ARKEA ULTIM CHALLENGE - interview Charles Caudrelier « ça allait presque un peu trop vite »

Par Figaronautisme.com
carte de la course Arkea Ultim en direct

Prendre le temps, quelques minutes, même en étant lancé dans un sprint infernal. Chaque mardi, un skipper s’attache à répondre à nos questions, revenir sur les défis du moment et évoquer l’intensité de la course. Pour lancer ce premier rendez-vous, coup de fil à Charles Caudrelier. Légèrement en tête depuis la traversée du golfe de Gascogne, le skipper du Maxi Edmond de Rothschild se veut toujours alerte, vigilant, ayant conscience que le moindre détail – un réglage, un surplus de vent – peut lui permettre de prendre un peu plus l’avantage. Charles n’oublie rien : la bataille du moment, la dépression à venir et la gestion au long court. Il a fallu trois tentatives et quelques sonneries pour qu’il décroche. « Je sors de ma sieste », se justifie Charles avant de dérouler ses impressions, avec l’extrême lucidité et la motivation exacerbée qui le caractérisent.

Comment résumes-tu ton début de course ?

« C’est un tour du monde, on n’est pas en mode « Route du Rhum » ! On s’est bien tiré la bourre dans le Golfe de Gascogne, il a fallu bien barrer le bateau et je n’ai pas beaucoup dormi la première nuit. Mais j’ai réussi à me reposer hier et j’ai bien dormi cette nuit. C’est important de rester en forme. J’essaie de faire ma route sans trop m’occuper des autres. On ne va pas avoir beaucoup de vent dans les prochaines heures, puis beaucoup ensuite...

Tu es impressionné par le rythme depuis le départ ?

« Il y a de l’intensité entre nous, ça c’est sûr, même un peu trop parfois ! J’ai calmé le jeu dans la brise pour le bateau, surtout après avoir atteint les 45, 46 nœuds… Je trouve que ça allait presque un peu trop vite pour un début de tour du monde. On est parti en étant bien rapide mais je pense que tout le monde va trouver son rythme et va se caler petit à petit d’autant que les choses sérieuses commencent demain avec les premières dépressions. Mais c’est sympa de voir qu’on est tous collés les uns aux autres.

Vous êtes tous ralenti ce mardi par une bulle anticyclonique qu’il convient de contourner.

Comment décris-tu la marche à suivre ?

« Il faut parvenir à passer dessous. Plus tu passes près, plus tu as un bon angle, une bonne rotation du vent mais tu as moins d’air. C’est un peu un jeu entre la direction et la force du vent. On n’aura pas le résultat tout de suite. Moi je rentre le premier dedans donc tout le monde va revenir sur moi… Ça fait partie du jeu !

Demain après-midi, il y a donc cette première dépression. Quelle est ta stratégie, l’avez-vous déterminée avec ta cellule routage ?

« Ça évolue un petit peu mais on n’a pas vraiment le choix. Il va falloir trouver la bonne limite entre « pas trop de vent » et « pas trop de mer ». Bien sûr, la route est meilleure si tu vas dedans mais le risque est plus fort. Et en début de tour du monde, on n’a pas trop envie de jouer. Il faut qu’on arrive à placer le curseur au bon endroit.

Et où est-ce qu’il faut le placer ?

« On sait que plus on fait du Sud mieux c’est. Tu perds forcément un peu de temps sur la route optimale mais ça reste le début du tour du monde, il faut être sérieux. Moi, j’avoue que je ne me suis pas encore concentré sur cette partie-là. Le moyen et long terme, je le laisse aux routeurs. Moi je me concentre sur les heures qui viennent à chaque fois, bien préparer la journée, bien la gérer.

Ça peut quand même créer des écarts entre vous ?

« Oui, ça peut contribuer à éparpiller un peu la flotte. Personne ne va vraiment passer au même endroit, personne n’aura les mêmes performances et puis il y a pas mal de manœuvres à faire, ce qui peut aussi créer des écarts. Dans l’anticyclone, tout est aléatoire et la bonne position n’est jamais facile à trouver. Mais il y a un mur devant nous donc les écarts peuvent aussi se réduire à peau de chagrin.

Le fait d’être en tête, même au sein d’une flotte aussi resserrée, c’est un petit bonus ?

« Je ne pense pas du tout au classement. Je sais que si je commence à y penser, ça m’obsède. Je fais ma route sans trop penser aux autres. Quand je parle des autres, je me fais rappeler à l’ordre par mes routeurs (rire). C’est bien, on est en tête mais ça ne veut rien dire. Nous sommes dans un mouchoir de poche, on verra bien ce que ça va donner !

Tu te sens bien amariné ?

« Oui, je suis content. J’ai bien dormi, j’arrive à bien m’alimenter et c’est vraiment top. Je vais peut-être refaire une sieste mais ça va ! »

Nautisme Article
© Yann Riou - polaRYSE - GITANA SA

LE POINT SUR LA COURSE. À partir de demain après-midi, « ça va être sport »

« Dans l’anticyclone, tout est aléatoire », confiait Charles Caudrelier. C’est en tout cas ce qu’expérimente la bande des cinq depuis ce matin. Le skipper du Maxi Edmond de Rothschild conserve la tête alors qu’ils ont tous mis le clignotant vers l’Ouest. « En matière de conditions, ça va devenir très léger » confiait Will Oxley de la cellule routage de Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) en fin de matinée. Il conviendra de surveiller la stratégie plus Sud d’Armel Le Cléac’h, liée à un décalage dans l’Est un peu plus tôt.

Cet après-midi, alors que le vent ne dépassait pas les 7 nœuds, le skipper du Maxi Banque Populaire XI était le seul à progresser à plus de 10 nœuds. Après avoir gérer cette transition pas si évidente à négocier, les regards se tourneront donc vers cette dépression qui s’étire de l’Irlande jusqu’au Cap Vert. Un mur à franchir avec du vent autour de 40 nœuds et des vagues d’au moins 4 à 6 mètres. « Le vent de secteur Sud va rentrer progressivement et ça va commencer à se corser, souligne Guillaume Rottée, le directeur de course. À partir de demain après-midi, ils vont entrer dans le vif du sujet. Ça va être sport. »

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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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