
Shenandoah of Sark a eu plusieurs vies. Construit à Newport aux Etats-Unis, berceau de la Coupe de l’America avant que les Australiens ne triomphent enfin des Etats-Unis en 1983 après 132 ans d’attente, cette goélette – en fait un schooner – ressemble comme deux gouttes d’eau à Météor, propriété de l’empereur d’Allemagne Guillaume II, qui comme par hasard, a été construit dans le même chantier américain. Il faut venir admirer cette véritable « œuvre d’art » bleu foncé, dont les trois gigantesques mâts surmontés d’un fanal rouge, se repèrent à la tombée de la nuit dans le port cannois. Le bateau, magnifiquement entretenu, n’a cessé de changer de mains entre notamment de riches Allemands, un prince italien… avant d’être confisqué par les douanes françaises en 1960.
Un entrepreneur français, fou de voile, va l’acquérir douze ans plus tard. Ce Monsieur se nomme Marcel Bich. Il a créé un empire grâce au stylo à bille Bic. Viendront ensuite, le stylo quatre couleurs, le rasoir jetable, le briquet, les planches à voiles… Le Baron est fou de voile, navigue dès que possible en croisière, le plus souvent en Méditerranée. Shenandoah va faire aussi un tour du monde dans des lieux paradisiaques tels que la Patagonie ou la Polynésie.
Et quand Marcel Bich décide de se lancer dans la Coupe de l’America, rêvant de battre les Américains chez eux, Shenandoah est un peu la base arrière de l’équipe française à Hyères où sont basés les 12 M JI « France », le plan Mauric et « Constellation », vainqueur de l’édition 1964, que Marcel Bich a racheté aux Américains pour servir de bateau lièvre. Marcel Bich a également sa résidence de vacances près de Brégançon. Tous les matins à huit heures pile, il arrive à bord de son trois mâts Shenandoah et mouille devant le port. Marcel Bich est bien évidemment à bord comme bastaqueur bâbord, Paupic Delfour étant à la barre.

Le Baron qui aime régulièrement prendre la barre, souvent avec des gants « beurre-crème », va faire venir nombre de grands marins, à commencer par Tabarly pour disputer trois Coupes de l’America sur France en 1970, 1974 et 1977, sans grand succès. A Cannes pour cette 44ème édition, non seulement Schenandoha est là, mais il y a aussi France, son fameux 12 MJI de 70 en bois, magnifiquement refait il y a quelques années grâce notamment à son fils Bruno, Thierry Verneuil, Bruno Troublé et tant d’autres. Les Régates Royales de Cannes, c’est aussi ça, faire revivre les légendes que sont Schenandoha of Sark aujourd’hui skippé par son capitaine britannique Russel Potter ou France, mené par Hervé Mathieu-Resuge, et avec à la tactique, Yannick Pollet, cannois ancien champion du monde de 420, et qui dans cette petite brise thermique très tactique, s’est largement imposé face à son adversaire French Kiss, pourtant plus jeune de quinze ans.
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