Charles Caudrelier et le Maxi Edmond de Rothschild toujours en escale aux Açores

Par Figaronautisme.com / Gitana-Team
carte de la course Arkea Ultim en direct

Leader incontesté de l’Arkea Ultim Challenge depuis le 17 janvier dernier, Charles Caudrelier n’est plus qu’à 1 200 milles de l’arrivée de cette première course autour du monde en solitaire. Mais depuis hier, mercredi 21 février à 6h, le compteur des milles est à l’arrêt. En effet, le skipper du Maxi Edmond de Rothschild est officiellement en escale technique aux Açores à Horta. Les dépressions qui circulent actuellement dans l’Atlantique Nord barrent la route vers Brest et l’obligent à prendre son mal en patience, amarré dans la marina principale de l’île de Faial. Un temps imaginé ce jeudi matin, le retour en course ne pourra finalement se faire, au mieux, que demain en fin de journée voire samedi midi. Si cette fois les fichiers météos laissent entrevoir une fenêtre acceptable, Charles Caudrelier et le Maxi Edmond de Rothschild reprendraient la mer pour une arrivée attendue à Brest lundi 26 février.

Interview Charles Caudrelier, le 22 février

Pourquoi on s’est arrêté à Horta ? Parce que si j’allais tout droit je devais passer dans une traine de dépression avec du vent de Nord-Ouest très fort, on attendait 10 mètres de mer. J’ai vu qu’il y avait des mesures à 11,50 mètres cette nuit déjà alors que c’était plutôt prévu 6-7… En fait, il y a des vents très irréguliers, c’est ça le problème, avec des grains très forts. Ce n’est pas le vent moyen qui pose un problème, il est souvent très sous-estimé dans les modèles. On peut rajouter de toute façon 20% aux modèles en général, donc par exemple si quelqu’un regarde la météo à terre et qu’il voit 35 nœuds, c’est souvent 20% de plus dans ces conditions-là, plus les grains, donc ça peut faire des vents à 100 km/h. On voit qu’en France c’est la tempête. La décision a donc été prise de ne pas y aller parce qu’on a une avance importante et qu’on a un bateau qui a déjà fait quasi un tour du monde.

J’ai ce luxe de pouvoir m’arrêter, donc on a fait ce choix. Ça n’était pas simple parce que nous avons envie d’arriver. On avait aussi envie de ne pas faire d’escale… Je n’étais vraiment pas obligé de m’arrêter, le bateau évidemment n’est pas en parfait état mais il était tout à fait capable de poursuivre… Mais prendre un risque, c’est un peu la roulette russe.

Et puis derrière, en plus ça s’enchaîne, la météo est très mauvaise pendant quelques jours donc la décision a été prise comme ça. Sans doute que si nous avions eu un bateau à 50 milles derrière on aurait tenté de passer, mais là pourquoi ? À part par ego… Donc c’est la sagesse l’a emporté sur l’impatience et l’ego.

Et on s’est aussi arrêté parce qu’on pensait pouvoir repartir au bout de 24h, donc ce matin ; mais la situation météo a empiré, les modèles ne sont pas tout à fait d’accord mais commencent à s’aligner, il y a une deuxième dépression, une dépression secondaire, qui peut être très virulente, et les modèles ont du mal à savoir où elle va être exactement. Il fallait absolument que je parte tôt ce matin d’ici, enfin plutôt d’un point un peu plus loin pour me mettre derrière le vent de la première dépression et le problème est que derrière il y en a une autre qui arrive, plus petite mais beaucoup plus virulente. Je ne serais pas surpris d’ailleurs qu’en France il y ait vraiment une grosse tempête à venir samedi, avec des vents très très forts, et qui tournent en plus. Donc le problème c’est que là j’avais déjà une grosse mer de 8-9 mètres de Nord-Ouest mais qui était assez longue et assez belle donc on pensait passer dedans, à 8-9 mètres ce n’est pas très grave, surtout s’il y a des écarts entre les vagues… Le problème c’est que je n’arrivais pas aller assez vite pour rester devant la deuxième dépression, il fallait que j’aille à plus de 30 nœuds et on n'était pas sûr de pouvoir le faire dans ces conditions de mer. Donc ça veut dire que si je me faisais rattraper par l’autre dépression, le vent tournait, changeait de direction à 180° et pouvait fortement se renforcer. C’est souvent ce qui fait les grosses tempêtes qu’on peut avoir. Ça fait du vent opposé à la mer, très fort, deux mers qui se croisent, et donc une mer très dangereuse pour les bateaux.

Là on s’oriente plutôt vers la sagesse, la grande sagesse même - même si l’impatience est là - d’attendre samedi, où nous avons une fenêtre tout à fait correcte. On peut se le permettre, parce qu’on a évidemment regardé Sodebo et les bateaux derrière, et la situation météo fait qu’ils seront derrière nous, pas très loin, mais entre lui et moi il y aura un anticyclone donc il y a aucune chance qu’il puisse me doubler en performance. Il y aura encore une bonne distance parce qu’il va vraiment avoir une météo compliquée pour monter et moi ça me permet de partir dans une mer calme pour une arrivée lundi. Donc ce matin la décision a été assez rapide à prendre. On a pas envie de tenter le diable ce soir et on va attendre.

Et ça peut tomber pas mal parce que je suis né le 26 février, j’aurai 50 ans et je crois que ça va faire 50 jours de course, donc il faut croire aux signes. Une arrivée le lundi ça ferait pile pour mes 50 ans. Je pensais gagner cette course avant d’avoir 50 ans, je pensais dire ‘quand j’avais 40 ans…’ mais à priori ça ne va pas le faire. Mais c’est une belle histoire à raconter à mes petits-enfants !

Nautisme Article
© Marin LE ROUX - polaRYSE / GITANA S.A.

J’avoue que je suis un peu perdu. Pour moi, je suis toujours en course, je regarde mon bateau, je l’ausculte de toute part, je profite de ce temps pour tout vérifier et ne rien laisser au hasard, renforcer les réparations que j’ai eues, notamment une dont on parlera à l’arrivée. Ce matin j’ai eu une petite boule au ventre parce que je voyais la fenêtre qui se fermait et je me demandais quand est-ce que j’allais repartir, mais bon on a des solutions. Ce ne sont pas des solutions géniales, on a pas de miracle, ça sera un peu musclé, mais un départ samedi me paraît très raisonnable.

C’est particulier mais bon je suis avec mon équipe il n’y a pas de monde, c’est assez sympa finalement, parce que ça fait partie de l’aventure. J’ai toujours dit que cette course ça serait une aventure. J’espérais la faire sans escale, j’avais réussi jusque-là à amener mon bateau sans arrêt, mais la météo et la prudence nous incitent à ne pas y aller et on en profite. Mais je suis super content de retrouver les gens qui me sont proches qui sont là et ils sont à 200 %, et on est dans la course !

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Nathalie Moreau
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Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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