
Le départ de Malte samedi midi a été à l’image de ce qui attendait les concurrents sur cette grande classique méditerranéenne : pas de vent ! Même se sortir du grand brise-lame qui protège la vieille ville relevait pour certains de l’exploit, les 55 milles nautiques de la traversée jusqu’au Cap Passero s’annonçant déjà comme un long chemin de croix. Et ce n’était qu’un début car, compte tenu du parcours, un grand tour antihoraire de la Sicile, impossible d’opérer une réduction de parcours sur les 600 milles prévus.

Le schéma météo qui bloque
Après le tout petit temps du départ les premiers multicoques ont trouvé un peu de brise jusqu'au début du détroit de Messine, qu'ils ont atteint vers minuit. Les speedo des Mod 70 montaient alors parfois les jusqu'à vingt nœuds, les grands monocoques se contentant d'une dizaine de noeuds. Mais le vent est complètement tombé lorsqu'ils ont atteint l'Etna. Dans l'obscurité, il est devenu presque impossible de repérer les zones de vent sur l'eau. La journée de dimanche n’a pas été plus ventée et plutôt éprouvante pour les plus petits bateaux de la flotte. Ainsi dimanche soir, seulement cinq bateaux de la classe IRC 3, trois en IRC 4, et un seul en IRC 5 avaient passé le détroit de Messine. Les IRC 6 quant à eux avaient difficilement parcouru 100 milles en 24 heures et ils étaient encore à hauteur de l’Etna. Ce matin les MOD70 qui font la course en tête, ont passé l’extrémité Ouest de la Sicile et ont retrouvé du vent, mais de face ! En direction de l’île de Pantelleria, Mana mené par Ricardo Pavoncelli et Alexia Barrier sa future propriétaire, a pris une bonne avance. Entre lui et le quatrième, Giovanni Soldini sur Maserati, Zoulou et Snowflake sont au coude à coude. Les grands monocoques Bullitt et Leopard qui, hier encore, naviguaient bord à bord avec Giovanni Soldini, sont ce matin distancés, encore au large de Palerme. En début de course, Leopard 3, légèrement plus long, a semblé plus à l’aise dans le petit temps que Bullitt. Mais peu après la sortie du détroit de Messine dimanche matin, Leopard a perdu le fil, s'immobilisant presque et perdant 5 milles sur son rival italien, un écart qu’il n’a toujours pas réussi à combler complètement.

Une flotte étirée d'Ouest en Est de la Sicile
Au regard des positions, le Ker 46 français Daguet 3 – Corum, qui n’a qu’une vingtaine de milles de retard sur ces maxis est en course pour remporter le Trophée Rolex Middle Sea Race en temps compensé IRC, mais ce n'est vraiment qu'une indication avec près de la moitié de la course encore à courir pour lui. Il est suivi comme son ombre par un autre français, François Bopp. Epaulé par le champion néerlandais Bouwe Bekking sur Chocolate 3, il a réalisé un très bon début de course avant de tomber dans un trou d’air et devoir lutter pour revenir dans le paquet de tête des IRC 2. La lutte à l'avant de l'IRC 3 n'a pas été moins intense. Ce matin, Lee Satariano et Christian Ripard sur le bateau maltais Artie sont bord à bord avec les anglais d’ Ino XXX et ils ont tous deux une bonne avance sur le français Tonnerre de Glen. En IRC 1, Wild Joe, le bateau hongrois de Marton Jozsa, et le Botin 65 de Jean Pierre Barjon, Spirit Of Lorina, sont en tête de leur classe. En IRC 2, c’est la guerre des trois, entre le NMYD 54 Teasing Machine d'Eric de Turckheim, le TP52 allemand Red Bandit de Carl-Peter Forster, et l'IRC 52 Arobas2 de Gérard Logel. Ils occupent les trois premières places avec un petit avantage au premier nommé, légèrement décalé au Nord de ses adversaires.
Le soleil se lève sur le troisième jour de course, et chaque équipage, quelle que soit sa position dans une flotte qui s’étire désormais de Pantelleria au détroit de Messine, s’accroche à la moindre petite risée dans une lutte acharnée mais que tout marin expérimenté apprécie. Cette 43e Rolex Middle Sea Race est définitivement celle de la détermination et de l'acharnement. Parcourir chaque mille l’un après l’autre, en prenant parfois plus d'une heure pour y parvenir, en acceptant les multiples variations du vent.