partenariat avec une course dont elle est devenue le sponsor titre en 2018, Rolex pouvait se réjouir de voir sur les eaux azuréennes et dans l’écrin du port de Saint-Tropez, certains des plus beaux voiliers écumant actuellement les régates méditerranéennes. Cela commençait par la magnifique goélette Mariette dessinée et construite par le génial Nathanael Herreshoff à Bristol en 1915. Un superbe voilier classique qui s’était déjà illustré à Porto Cervo en Sardaigne il y a quelques semaines lors de la Giorgio Armani Superyacht Regatta. Si le système de temps compensé lui ôte toute ambition au classement, sa participation est un témoignage de la valeur du temps, de la richesse de l’histoire maritime et un geste sportif de grande classe, qui fait honneur à cette grande et belle course. Avec ses 33.50 mètres de long, Mariette en navire amiral semblait régner sur la flotte et regarder avec bienveillance les performances de la toute dernière génération.

Magic Carpet Cube le plus rapide
On pense bien sûr en premier lieu à la Classe Maxi dans laquelle on se dispute les honneurs de la ligne. A ce petit jeu c'est le grand Magic Carpet Cubed, le Wallycento de Sir Lindsay Owen-Jones, qui a devancé un autre 100 pieds, ARCA SGR, skippé par Furio Benussi et l’ensemble des concurrents sur la ligne d’arrivée Génoise. Un ordre inversé et donc une forme de revanche sur la version 2021 qui, 100% italienne pour cause de pandémie, était partie de San Remo. Si les vainqueurs n’ont mis qu’un peu plus de 34 heures pour parcourir les 240 milles, les conditions très légères de cette édition n’ont permis qu’à 105 voiliers de finir dans le temps imparti. Une météo capricieuse qui avait même fait renoncer Kito de Pavant, pourtant un fidèle de l’épreuve, mais qui à bord de son Class40 HBF-Reforest’Action a préféré regagner Port Camargue directement pour ne pas obérer la suite de son programme. Le navire emblématique du Yacht-Club Italiano depuis 1989, le vénérable Elo II, était bien quant à lui au départ, avec qui plus est, une belle brochette de champions pour se succéder à la barre, de Tommaso Chieffi à Ambrogio Beccaria. Avec un équipage de jeunes marins en formation, ils finiront à une très honorable 37ème place.

Le Ker 46 Lisa R vainqueur 2022
Quant au prestigieux trophée du classement général en temps compensé, c’est Lisa R, le Ker 46 de Giovanni De Vincenzo qui l’emporte. Souvent second, l’équipage italien a cette fois brisé le signe indien pour remporter la montre et la coupe tant convoitées. Il faut dire qu’en arrivant avec plus de deux heures d'avance sur leur adversaire direct, le Felci 61 Itacentodue d'Adriano Calvini, deuxième en IRC, ils avaient laissé peu de place au doute. Les deux autres montres-trophées ont été remis à Magic Carpet Cube vainqueur en temps réel, et à Andrea Zaoli de Resolute Salmon vainqueur dans la classe la plus représentée et ayant participé à toutes les courses. Rendez-vous donc en 2023 pour le 70ème anniversaire, un évènement majeur qui pourrait rassembler encore plus de voiliers et plus de nationalités, même s’il y en avait déjà 21 représentée cette année.