Transat Jacques Vabre : panel de vitesses sur l'Atlantique

Par Figaronautisme.com

Alors que les Ultimes filent à hautes vitesses en direction du Cap Vert, une partie des Class40 se retrouve à nouveau engluée dans une zone sans vent 1300 milles derrière, au niveau du cap Finisterre. Une infortune pénalisante qui une fois de plus met leur patience à rude épreuve et creusera davantage l’écart. A noter que pour la première fois au classement Imoca, LinkedOut s'empare de la tête de la flotte monopolisée par Apivia depuis le départ !

Ultime : Le Cap vert dans le viseur 

Les quatre maxi trimarans encore en course poursuivent leur jeu d’empannages dans les alizés. Tous tiennent des vitesses élevées, entre 25 et 30 nœuds, et avalent les milles toujours plus vite de jour en jour. “Nous avons fait Madère - Les Canaries en moins de 24 heures et avons parcouru autant de distance en 12 heures que sur les deux premiers jours de course.” Déclare Yves Le Blevec (Actual Ultim 3) ce matin à la vacation. En effet, la flotte, toujours menée par le Maxi Edmond de Rothschild, a dépassé l’archipel espagnol cette nuit et fait maintenant route vers le Cap Vert.

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Actual Ultim 3© Ronan Gladu

Chacun réfléchit déjà au prochain obstacle, le Pot-au-noir. La zone de convergence intertropicale laisse encore apparaître de nombreuses options ouvertes et radicales et les équipages devront choisir la manière dont ils l’aborderont aujourd’hui. Le skipper d' Actual Ultim 3 explique.“Nous nous dirigeons vers un point, que nous atteindrons dans quelques heures, où il faudra faire un choix. Nous savons quand nous devrons prendre une décision, mais nous ne savons pas encore laquelle prendre. Nous attendons le dernier moment pour avoir les informations météo les plus fraîches possibles.” Le parcours de 7500 milles que les Ultimes doivent parcourir est encore long et semé d'embûches. “Il y aura de grosses options à prendre sur la route vers Trindade (point de parcours Ultime à contourner), ça ne sera pas forcément direct.

Ocean Fifty : jeu de vitesse dans les îles 

250 milles derrière, les Ocean Fifty évoluent dans les latitudes de Madère qu’ils passent de différentes manières. En effet, certains ont décidé d’opter pour une route est, tandis que (pour l’instant) quatre autres ont choisi de se faufiler entre les îles afin d’aller chercher les effets de site (accélération du vent entre deux îles). Un obstacle supplémentaire s’est cependant glissé sur leur chemin : des filets de pêche dérivants.

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Koesio© Jeremie Lecaudey

Xavier Macaire explique. “Nous avons été obligés de nous recaler avec un empannage pour éviter ces lignes de pêche. Cela nous a fait perdre un peu de temps mais ce n’est pas grave, l’essentiel c’est que nous n’ayons pas été dedans. C’était arrivé à Erwan sur le Pro Sailing Tour, et cela met plusieurs heures à s’en dégager.” Koesio, qui conserve la tête du peloton depuis le golfe de Gascogne, devrait atteindre les Canaries d’ici la fin de journée et se donne encore une ou deux heures pour décider s’ils prendront, comme à Madère, une option intérieure ou un passage à l’ouest. 

Imoca : Apivia cède sa place 

Pour la première fois depuis le top départ, le Normand laisse sa place de leader au Dunkerquois. LinkedOut mène désormais la flotte Imoca. Les premiers poursuivent leur parcours en direction de Madère dans un vent toujours instable du fait de la cellule anticyclonique. Les 60 pieds se livrent à un véritable jeu d’empannages et de placements en bordure de dorsale. Plus ils se rapprochent du centre de l’anticyclone, plus la rotation et l’angle du vent sont favorables, mais la force est moindre.

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Linkedout© Jean-Marie Liot

Aussi, les équipages choisissent de faire de l’ouest tant qu’ils estiment le vent suffisamment fort, et empanne vers le sud-sud-est pour retrouver de la pression dès que le vent devient trop faible. Sam Davies, joint à la vacation ce matin, expliquait la difficulté. “Nous essayons de filer directement et le plus vite possible dans la bonne direction, mais ce n’est pas évident car le vent varie entre 10 et 25 nœuds. Il faut être vigilant sur les choix de voile et les réglages !

 

Class40 : second obstacle sur la flotte 

Le déplacement de la dorsale sur le cap Finisterre a forcé une partie de la flotte à prendre une option différente. En effet, afin de ne pas rester bloqués dans cette zone sans vent une deuxième fois, ils sont dix à avoir rejoint la stratégie adoptée par Polka Dot. D’autres n’ont pas réussi à s'échapper vers le sud et sont contraints d’avancer, bâbord amure, vers l’ouest pour ressortir doucement de la dorsale. Ce fort ralentissement au nord de la flotte annonce d’importants écarts à venir. Les premiers 40 pieds s’échappent le long du Portugal à vive allure tandis que la queue de flotte reste engluer au cap Finisterre.

En 8 heures, il pourrait y avoir 100 milles d’écart supplémentaires. Dans un mot reçu du bord au petit matin, Jean-Jacques Le Borgne (Les Recycleurs Bretons - Navaleo) explique “la nuit fut encore éprouvante, nous avons eu du vent pendant deux heures, puis à nouveau rien. Nous avons dû changer de voile une dizaine de fois et virer de bord au gré des humeurs du peu de vent que nous avions. Vivement les alizés !” Certains les touchent déjà et filent au sud dans une bande de vent le long du Portugal. “C’était un peu chaud tout à l’heure car le vent est bien monté” racontait Emmanuel Le Roch à la vacation ce matin. L’objectif est désormais à la vitesse et à la préservation du bateau pour ne pas laisser leurs concurrents réduire l’écart puisqu’un nouveau retour par derrière est encore possible d’ici deux jours. “Nous allons empanner demain matin. Nous avons préservé le bateau cette nuit et hisser le spi de brise car nous ne voulions pas risquer de déchirer notre spi pour la suite.” Explique le skipper de Edenred. “Nous voyons que ceux derrière ont l’envie de revenir fort. Il y a des zones de transition à venir et tout n’est pas encore clair, d’ici deux jours tout peut revenir par derrière. Tant que nous pouvons engranger nous n’allons pas nous gêner !

Avaries 

Le Class40 Project Rescue Ocean fait route vers Cascais pour une escale technique. Depuis jeudi matin, 8 h 45, le bateau est en effet touché par une casse au niveau de la rotule et de la ferrure haute du safran tribord. Après avoir un temps envisagé une escale technique sur un port portugais plus nord , Axel Tréhin et Frédéric Denis ont réussi à réaliser une réparation de fortune leur permettant de bénéficier du vent fort plus longuement. Ils prévoient une réparation express à Cascais et un retour en course au plus vite.

Le maxi trimaran Sodebo Ultim 3 et son équipe technique se sont donnés rendez-vous à Funchal (Madère) pour réparer le foil tribord, endommagé lors d'une collision avec un OFNI survenue 24 heures plus tôt. Une réparation express, qui en quelques heures a permis aux deux Thomas de repartir en course ce matin à 6 heures. Même si le Maxi Sodebo Ultim 3 ne repart pas avec 100% de ses capacités, les skippers eux repartent motivés et les 6 500 milles restants laissent place à beaucoup d'opportunités.

Pour retrouver l'intégralité du classement, c'est par ici !

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Nathalie Moreau
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Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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